Il y a quelques jours, sur la note William Blake, the Mad Man, Fernand Pena déposait ce commentaire :
« Je viens de terminer avec l’aide à l’autoproduction de la Sacem un coffret musical : « Ode to William Blake » 16 chansons – avec des poèmes de Blake + un livret de 52 pages (la vie de Blake, sa position à l’époque de la révolution française, les textes et traductions ) toutes les musiques et infos sur : http://www.lezarts.info/ . Qu’en pensez-vous ? »
Ce à quoi j’avais répondu après avoir suivi le lien et écouté les morceaux en ligne : « J’en pense que je vais faire un article dessus d’ici peu et le commander de suite 😉 »
Ce qui fût chose faite pour la commande et voilà qui va l’être pour l’article, parce que je suis vraiment fan là. Enchantée même devant tant de talent et de créativité et de générosité et… mais lisez plutôt la suite.
Alors, « Ode to William Blake » c’est d’abord un véritable projet artistique complet en plus d’une libre création musicale sur le poète, graveur, philosophe et visionnaire William Blake (1757-1827). Il vise à faire connaître l’œuvre de Blake, sa personnalité, ses engagements artistiques, philosophiques et humanistes novateurs à cette époque et courageux dans le royaume de Georges III et il vise aussi à se questionner : sont-ils toujours d’actualité ?
« Ode to William Blake », c’est donc un coffret composé d’un CD de 16 titres et d’un livret de 52 pages car Blake associait lui aussi l’image au texte, le tout présenté en format DVD. Je dirai même que c’est un objet d’art en soi tellement c’est beau en plus d’être une véritable nourriture spirituelle.
Certes, mais c’est aussi de la musique et laquelle ! Fernand Pena est un pro, et ça s’entend ! 40 ans de musique derrière lui, forcément, ça laisse des traces et ce n’est pas tout, car Fernand Pena c’est aussi une de ces voix !!! Mmmm…
Pour ma part, aux deux premières écoutes, j’ai pensé à Oscar Benton et son Bensonhurts Blues, à des riffs à la Santana, parfois à Sting plus qu’à Police, à Léonard Cohen aussi souvent et, bien sûr, à Tom Waits. Eh oui, je vous l’disais, c’est du lourd. Enfin, dans un tout autre genre, j’ai pensé à Erik Fabre Maigné, cet autre artiste du rock dont Anna nous a souvent parlé sur le blog.
Certes, c’est bien beau tout ça mais ça doit encore valoir une fortune ?
Même pas…
C’est merveilleux ! Non seulement c’est beau, c’est magnifique, ce n’est pas cher (vendu 15 €, frais de port compris) mais en plus c’est un projet généreux que porte l’association LEZARTS.
La « part de Blake » (Source Lezarts)
William Blake est mort depuis presque deux siècles ce qui fait que ses écrits sont dans le domaine public. Souhaitant qu’on ait libre accès à ses œuvres, sans censure, il grava et imprima lui-même ses créations. Blake souhaitait « apporter l’art dans les maisons des gens ordinaires », ce que lui permettait les possibilités de tirages multiples du nouveau système de gravure qu’il avait inventé (guidé par l’esprit de son frère Robert) : l’allègement de gravure.
Si une personne veut utiliser une œuvre artistique devenue « Domaine Publique » elle est libre dans sa création, mais ne sera « propriétaire » que de
ce qu’elle a réellement fait et créé. Si son rôle n’est que d’actionner un appareil restituant le plus fidèlement possible ce que l’on voit, elle peut vendre librement le résultat de son travail. Mais pourquoi imposer un copyright si elle n’a rien ajouté ou créé ?
N’est-ce pas porter l’énorme responsabilité de restreindre l’accès à un héritage culturel auquel nous avons tous droit ? L’abus de copyright que l’on constate aujourd’hui bien souvent et ici avec Blake est une offense à la volonté de l’auteur et surtout une attitude élitiste conditionnant l’accès à la connaissance au pouvoir financier. C’est un affront à la liberté de penser.
Dans les pays membres de l’Union européenne, notamment la Belgique et la France, la durée de protection a été harmonisée à 70 ans post mortem pour la plupart des œuvres.
Les moyens technologiques actuels, tel Internet, peuvent permettre l’évolution de l’humanité si, encore une fois, la compétition, le profit, le pouvoir et la peur n’étouffent pas la sincérité, la créativité, l’amour et le respect de l’autre.
J’adhère à ce texte :
L’épuisement des droits patrimoniaux au terme de la durée de protection légale fait entrer l’œuvre dans le domaine public. Sous réserve du respect du droit moral, qui est perpétuel, toute personne peut alors utiliser l’œuvre sans qu’une autorisation soit nécessaire. Les reproductions purement mécaniques d’œuvres tombées dans le domaine public, comme les photographies de tableaux effectuées sans apport créatif par les musées, ne peuvent faire l’objet d’une protection par le droit d’auteur.
