Profanation, nous n’oublions pas

« Tu as tué un être innocent qui n’avait jamais tué personne, tu as commis une chose affreuse » (Coran, sourate 18, verset 74).

Nous sommes Charlie et nous le resterons à jamais. Le carnage perpétré le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo nous a tous profondément choqués. Charlie, qu’on l’aime ou pas, ça n’a jamais été juste un journal. C’est l’esprit même de la liberté, l’humour qui ne s’interdit rien, l’indépendance vis à vis de tous les pouvoirs. Qu’on connaisse ou pas des gens qui y travaillent, Charlie, c’est nos potes, c’est nous. Nous sommes tous en deuil. Nous sommes tous aux côtés des proches des victimes et nous mêlons nos larmes aux leurs. Nous sommes tous soulagés de savoir qu’il y a eu quelques rares rescapés. Nous n’oublierons pas, jamais.

Oui, Charlie a publié des caricatures qui se moquent de figures religieuses ou politiques de tous bords, mais aussi des chasseurs, des agriculteurs, de la corrida. Sur ce dernier aspect, en tant qu’organisation anticorrida, nous nous sentons particulièrement concernés dans la mesure où, fait unique, le combat contre la corrida figure en toutes lettres dans la charte de l’hebdomadaire. Charlie est le seul média français grand public à proposer une colonne toutes les semaines entièrement consacrée à la cause animale depuis une trentaine d’années.

Des personnes se sont senties outragées, d’autres ont ri. Et alors ? Dans un pays de liberté, le blasphème n’existe pas. Dans un pays de liberté, on ne tue pas quelqu’un parce qu’il dit quelque chose de désagréable ou de drôle, suivant le point de vue qu’on en a. Dans un pays de liberté, on s’exprime, on débat, on rit, on pleure, on va éventuellement devant un tribunal, mais on ne fait pas taire un coup de crayon par un tir de kalachnikov.

Charb se demandait dans l’une de ses chroniques quel dieu pourrait être si faible qu’il aurait besoin de se faire aider par des hommes pour prendre sa défense et quel croyant pourrait être si prétentieux pour croire qu’il va sauver à lui seul l’honneur de son dieu.

Comment peut-on être aussi lâche que ceux qui ont fait cela et en sont fiers… Eux qui ont crié au blasphème, ils sont les seuls à avoir commis une profanation, celle contre la liberté.

Les arriérés qui ont voulu tuer Charlie ont échoué. S’ils veulent vraiment tuer Charlie, ils devront nous tuer tous. En voulant faire taire douze personnes, ils en ont soudé des dizaines de millions, y compris hors de nos frontières.

Nous sommes et nous restons tous avec Charlie.

One Reply to “Profanation, nous n’oublions pas”

  1. Valentine

    Pour que Charlie puisse continuer d’exister, la rédaction continue de se réunir tous les mercredis mais désormais dans un bunker hautement sécurisé!
    Le prix de la liberté d’expression!
    Y a de quoi réfléchir.

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