Pendant notre séjour en Bretagne cette semaine, je vous propose en mot d’accueil du matin « Tjukurpa », un petit conte initiatique, que j’ai découpé en plusieurs épisodes, un par jour.
2e épisode
La Mère du Monde avait créé Tjukurpa. Par la simple force de sa pensée, elle avait ensuite créé la matière qui, sous des apparences multiples, ne formait qu’un seul tout – les étoiles, la Terre, les plantes, les animaux, les hommes. C’est pourquoi Kuniya, comme tous les Anangu restés purs après l’arrivée des colonisateurs, ne comprenait pas l’idée même de posséder ou de dominer. Elle possédait déjà tout, puisqu’elle était une partie de ce tout. Et dominer qui et pourquoi ? Est-ce qu’un doigt de pied peut dominer une oreille ? Est-ce qu’un cil possède un ongle ?
De ce fait, Kuniya ignorait l’avarice, l’envie, la jalousie, le vol, le mensonge, la méchanceté, la soumission, la torture, le meurtre, les conflits, la guerre et bien d’autres travers détestables des Pyranipa, les hommes venus d’ailleurs.
Comme tous les Anangu, elle les regardait gesticuler dans tous les sens depuis leur arrivée, comme on regarde avec indifférence une fourmilière sans chercher à comprendre l’agitation fébrile de ses occupants venus à la surface. Un jour ou l’autre, ils finiraient par disparaître à nouveau sous le sol, tellement leur temps était accéléré. En attendant, celui des Anangu s’était arrêté.
Alors, peu importait si cela devait prendre mille ans ou plus. Tjukurpa était le temps.
(à suivre…)
Illustration : Art aborigène http://www.didgeswedoo.com.au/aboriginals.html
« Tjukurpa était le temps. »
Le temps et ses mystères. Précieuse Tjukurpa… Tu ris l’aïeule. Tu as bien raison.
anti, fille de.