En rentrant dimanche soir de Barcelone, nous avons eu la chance, grâce à un bref embouteillage, de devoir nous arrêter quelques minutes, très exactement au milieu du no man’s land entre la frontière espagnole et la frontière française. Pourquoi la chance ? Parce qu’à ce moment précis, le soleil disparaissait derrière les reliefs pyrénéens sur notre gauche. Les lignes de crête ont alors adopté des nuances bleutées, comme il n’y en a qu’à cette heure-là. J’ai baissé ma vitre et pris quelques photos, dont celle-ci.
Depuis des années, les passages de frontières sont devenus tellement symboliques dans nos régions que l’on a tendance à les oublier. Pourtant, elles sont bien présentes, lignes imaginaires mais séparations réelles. Même si le paysage les ignore, ce qu’il y a avant diffère de ce qui se trouve après.
Ce matin, en prenant le train pour Paris, je repense à ce moment de stase. La route que je trace dans ma vie professionnelle va, elle aussi, traverser en milieu de journée une frontière invisible entre ce qu’elle était et ce qu’elle sera. En début d’après-midi, tout s’arrêtera, le temps de regarder le paysage, celui d’avant et celui d’après.
Combien d’autres frontières franchissons-nous, parfois sans même les voir, tout au long du temps qui s’écoule… Combien de no man’s lands, où tout peut s’inverser… Combien de fois prenons-nous le temps de nous arrêter, juste pour regarder le paysage à la fois fugitif et immuable que nous traversons, d’une rive à une autre, entre avant et après…
Très belle journée à tous
Le présent ne serait qu’un arracheur de frontières entre le passé et le futur. Notre vie n’est donc qu’une frontière, jusqu’à ce que notre mort nous fasse entrer dans notre vérité.
Bon courage pour le début de l’après-midi…
Avant/Après. Nous passons sans cesse les seuils de périodes nouvelles, autres portes, autres bouches, autres clefs de voûte.
Pensées pour toi ma Caille !
anti, au seuil de l’aut’L
C’est vrai qu’il y a des moments charnières !!! reste effectivement qu’on n’a pas forcément conscience de certains passages alors que d’autres sont pleinement marqués et marquants…
Mais la différence entre avant et après n’est pas forcément immédiatement perceptible, parfois !
Très belle photo… Ces vallonnements me font penser à des courbes statistiques superposées… Au premier plan, les « pertes d’emploi », au second les « mécontents » et au troisième les « satisfaits ».
Bien d’accord avec vos commentaires, « après » n’est jamais plus comme « avant », mais il faut un certain temps pour en prendre la mesure.
Anna, je te souhaite un « après » encore plus beau que ton « avant ».
Je repasse ici après l’avant de ce matin, un cran plus loin de « pertes d’emploi », sans aucune vue sur « mécontents » et en plein dans « satisfaits ».
C’est pas pour dire, mais quand ça va, ça va. Et là, ça va.
Anna, et bene pendantes
Ah oui, et aussi : champagne !
Anna, oui encore