Pour mener une vie de rockeur, mieux vaut être en bonne condition physique. Selon une étude publiée mercredi soir par des chercheurs finlandais, les rockeurs s’épuisent autant que les travailleurs de force. Explications données par l’édition en ligne de 20 Minutes.
Un batteur transpire autant qu’un bûcheron
L’Institut de médecine du travail finlandais s’est livré à une série de tests médicaux pour mesurer l’impact du stress sur le corps des membres du groupe punk Apulanta, l’un des groupes les plus populaires de Finlande. Les médecins ont pris leur température et leur tension, et ausculté leur pouls pendant deux concerts, en février dernier, en les comparant à un bilan de santé ordinaire. Le résultat est que cette vie de rockeur est aussi exténuante que celle d’un travailleur de force.
«Le métier de guitariste comme celui de chanteur est physiquement aussi éprouvant que de creuser une fosse, déplacer des meubles ou une machine à la force du poignet», constatent les chercheurs finlandais. Un batteur va transpirer autant qu’un bûcheron ou qu’un maçon tandis qu’un bassiste qui s’échine sur ses cordes va se fatiguer autant qu’un boucher ou un boxeur, ajoute l’étude.
«Je confirme: quand on fait du rock ou du métal, il faut un bon entraînement physique pour tenir, explique à 20minutes.fr Mathieu, 30 ans, chanteur du groupe My Own Private Alaska qui confie être suivi par un ORL pour surveiller la santé de ses oreilles et de ses cordes vocales. Le rythme des tournées – concerts tous les soirs, manque de sommeil, heures de routes, alimentation déséquilibrée etc. – est fatiguant.»
Blessures
Selon l’étude, les concerts publics sont les moments les plus physiques dans la carrière d’un rocker car ils augmentent le rythme cardiaque et la température du corps. Lors d’un spectacle de 90 minutes, la température dépasse 38 degrés et le coeur bat entre 128 et 144 pulsations minute, notent les chercheurs. «Durant les concerts, on perd des litres d’eau, renchérit Mathieu. Parfois, la chaleur est telle que les musiciens sont au bord du malaise.»
L’autre pépin qui guette le musicien, c’est la blessure. Tendinite, nerfs endommagés (comme le chanteur et guitariste Dave Mustaine, du groupe Megadeth, en 2002), traumatisme cervical dû au headbanging (un mal qui a notamment frappé Jason Newsted, le bassiste de Metallica). Des bobos qui passent souvent inaperçus durant le concert car «la douleur est masquée par l’adrénaline», explique Damien, 30 ans, guitariste du groupe Skao. «Une fois, je me suis ouvert la jambe lors d’un concert alors que je sautais un peu partout. Je n’ai rien senti, c’est le batteur qui a vu ma chaussette en sang qui m’a prévenu», se rappelle Mathieu qui s’amuse encore de l’anecdote.
«Le lendemain matin, c’est les courbatures assurées, note Julien, 34 ans, ancien batteur dans un groupe de hardrock. Je me souviens de poignets douloureux aussi. Sans compter les accidents de travail: la phalange qui heurte le cercle de la caisse claire ou le dos qui se bloque en trimballant la grosse caisse. Et je ne parle pas de la gueule de bois.»
«Mais il faut pourtant continuer, tu ne peux pas faire d’arrêt maladie, souligne Damien. The show must go on.» «Les annulations de concert pour cause de pépin physique sont rares. Il faut apprendre à jouer malade ou blessé, sans le montrer au public, conclut Mathieu. Mais bon, ce n’est pas le goulag non plus!»
Article : Sandrine Cochard, 20 Minutes
Photos : John Bonham (Led Zeppelin) source web et Robert Trujillo (Metallica) source SIPA