Faisant abstraction des lois locales, la fondation Wikimédia a exprimé l’avis suivant : Pour le dire sans détours, la position de la fondation Wikimedia a toujours été que les représentations fidèles des œuvres d’art du domaine public en deux dimensions sont dans le domaine public et les exigences contraires sont une attaque contre le concept même de domaine public. Si les musées et les galeries non seulement réclament un droit d’auteur sur leurs reproductions mais également contrôlent l’accès à la reproduction des peintures (en interdisant les photos, etc…), d’importantes œuvres historiques qui sont légalement dans le domaine public deviendront inaccessibles au public hormis à leurs gardiens.
Imaginez un monde dans lequel chaque personne pourrait partager librement l’ensemble des connaissances humaines.
« J’ai utilisé les poèmes de William Blake avec mes moyens artistiques et le plus grand respect, totalement libre, à son instar, dans ma création musicale. Je n’ai fait aucun calcul, ni espère une reconnaissance quelconque. La spontanéité et l’immédiateté que j’ai recherchées en permanence pendant mon travail, font, que sans entrer dans l’affabulation d’une inspiration guidée par l’auteur, je peux estimer avoir respecté et servi, dans le sens de divulguer, l’œuvre admirable de cet homme hors du commun.
Mes recherches sur Internet m’ont montré cet abus de copyright fait guidé avant tout par le mercantilisme sans trop se soucier de savoir ce que serait la volonté de l’auteur.
Beaucoup d’études sur William Blake (qui méritent, elles, un copyright) prouvent qu’il était loin de ces attitudes commerciales. Il souhaitait que ses convictions, ses écrits et ses gravures soient à la portée de tous et que tous puissent avoir accès à la connaissance. »
Il sera gardé 2 € sur chaque adhésion au projet qui permet
d’acquérir le coffret “Ode to William Blake”,
pour les mêmes « miséreux » dont parle William Blake
Ayant voyagé en Inde, Népal… nous avons pu constater combien les écoles manquaient de matériels. L’argent recueilli sera utilisé directement par le biais d’associations ou de voyageurs dans les pays en manque de moyens éducatifs, pour acheter sur place et de fabrication locale, crayons, papiers
et livres.
William Blake (Holy Thursday, songs of experience)
Voilà donc une création brillante soutenue par des esprits généreux. J’ajouterai seulement : s’il vous reste encore quelques cadeaux à faire, penser à ce coffret, et pas seulement pour Noël.
Encore plus d’information sur : L’association, les téléchargements, « Ode to William Blake », comment Blake, bio blake, les amis de Blake, Blake / Beat génération, La part de Blake, l’expo William Blake, « Rien à comprendre », Mai 1968, le boudhisme, des vidéos, les soirées Lezarts, Fernand Pena, Séverine Robic, etc. sur le site LEZARTS.
anti
Je confirme tout !
Fernand Pena est un superbe artiste et un vrai humaniste par sa démarche, cohérente de bout en bout.
Sa voix est tout simplement extraordinaire. Elle m’a fait penser à Tom Waits parce qu’elle s’en rapproche par sa profondeur mais elle est, en fait, unique et n’appartient qu’à lui. Elle fait penser à un torrent qui fait rouler des tonnes de pierres, elle fait frémir d’émotion, elle est riche de nuances, elle a une puissance rare quand Fernand Pena la pousse dans les moments les plus forts.
Les musiciens sont tous très, très bons. Une mention spéciale, malgré tout, au guitariste qui montre une maturité rare. Il favorise toujours la musicalité à la virtuosité (même s’il ne fait aucun doute qu’il en a sous le capot). Il va chercher les notes indispensables, efficaces, pleines de sens. Dans certains morceaux, il est habité par l’esprit lumineux de Carlos Santana, avec un son de Les Paul d’un équilibre parfait.
La section rythmique basse-batterie sait allier la solidité et la légèreté. Du très beau boulot. Je pense que la batterie aurait pu être mixée un peu plus en avant (ce n’est pas un reproche, juste un goût personnel).
Fernand Pena souligne dans son livret toutes les influences qui l’habitent. Elles sont clairement perceptibles mais il a pourtant son style à lui, nourri de ces racines mais jamais leur copie. Il est, tout simplement, cultivé en musique comme un auteur peut l’être en littérature.
J’aime absolument tous les morceaux du CD. Le plus émouvant pour moi est, paradoxalement, celui qui est quasiment chanté a capella (à peine quelques accords discrets, très simples, sur un rythme ternaire). Fernand Pena y chante plusieurs voix et ses deux choristes féminines l’appuient en une ballade poignante sur la pauvreté. Les paroles sont d’une force incroyable.
Et justement, quelques mots sur William Blake… Je ne connaissais rien de ses poèmes, je les découvre grâce à ce CD. Quelles merveilles…
Merci beaucoup à Fernand Pena d’avoir poussé la porte du blog pour nous parler de son travail avec ses musiciens et choristes. Il nous a permis de découvrir son monde et celui de Blake. Et quel voyage !…
Je suis trés touché (ému ?). Je n’attend aucune considération, je suis musicien, engagé sans doute, et si mon travail peut intéresser quelques uns, c’est formidable.
