Hier après-midi, après un réveil beaucoup trop matinal, trois heures de train et six de réunion particulièrement dense, je reviens enfin gare de Lyon. J’ai une heure d’attente avant mon train du retour.
Je décide de m’offrir un petit plaisir. Je monte m’installer au bar du Train Bleu, atmosphère feutrée chic, pour déguster tranquillement un jus de tomate épicé en surfant sur le blog grâce à l’accès wi-fi gratuit de la brasserie.
Une dame à l’air particulièrement revêche, totalement insensible à l’ambiance cosy et au décor rococo sublime, s’installe à la table d’à côté. Elle n’est pas assise depuis deux minutes qu’elle se met à parler très fort au passage d’un garçon:
– Est-ce que je peux enfin être servie?!
– Mais bien sûr, madame, que désirez-vous? (très calme, le garçon)
– Un chocolat chaud. Un vrai, hein !
– Nous n’en avons qu’un, madame. Je vous l’amène.
Il revient avec un petit plateau sur lequel se trouvent un pichet de chocolat fondu, un pichet de lait et une grande tasse. Aucun doute, pour être un vrai, c’est un vrai.
La dame prépare son mélange, trempe ses lèvres et repose sa tasse d’un air excédé. Elle rouspète, agite les bras pour attirer l’attention des serveurs, en vain. En marmonnant, elle se lève et va au bar.
– Il est froid, ce chocolat ! C’est quand même incroyable !
Le garçon revient avec elle à sa place, touche la tasse qui, effectivement, n’est pas chaude. Surpris, il reprend tout, part en cuisine. Pendant ce temps, la dame rouspète dans sa barbe en espérant que le monde entier va venir compatir à ses malheurs (mais personne ne tourne même la tête vers elle).
Le garçon revient avec un nouveau petit plateau, les deux pichets et la tasse. Cette fois, c’est bien chaud.
La dame recommence son mélange, trempe ses lèvres et fait la grimace.
– Mais enfin, ce n’est pas possible ! Garçon ! Oh mais alors ! Garçooon !!! Votre lait est tourné ! Il est tourné ! C’est un scandale !
Le garçon revient, toujours d’un calme parfait, sent le petit pichet de lait, rembarque le tout à nouveau pendant que la dame crie bien fort:
– Du lait tourné ! C’est vraiment indigne de votre établissement ! Vous vous rendez compte ? Oh mais quelle honte !
Pour la troisième fois, le garçon, toujours aussi calme en apparence (mais ça doit bouillir en dedans) revient avec le plateau, les deux pichets et la tasse. Cette fois, il reste devant la dame, les bras croisés, en attendant qu’elle prépare son mélange et goûte, pour être bien sûr que tout va bien.
Miracle, tout va bien ! Ce qui n’empêche pas la dame de râler pour les deux fois où ça n’allait pas, mais quand même. Elle n’arrêtera que quand le garçon viendra la débarrasser en lui proposant de choisir une boisson de son choix gratuitement, en dédommagement.
Là, elle reste sans voix. On sent qu’elle se dit « mais pourquoi il est gentil avec moi? c’est pas normal!!! » et que ça la laisse totalement interloquée, voire limite paniquée.
Bon. Je me lève pour aller prendre mon train et je souris d’une oreille à l’autre en revoyant toute la scène : cette dame qui s’installe là, déjà odieuse avant qu’il ne lui arrive quoi que ce soit de désagréable, dans un endroit hyper classe d’une brasserie de luxe ultra-réputée où tout se passe toujours parfaitement bien pour les clients. Toujours. Sauf pour elle.
Comme si sa mauvaise humeur avait le pouvoir de tout faire partir en vrille. Et de lui revenir en pleine poire.
La dame est soupe au lait, son lait est maudit.
Elle arrive glaciale, son lait est froid.
Elle devient acide, son lait aussi.
Ah, le karma, c’est taquin, des fois…
Très belle journée à tous !
T’es mignonne tout plein !
Je sens que y’en a qui ont aimer ce petit clin d’oeil;-)
anti
Vieille peau…………. ce lait.
C’est presque une nouvelle ça, génial !
Cette vioque me rappelle certaines personnes plus jeunes mais tout aussi amères… 😉
Bloody, bien fait !
Tiens, c’est amusant que tu l’appelles « la vioque », je n’ai pas dit si elle était jeune ou vieille 🙂
Mais oui, tu as bien vu, elle avait déjà un certain âge, comme on dit.
C’est le deuxieme effet bloody ça… Madame Sonia voyante extra-translucide, mdr !
Bloody, de 9h à 18h 15 euros/minute sauf en cas de désenvoutement forfait à 100 euros. CB acceptée.
Dans les feuilles de tea my dear ! of course !
Bloody, in the cup
J’adore cette histoire, je m’en pourlèche les babines.
Non pas des malheurs de cette dame car je crois que ce genre de choses est arrivé à tout le monde dans des cas et des humeurs particulières et dans ce cas on a toujours de bonnes raisons de penser que si tout va mal c’est à cause des autres….mais dans la dernière phrase :
– pourquoi il est gentil avec moi?
La prise de conscience….
J’adore, j’vous dis j’adore….
Hé hé, je me doutais bien qu’elle allait beaucoup te plaire, cette petite anecdote 🙂
Tu me connais bien…. bonne journée
Allez, je tente une hypothèse:
« Quand même, cette dame, elle était déjà sans doute un petit peu aux aguets d’elle même…son être intérieur l’aurait-elle poussé à être un peu « trop » ce jour-là? et à choisir avec un art du discernement consommé l’interlocuteur le plus apte à réagir? peut-être que son aigreur était juste l’ombre de sa générosité blessée et peut-être aussi que ce qu’on nomme conscience est une interface, entre comme la peau de nos rêves sur l’écran de notre soi-disant « moi »?…
je ne crois qu’au karma rédempteur… mais bon.. suis tellement subjective….
Euh… franchement…elle avait l’air d’une sacree chieuse. Maisbon, va t’en savoir…
🙂
« Anna von Freud Galore »
Meine Kailleuh !!! Oh. Ach ! Ich bin soooooooooooooo contente !!!
anti, kind of freud.
je ne comprends même pas que l on puisse gâcher un aussi bel instant que ce moment dans le Train Bleu ^^