Hier, nous avons fait une nouvelle balade au Salin-de-Giraud. La dernière fois, nous ne savions rien ou presque du passé de cette commune, à part qu’on y exploitait des marais salants.
En voyant les alignements de maisons de briques à l’aspect étonnant pour la région, Anti avait tout de suite reconnu le style architectural des corons. Nous n’avions découvert que plus tard l’explication, en apprenant l’histoire unique et dramatique de ces lieux. Il s’agissait bien de corons, venus du Nord avec l’implantation d’un groupe industriel belge pour exploiter le sel de mer. Le site de production fonctionne toujours, il vend désormais son sel pour le déneigement des routes.
Dans les longues rues droites quasi désertes de la petite ville, on aurait cru voir les fantômes des salins errer le long des façades alignées. Les rares habitants qui profitaient du soleil semblaient insouciants – joueurs de pétanque, jeunes désœuvrés, familles en promenade. Tous semblaient être à la fois là et ailleurs.
Les anciennes maisons des patrons à l’apparence surannée, beaucoup plus grandes que les autres, ont été restaurées et parfois découpées en appartements. Leur toit pentu est fait pour une neige qui ne tombe jamais ici. Nous avons pris un verre au bar des Sports, au bout de l’allée des Platanes. La bâtisse semblait sortir d’un film des années 50 avec sa façade fatiguée et sa salle immense.
Nous avons remarqué qu’il y avait un nombre étonnant de restaurants et, en roulant un peu, que la ville était bien plus grande qu’elle ne semblait. Au détour d’une ruelle, nous avons vu une église catholique originale et belle, et un peu plus loin, une église orthodoxe qui l’était encore plus.
Nous avons ensuite poussé jusqu’à la mer, sur le bout de plage où se trouve un village qui n’existe sur aucune carte. Il n’a ni rue, ni centre, il est entièrement fait de camping-cars et de caravanes en vrac le long de la mer à longueur de l’année.
Le vent soufflait fort. Dans la lumière éblouissante du soleil, la surface des étangs semblait être du métal en fusion. Des flamants s’y découpaient à contre-jour, indifférents à notre présence. Nous avons repris le chemin du retour et ce n’est qu’une fois sur l’autoroute qui relie Arles à Nîmes que j’ai eu la sensation de retrouver le monde que nous connaissons, laissant derrière nous une bulle hors du temps.
Très belle journée à vous
J’ai eu cette sensation de ville fantôme d’un autre temps, un temps où les ouvriers avaient du travail . Je pense à Thiers dans le Puy de Dôme. Tu parlais couteau dans une note précédente Anti, eh bien ce savoir-faire est probablement perdu dans ce coin perdu. Même sensation à Saint-Claude dans le Jura et j’imagine dans beaucoup de lieux. On pourrait aussi citer Romans et tant d’autres.
L’église est étonnante et sur la plage, je crois voir une magnifique roulotte.
Une très belle balade salutaire : enfin une journée de repos !!! J’ai beaucoup apprécié me promener dans cette cité ouvrière qui me rappelait toutes les autres que j’ai visitées ailleurs, dans le Nord ou dans l’Est de la France, mais située au cœur du parc naturel régional de Camargue.