UE: les Roms dénoncent leur fichage et exigent la fin des discriminations
BRUXELLES (AFP) – Les Roms sont meurtris et furieux de l’aval donné par l’Union européenne au « fichage » des membres de leur communauté en Italie et l’ont clairement signifié lundi lors d’une grande conférence organisée par la Commission européenne à Bruxelles.
Le financier George Soros s’est fait leur hérault au cours de cette conférence. « Je suis sérieusement préoccupé par le fichage des Roms en Italie. Je crains que cela ne devienne une norme de facto dans l’Union européenne », a-t-il dénoncé. Il a été fait « citoyen Rom » par un représentant de la communauté.
« Le fichage ethnique devrait être illégal et j’espère que la Cour européenne de Justice établira ce fait », a-t-il lancé.
May Bittel, membre fondateur du forum des Roms et des gens du voyage au Conseil de l’Europe, enfonce le clou. « Si on avalise la manière de faire en Italie, c’est toute l’Europe qui va suivre », a-t-il soutenu.
L’intervention de M. Soros a suivi une brève allocution du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui a donné l’occasion aux représentants des Roms de lui signifier leur mécontentement après le feu vert donné par l’exécutif européen au recensement des membres de leur communauté en Italie.
Beaucoup avaient endossé un T-shirt proclamant « Non au fichage ethnique » pour l’interpeller.
M. Barroso, embarrassé, a cherché à minimiser la décision de la Commission. « Vous dénoncez la discrimination ethnique. La Commission est tout à fait sur cette ligne », a-t-il assuré.
Ses services viennent pourtant de donner leur bénédiction au recensement controversé des Roms en Italie, après que le projet final de Rome eut été un peu amendé, un recensement sur base ethnique ou religieuse étant exclu selon Bruxelles.
« La situation dramatique des Roms ne peut être réglée depuis Bruxelles », a toutefois averti M. Barroso. « Les instruments pour créer ce changement sont dans les mains des Etats membres. Les politiques pour l’intégration des Roms sont de la compétence des Etats membres », a-t-il insisté.
La présidence française de l’Union européenne, représentée par la ministre du Logement et de la Ville Christine Boutin, s’est engagée à soumettre des propositions d’actions concrètes en faveur des Roms lors d’un sommet européen en décembre.
« Nous devons faire la preuve que les valeurs que nous défendons à l’extérieur sont vivantes chez nous et que nous sommes exemplaires en la matière », a affirmé le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner dans une déclaration lue en son nom.
« J’espère que le sommet européen de décembre verra se concrétiser l’illégalité du fichage ethnique en Europe », lui a répondu depuis la tribune Soraya Post, présidente du réseau international des femmes Roms.
Plus virulent, Valeriu Nicolae, représentant de l’organisation European Roma Grassroots, s’est demandé à quoi servait cette conférence.
« Nous subissons aujourd’hui un gentil bla bla sur l’intégration, alors que cela fait 800 ans qu’on essaie de nous expulser d’Europe, et personne aujourd’hui ne nous a dit ce qui va être fait pour nous débarrasser des comportements anti-Roms », a-t-il lancé, ovationné par l’assistance.
Représentante de la communauté Rom élue au Parlement européen, Livia Jaroka a rappelé que « les Roms font partie de la société européenne ».
Les Roms, peuple sans Etat, seraient quelque 10 millions en Europe et constituent la plus grande minorité ethnique de l’UE.
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