Cela fait plusieurs jours que le nord-est de la Chine, y compris Pékin, est recouvert d’un brouillard épais qui n’a rien d’un phénomène atmosphérique. Il s’agit de pollution créée par de fines particules, à des taux effarants.
L’organisation mondiale de la santé estime qu’il y a un risque sanitaire sérieux quand de telles particules dépassent la concentration de 30 microgrammes par mètre cube. A Pékin, le taux enregistré ces jours-ci a atteint des pointes à 993 microgrammes, c’est-à-dire plus de 30 fois la dose toxique. Et ce n’est pas qu’un accident : la concentration moyenne depuis des jours est de l’ordre de 500 microgrammes.
Pékin pendant le pic de pollution du 14 janvier 2013 (A. F. Yuan)
Le professeur Zhu Tong, de la faculté des sciences et d’ingénierie de l’environnement de l’Université de Pékin, a déclaré : «Ces chiffres indiquent une pollution extrêmement grave. Les polluants se sont accumulés progressivement au cours des derniers jours sans vent, aggravant la pollution de l’air». Le vent pourrait enfin se mettre à souffler demain, avec un espoir que les particules soient dispersées.
En attendant, des mesures d’urgence ont été mises en place. Les habitants portent des masques, les activités sportives sont interdites, une vingtaine d’autoroutes ont été fermées à la circulation faute de visibilité, un certain nombre de vols ont été annulés, des dizaines de chantiers dans la capitale sont suspendus, plus de 50 entreprises ont arrêté leurs activités (dont une usine du fabricant automobile Hyundai) pour ne pas ajouter de la pollution supplémentaire.
Le vrai problème est la source des particules. Elles proviennent de régions voisines et sont dues à l’exploitation du charbon, principale source d’énergie en Chine, spécialement en hiver. Or, les exploitants n’envisagent absolument pas de limiter leurs émissions. La solution consisterait à les équiper de filtres à particules. Mais cela aurait un coût que ni eux ni le gouvernement n’ont l’intention de prendre en charge. Le résultat, c’est que ce sont tous les Chinois qui en paient les conséquences.
Ce type de pollution n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est que la Chine a mis en place dans les principales villes du pays des dispositifs de mesure de la concentration de ce type de particules depuis seulement un an.