Hier, Anti est partie vers 16h avec Gwlad, cette dernière participant à un concours de hip-hop près d’Avignon. Elles ne sont rentrées que vers 2 heures du matin. J’ai préféré pour cette fois rester à la maison avec Anghbor. Il faut dire que nous avons fait un petit jogging vers midi au bois des Espeisses et ça faisait une éternité que nous n’avions pas couru. Bref, je sentais un petit peu trop toutes mes articulations avec une précision acérée pour avoir envie de ressortir.
J’ai regardé le film d’Antoine de Caunes sur Yann Piat, remarquable, superbement joué. J’avais un souvenir assez précis de son assassinat mais le film m’a fait découvrir bien des aspects que j’ignorais de la vie de cette députée anti-corruption passée du FN à l’UDF avant de se faire descendre par la mafia, vraisemblablement sous l’impulsion de certains politiciens UDF véreux qui contrôlaient la région.
Puis j’ai lancé deux pizzas, une pour Anghbor et une pour moi. Il a pris la sienne et a filé dans sa chambre pour la manger devant son PC. Quant à moi, j’ai eu envie de revoir Docteur Folamour sur Canal à la demande. Pas de bol, la connexion internet a eu des problèmes et j’ai dû changer de programme après une dizaine de minutes à peine.
Sur Arte, il y avait un très chouette documentaire sur Leptis Magna, ville portuaire romaine située en Lybie, à l’est de Tripoli. Justement, dans la presse, tout le monde parlait de la révélation de Médiapart sur l’aide que Khadafi avait promis à Sarkozy pour les présidentielles – 50 millions d’euros qui n’auraient certainement pas figuré sur les comptes officiels de campagne, ces derniers étant officiellement plafonnés à environ 20 millions.
Ajouter cela au film sur Yann Piat ne faisait que multiplier la sensation d’évènements qui s’enchaînent en une boucle improbable : compromissions entre le FN et la droite classique dans les années 90 – politiciens corrompus – mafia – pizza – Rome – Lybie – Kadhafi – argent sale pour l’UMP ces dernières années (Karachi, Béttencourt, Kadhafi) – tentative de siphonner les voix du FN… la boucle est bouclée. Comme dirait Marx « l’histoire ne se répète pas, elle bégaie ». Je mettrai une accumulation pareille de coïncidences dans un de mes romans, on trouvera cela vraiment lourdaud. Mais là, non, c’est juste la vraie vie.
En seconde partie de soirée, toujours sur Arte, il y avait un documentaire sur la génération geek. Anghbor avait envie de le voir mais ne pouvait pas, il participait à un jeu en réseau sur le net. Cette fois, la boucle était toute simple : quand on est un vrai geek, on n’a pas le temps de regarder un doc sur les geeks. Je l’ai vu sans lui, c’était passionnant.
Très belle journée à vous
Photo : LP / C. Amar
A propos :
Sarkozy-Kadhafi : nos infos, leur intox Dimanche 29 avril 2012 | Par Edwy Plenel
« Diversion » (Nathalie Kosciusko-Morizet), « officine » (François Fillon), « infamie » (Nicolas Sarkozy) :
le sarkozysme n’aime décidément pas l’indépendance des médias et le démontre encore une fois par ses réactions à nos nouvelles révélations sur ses secrets libyens.
Comme en 2010 dans l’affaire Bettencourt, le pouvoir en place préfère insulter les journalistes dont les informations le dérangent plutôt que de répondre aux questions légitimes qu’elles posent. Mediapart ne retire rien de ses révélations, aussi légitimes que fiables. Mise au point en forme de rappel des principes démocratiques.
La liberté de l’information fait partie des droits fondamentaux. Ce n’est pas un privilège des journalistes, mais un droit des citoyens : le droit de savoir tout ce qui est d’intérêt public afin de pouvoir se forger son opinion en toute liberté.
Depuis la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et son article 19, ce droit fondamental inclut celui « de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations par quelque moyen d’expression que ce soit ».
De plus, il suppose le pluralisme des médias, principe dont la valeur constitutionnelle est reconnue, ainsi que l’indépendance des journalistes, garantie par leur statut professionnel.
Les gouvernants des pays démocratiques sont supposés respecter ces principes dont, dans l’idéal, ils devraient être les premiers gardiens et les fidèles serviteurs. S’ils les bafouent, ce ne sont pas les journalistes qu’ils humilient mais la démocratie elle-même qu’ils méprisent. Ce simple rappel suffit à souligner l’absence de culture démocratique dont témoignent les réactions du pouvoir exécutif à nos nouvelles informations sur les secrets libyens de cette présidence finissante. Car accepter la liberté de la presse, c’est répondre aux questions des journalistes, et non pas insulter, discréditer et calomnier les journaux qui les posent.
Est-il besoin de rappeler à MM. Fillon et Sarkozy que Mediapart n’est pas une « officine » mais un journal, reconnu par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) ?
Qu’il est animé par des journalistes professionnels, bénéficiant de la carte d’identité attribuée par la profession (CCIJP) ?
Que son activité, son bilan et son actionnariat sont publics, détaillés, une fois l’an, par la publication détaillée de ses comptes ?
Que des journalistes en sont les principaux actionnaires, l’ayant financé sur leurs économies avec la seule aide de citoyens attachés à la liberté de la presse, et que son équipe de salariés en défend farouchement l’indépendance ?
Que les abonnements de ses lecteurs sont sa seule recette et la garantie de sa liberté, Mediapart n’ayant aucun autre revenu, ni publicité ni subvention ?
S’il fallait une énième illustration de l’urgence d’une refondation démocratique de notre vie publique, elle est amplement fournie par ce nouvel épisode des relations tumultueuses de Mediapart, journal indépendant et participatif, avec une présidence de la République qui n’imagine le journalisme que dépendant et enrégimenté. Ce qu’elle ne supporte pas, ce ne sont pas seulement nos informations mais le fait de n’avoir aucune prise pour les entraver ou les étouffer, aucun relais complice, aucun moyen de pression. D’où ces campagnes délirantes, diffamatoires et calomnieuses, qui font semblant d’oublier ce que nous sommes alors même qu’ils sauront sans aucun doute s’en souvenir, demain, si d’aventure ils sont dans l’opposition : un journal libre, rigoureux et professionnel, totalement indépendant des pouvoirs, quels qu’ils soient, au service du seul public et de son légitime droit de savoir.
S’attaquer à l’honnêteté d’Edwy Plenel est vraiment d’une grande stupidité, tant ce journaliste a toujours montré une intégrité absolument parfaite tout au long de sa carrière, y compris quand il a révélé des scandales touchant des gens de gauche.
Encore un signal, parmi des dizaines d’autres ces derniers jours, de la panique qui submerge Sarko et son équipe (je n’écris pas « ses amis » car il me semble évident qu’ils seront les premiers à le descendre en flammes et à l’accuser de tous les maux lorsqu’il aura perdu les élections).