Suite du récit de voyage de Terrevive, de retour de terres lointaines. Aujourd’hui, son séjour sur l’un des lieux les plus mythiques de la planète, Rapa Nui, l’île de Pâques.
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L’Ile de Pâques ou Rapa Nui
A partir du Chili, je pris le vol vers L’Île de Pâques, le 3 novembre 2013.
Cette île me fascine depuis longtemps, je dirais même depuis mon enfance, depuis le jour où je consultai un livre relié chez ma grand-mère ; j’y vis un dessin d’un homme qui marchait entre de gigantesques têtes, et souvent, quand j’allais chez elle, je regardais l’image et lisais ce qu’il y avait à côté pour essayer de comprendre. Mais cette région du monde restait un mystère pour moi.
Plus tard je me rendis avec mes parents à une soirée de « Connaissance du monde » pour écouter la conférence de Francis Mazière « Fantastique Île de Pâques » et je restai avec plein d’interrogations.
Et c’est ainsi que j’allais atterrir en plein milieu du Pacifique, dans cette île qui se trouve à 3700 kilomètres des côtes chiliennes !
Tito, le guide, dit que son physique est polynésien et qu’il parle le rapa-nui, langue de l’île, qu’il est également un maori en montrant ses impressionnants tatouages. Ses cheveux sont très longs et il peut les ramener en un nœud sur le somment de la tête.
Comme cet habitant de l’île.
Du côté féminin, voici une native très souriante :
Et en sculpture, la représentation d’un personnage appartenant à un clan :
Ce qu’il faut savoir, c’est que l’Île de Pâques qui fut découverte par le navigateur hollandais Jakob Roggeveen, la veille du jour de Pâques 1722, s’appelle aussi Rapa Nui (Grande île). Avant elle s’appelait Te Pito o Te Henua (le nombril du monde) et encore d’une autre façon Mata Kiti te Rangui (les yeux qui parlent au ciel).
Cette terre a quelque chose d’insolite par sa forme triangulaire, son aspect sauvage et dénudé, ses couleurs : celles des pierres volcaniques rouges et noires, ses herbes assez rases, son ciel changeant de façon constante.
Le contact avec le sol semble être différent, tout est énigmatique, porteur de sens ; un sentiment grave et profond m’habite. Je suis devant quelque chose qui parle par la démesure et cette démesure-même m’est un mystère que je vais côtoyer, pénétrer peu à peu. Je suis consciente qu’il faut de la patience et une forme de respect pour percevoir les bribes d’un message remontant du fond des temps.
Le premier endroit que je visitai fut le lieu sacré et cérémoniel des sept explorateurs ou messagers. Les colossales statues sont placées sur un « ahu » (plateforme) qui a une présentation de navire. Elles sont les seules à regarder vers la Polynésie (lieu d’où les premiers habitants sont venus). Plus précisément, elles sont dirigées vers une île « Hiva » qui allait s’effondrer. Tous les autres moai regardent vers l’intérieur de l’île en signe de protection.
Les effigies étaient acheminées depuis la carrière, puis levées. A ce moment-là quelqu’un montait, creusait les cavités des yeux et plaçait les yeux de corail et d’obsidienne et le moai prenait alors vie, représentait un ancêtre vivant dont les restes étaient placés dans la plateforme. A ce moment-là, le « mana » (force, pouvoir) pouvait être senti.
Tous ces personnages de tuf ont un nom qui les identifie. Chacun ayant sa représentation spécifique, son caractère, sa personnalité. (Pour les Pascuans, ils sont vivants, sacrés, et on ne peut les toucher.)
Voici la carrière des moai qui montre le travail depuis l’excavation dans la roche ; les habitants faisaient ensuite glisser les blocs le long de la pente.
Un mouvement de terrain a fait que de nombreux moai ont été ensevelis jusqu’au cou ; les archéologues sont en train d’en dégager certains.
Les chignons sur la tête de ces ancêtres de pierre s’appellent « pukao » et proviennent d’une carrière de scorie rouge.
Un œil fut retrouvé ; il est visible au musée de l’île :
En observant les moai, on peut remarquer que le dos de certains est sculpté : on y voit les symboles du soleil, de la lune, du tonnerre ou de la pluie ainsi que de l’homme-oiseau.
Sur la partie antérieure, les mains ont de longs doigts effilés qui pointent vers le nombril. Là serait entreposé « le mana ». Les ventres sont également proéminents. La plupart des géants sont masculins.
Un seul moai est à genoux mais l’histoire serait trop longue à raconter ; il est très émouvant.
Les statues d’Anakena se trouvent dans une baie de sable blanc, tout-à-fait surprenante ; en fait c’est une baie royale entourée de cocotiers. ( Elle est royale dans les deux sens du terme : par sa lumière et par l’histoire du roi qui y accosta.)
Un autre alignement de colosses est particulièrement saisissant par la puissance qui s’en dégage ; c’est celui du Ahu Tangariki, le plus grand de l’île ; en voici une partie :
et tout l’ensemble du complexe :
Pour contraster, celui près du port avec sa grotte à deux pas, a lui, une énergie plus douce et même féminine dans son contexte.
La magie de ces images et de ce texte… Merci Terrevive de nous offrir tout cela en avant-première sur notre blog !
Merci à toi pour cette mise en page avec tant d’éléments.
Oui, Pâques en novembre et le ciel en avait souvent la couleur ! :+)
Suite et fin de ce merveilleux récit dès demain en milieu de matinée !
Quelle beauté et quel récit passionnant ! On doit se sentir petit devant ces colosses de pierre !
Avant elle s’appelait Te Pito o Te Henua (le nombril du monde)
Comme Santiago Atitlan, au Guatemala.
on peut remarquer que le dos de certains est sculpté : on y voit les symboles du soleil, de la lune, du tonnerre ou de la pluie ainsi que de l’homme-oiseau.
C’est vrai que cela fait penser à des cartes du ciel.
Merci Terrevive, je file lire la suite !
Oui, il y plusieurs nombrils dans le monde comme Cuzco, l’omphalos près de Delphes etc…
C’est magique! Merci…