J’ai commencé avant-hier un très beau livre d’Henri Gougaud qu’Anti vient de terminer et qu’elle a adoré. Elle va vous en parler d’ici peu. Cela s’appelle Les sept plumes de l’aigle et raconte l’histoire de Luis, un jeune garçon qui devient chaman en Colombie. Luis est graduellement initié par El Chura, un Indien qui garde les ruines de Tiahuanaco.
Un jour, El Chura lui dit : « Viracocha a créé la vie. Nous sommes ses enfants. Nous devons poursuivre son œuvre. Nous devons créer, inventer sans cesse, comme il l’a fait. C’est la meilleure façon de le servir. L’important, ce n’est pas Viracocha, c’est ta capacité de capter sa puissance, qui seule permet de transformer les choses. Non pas pour te servir d’elles, mais pour les épanouir, pour les faire entrer dans la dignité de la vie, dans la jouissance de la vie et pour y entrer avec elles. »
Et un peu plus loin, toujours en parlant de Viracocha, il ajoute :
« Tu sais ce qu’il a fait pour moi ?
– Non, Chura, dites.
– Il m’a donné un plumage de renard. Touche.
Il m’a tendu sa nuque, pour que je palpe son plumage de renard. Je suis resté la bouche ouverte, à ne savoir que faire. J’ai avancé la main et j’ai dit, bêtement :
– Mais, Chura, les renards n’ont pas de plumes.
Le coup d’œil qu’il m’a jeté m’a cloué contre le roc où nous nous étions assis. Il m’a dit :
– Qui es-tu, toi, pour décider de ce qui est ou de ce qui n’est pas ? Si tu avais été moins idiot, si tu avais eu ne serait-ce qu’une étincelle de sorcellerie, tu sais ce que tu aurais dit ? Tu aurais dit : et si c’était vrai ? Et tu aurais senti ta poitrine s’ouvrir, ton ventre rire, ton corps chanter jusqu’au bout des ongles. »
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que je trouve ce passage magnifique. Tout peut arriver. Tout est possible. Tout est en nous.
« Respire bien. Et si c’était vrai ? Goûte ces mots. »
Très belle journée à vous
Illustration : le renard vient de Wikipedia, les ailes sont tirées d’une de mes photos de mouette prise en Espagne
« Parce que je trouve ce passage magnifique. Tout peut arriver. Tout est possible. Tout est en nous. »
Quand on sait que et Gougaud et Luis sont des admirateurs de Rumi, on ne peut que penser à ces mots du poète soufi :
« Tout est un, la vague et la perle, la mer et la pierre,
Rien de ce qui existe en ce monde n’est en dehors de toi
Cherche bien en toi-même
Ce que tu veux être puisque tu es tout
L’histoire entière du monde sommeille en chacun de nous. »
( Pour voir tous les articles consacrés à Djalal al-dîn Rûmi sur le blog, c’est par là : http://www.annagaloreleblog.com/tag/rumi )
Oui, ce livre est une petite merveille, bourré de passages aussi magnifiques que celui-là. Je vous en parle tout à l’heure dans la note de 11 h 😉
Magnifique! Il se trouve que « les sept plumes de l’aigle » est le livre fétiche de Mélanie, anti n’en sera pas étonnée ;-). Il fait partie de ces livres à lire et à relire, comme le petit prince et bien d’autres encore. Des lectures qui ouvrent le coeur à tous les instants de la vie.
11h02, je vais donc lire la note d’Anti de ce pas.
…et moi itou, même si je l’ai déjà lue hier soir quand elle venait de la terminer 😉
Et au sujet de Rumi, oui, son nom est cité dès la première page du récit ce qui m’a fait très plaisir pour ce que cela montre de communion de vues et d’harmonie entre ces différentes cultures qui ont, de fait, la même vision du monde. Ce que les Incas nomment Pachamama, les Grecs, Gaïa… et les écologistes comme les chamans, la Terre-Mère, « à la base de tout : êtres vivants, végétaux, minéraux »
(texte entre guillemets tiré de l’article sur Pachamama dans Wiki)
La note d’Anti sur « Les sept plumes de l’aigle » sera en ligne à 11h30 😉
« Magnifique! Il se trouve que « les sept plumes de l’aigle » est le livre fétiche de Mélanie, anti n’en sera pas étonnée 😉 »
Même mon rendez-vous en Suisse était dans la même rue que celle où habite Mélanie alors… Décidément, elle et moi sommes bien reliées !