Passionnante interview ce matin sur France-Info de Muhammad Yunus, pionnier du micro-crédit et prix Nobel de la Paix. A l’occasion de son passage à Paris où il est arrivé il y a une quinzaine de jours, il a vanté les mérites du social business, que l’on peut traduire en français par entrepreneuriat social. Par ce biais, les grandes entreprises peuvent contribuer au bien-être de populations défavorisées aux côtés des initiatives individuelles bien plus modestes.
Muhammad Yunus a expliqué que le « social business » visait à trouver des solutions à des grands problèmes de santé publique ou d’environnement mais sans l’objectif de faire du profit. Deux entreprises françaises de premier plan se sont impliquées au Bangladesh : Veolia, qui y produit à très bas prix une eau potable de première qualité et Danone, qui diffuse à prix coûtant des yaourts enrichis en nutriments essentiels aux enfants.
Dans les deux cas, des coentreprises ont été créées avec la Grameen Bank.
Grameen Veolia Water (détenue à 75% par Veolia) fournit de l’eau potable par traitement de l’eau de rivière dans le village de Goalmari, une région où l’eau des puits est contaminée par l’arsenic.
« Beaucoup de systèmes d’accès à l’eau se sont effondrés par l’arrêt d’aides extérieures. L’idée est donc d’un équilibre économique, sans subvention, mais en contrepartie de ne pas attendre de profit à court terme », a précisé Antoine Frérot, PDG de Veolia. « Pas de pertes, mais pas de dividendes », a-t-il résumé.
C’est Muhamad Yunus qui a fixé le prix maximal de l’eau afin qu’elle soit accessible aux habitants. Sur cette base, Veolia vise à compenser ses investissements et à être à l’équilibre d’ici 2014-2015.
Il en est de même pour Grameen Danone, dont la création a été décidée par Frank Riboud, le PDG de Danone, à la suite d’une rencontre faite avec Muhamad Yunus. Le but a été de répondre aux problèmes majeurs de malnutrition des enfants du Bangladesh. Les yaourts produits contiennent des éléments nutritifs qui compensent la plupart des déficiences alimentaires et favorisent ainsi un développement physique normal des enfants. Là encore, les yaourts sont vendus à très bas prix et ne rapportent aucun bénéfice à Danone.
D’autres projets montés par Muhamad Yunus ont concerné des entreprises allemandes (BASF, Adidas), japonaises (Uniqlo) ou américaines (Intel).
Chapeau à ce grand Monsieur.
C’est un bon début. Il ne reste plus qu’à espérer que les autres compagnies y mettent du sien.