Le monde artistique dirigeant actuel est omnubilé par la gloire, le pouvoir et l’argent et ce depuis + de 40ans. la conséquence est qu’on ne prend plus le temps de chercher à découvrir. On consomme autant la musique que les produits de super marché……….
je transmet cet article aux musiciens du disque qui, ayant beaucoup donné, serons heureux de voir que ce n’est pas pour rien.
merci
belle vie
fernand
Merci pour votre passage ici, Fernand. Et tout le meilleur aux musiciens qui vous accompagnent !
Encore bravo et merci 😉
anti
bonsoir, j’ai vu que le lien « acheter ici » ne fonctionne pas. Le mieux serait d’aller dans la boutique:
http://www.lezarts.info/articles.php?lng=fr&pg=83
je ne coure pas après les vente, mais deux ans de travail représentent quelques frais à rembourser ;o)
J’ai choisi de ne toucher que les droits d’auteur. Donc tant qu’il n’y a ni concert ni radio, ………..
maintenant je cherche les concerts. Après Londres c’est engageant. je cherche (et ce n’est pas là ou j’assure.) Si vous connaissez des lieux. Je vais faire par exemple les médiathèque à Paris avec projections et débats……..
merci encore (Jean, le guitariste a apprécié cet article..)
fernand .
Un salut chaleureux à Jean !
Pour les concerts, l’appel est lancé. Espérons qu’il sera entendu !
Bonjour,
Je continue ma route avec Blake……….
j’ai bien avancé dans le site. Il y a de plus en plus d’infos sur Blake. Si vous y passez, n’hésitez pas à laisser des commentaires, ajouter des infos etc… http://www.lezarts.info et toutes les chansons sont libres d’écoute et de copie. Le mieux est d’acheter le coffret ;o) , mais on peut n’avoir ni les moyens, ni l’envie de payer.
les concerts vont bientôt commencer. C’est là où je suis le plus défaillant : le démarchage !! ça ne changera pas, ça fait 40 ans que ça dure.
le premier sera le 28 avril à 19h à la Médiathèque musicale de Paris. les Halles.
et l’entrée sera libre…………..;
si vous avez des idées et des connaissances pour les concerts, contactez-moi.
un petit tour en polynésie française ? http://www.lezarts.info/blogs.php?lng=fr
belle vie
fernand
Merci, Fernand, de donner de tes nouvelles.
Très beau reportage de ton séjour en Polynésie, la joie sur les visages fait plaisir à voir !
Juste une question, si tu repasses par ici : j’ai vu que tu décrivais l’ukulélé comme ayant 4 x 2 cordes. Ca m’a rappelé une guitare un peu particulière qu’on a vu très souvent à Cuba dans les groupes de rue, lors de vacances là-bas. Elle a 3 x 2 cordes, avec un corps de guitare de forme classique sauf qu’il est plus petit. J’ai discuté avec un des musiciens qui en utilisait une, il m’a dit que ça s’accordait en DADGAD, comme on le voit aussi parfois « chez nous » dans la musique rock entre autres (l’exemple le plus célèbre étant Jimmy Page pour Kashmir).
Est-ce que tu sais comment s’appelle ce type de guitare ?
Bonne route à toi
L’info du jour, à ne pas manquer si vous êtes en région parisienne :
…………enfin de retour après 184 ans d’absence …………
notez sur vos tablettes. et faîtes suivre……….
Il n’y en aura pas beaucoup à Paris et en plus c’est gratos …………;
28 avril, à partir de 19h : Médiathèque musicale de Paris,
8, Porte St Eustache
Forum des Halles, Place carrée;
Fernand Pena chante : « Ode to William Blake »
concert-projections vidéo, expo, débat discussions sur Blake.
Tous les titres de l’album………….
Entrée libre……
Argh. Pour cette fois, ce ne sera pas possible. Mais j’espère bien que nous aurons un jour l’occasion de rencontrer Fernand Pena et de le voir sur scène !
Oui, là, le 28 c’est pas possible du tout, du tout ! Mais une prochaine fois j’espère sincèrement !
anti
Bonjour, le temps aime bien prendre son temps quand on le laisse libre de le faire ;o)
Pour info, je travaille à nouveau avec mon ami William au tome 2 de « Ode to William Blake » . le précédent a demandé presque trois ans de travail je vais essayer d’aller un peu plus vite, il ne me reste plus trop de temps pour faire le dixième de ce que j’aimerai faire, d’où la nécessité de revenir ………… ;o) (autre sujet !)
Je me replonge dans le personnage, découvre ds choses nouvelles.
J’en suis au travail de compo. Je passerai au définitif quand j’aurais une vingtaine de chansons pour pouvoir éliminer des choses, choisir, laisser faire …
Je suis toujours avide d’infos sur Blake, et d’avis sur le travail en cours. Fais passer le message si tu veux.
Je fais une page recherche sur le site lezarts accessible à tous.
Les premières maquettes ; des brouillons, pleins de faussetés, non mixés, avant tout pour ceux qui vont travailler avec moi…. évidemment pas pour des jugements de valeur ;o) et petit à petit les recherches sur la symbolique etc …
http://www.lezarts.info/articles.php?lng=fr&pg=268
belle vie
à bientôt
fernand