Ce lundi a été un de ces jours où les moments qu’on se réserve pour souffler un peu sont précieux. Une journée avec des coups d’accélérateur entrecoupés de pauses inattendues. Une sensation de jongler avec des sujets dont la complexité requiert une attention totale, avec, quand le soir s’avance, une fatigue dont on ne comprend pas trop d’où elle vient – après tout, on est resté vissé à son fauteuil dans un bureau.
Et, au moment où je prenais la route du retour à la maison, des embouteillages en béton massif (pourquoi ? parce qu’il a plu ?), à traverser mètre après mètre, tout en tenant un dernier rendez-vous téléphonique d’une heure avec des gens qui, eux, étaient en pleine forme parce qu’ils commençaient à peine leur journée à plusieurs milliers de kilomètres de là.
Pendant que je leur parlais, je prenais des photos par ma vitre ouverte du ciel enflammé par le soleil couchant et parcouru de centaines d’étourneaux. Ce n’est parce qu’on se concentre qu’on ne doit faire qu’une seule chose à la fois.
Ca devait être un jour particulier puisque pour Anti, c’était pareil. Elle a été prise par dix mille trucs, entre devis à envoyer, corrections finales du livre sur Jonas avant le lancement de son impression, réception du four neuf livré et posé par notre nouveau copain réparateur-vendeur d’électroménager, cours de piano avec Ilona, discussion au téléphone avec son imprimeur…
Elle n’a même pas eu le temps de commencer la relecture des Neuf sœurs. Du coup, à 18h45, elle est partie avec le manuscrit sous le bras dans son nouveau lieu de travail favori : la baignoire. Au moins, là, aucun risque d’interruption en plein milieu et, en plus, un bain c’est quand même idéal pour se détendre instantanément et se vider la tête.
Et puis, comme chaque soir, tout s’est posé et tout s’est régénéré par la magie puissante et douce du foyer. En français, le mot foyer désigne à la fois la structure familiale, l’endroit où brûle le feu, la source d’où rayonne l’énergie, le point focal où converge toute la lumière, le lieu où tout devient net, l’abri où on se réfugie.
Très belle journée à vous
Le foyer qui regénère, y a que ça de vrai!
C’est fantastique la définition du mot « foyer », que de notions s’y rejoignent ! C’est un BEAU mot.
« La magie puissante et douce du foyer »
Foyer/demeure, des mots qui m’évoquent toujours une même phrase : « Hathor – Son nom signifie « Demeure du dieu Horus » c’est-à-dire l’épouse du dieu-faucon. J’aime, dans le mot « demeure », l’idée de l’ancrage et du temps qui passe, alliant douceur et fermeté.
« Ce n’est parce qu’on se concentre qu’on ne doit faire qu’une seule chose à la fois. »
Absolument ! Tu sais que tu me plais petiteuh ? Et d’ailleurs, je vais de ce pas faire autre chose 😉
A plus tard,
anti
Les photos sont magnifiques !
elle est partie avec le manuscrit sous le bras dans son nouveau lieu de travail favori : la baignoire. Au moins, là, aucun risque d’interruption en plein milieu et, en plus, un bain c’est quand même idéal pour se détendre instantanément et se vider la tête.
AH!!! justement! quelle coïncidence! j’ai installé ma planche favorite pour pouvoir aussi travailler « à la Marat ».. signe qu’on vient d’entrer en phase de froidure en ce qui me concerne..
.. et puis dans foyer il y a FOI (y valant double i..)
La Maison de Dieu d’autre Foi (Foi hier) serait-elle remplacée par notre propre maison (Foyer) ?
« j’ai installé ma planche favorite pour pouvoir aussi travailler « à la Marat ». »
Sympa mais flippante image. J’allais te dire que je préfère « à la Flaubert » qui lisait à voix haute dans sa baignoire pour mieux entendre la sonorité des phrases mais je viens de voir que lui aussi est mort dans son bain… Bon, à la Cloclo, ça le fait pas non plus…
anti
« Bouvard et Pécuchet », Gustave Flaubert.
« Des savants prétendent que la chaleur animale se développe par les contractions musculaires, et qu’il est possible en agitant le thorax et les membres pelviens de hausser la température d’un bain tiède. Bouvard alla chercher leur baignoire, et quand tout fut prêt, il s’y plongea, muni d’un thermomètre. //Bouvard sentait un peu de fraîcheur.
-« Agite tes membres ! » dit Pécuchet. _
Il les agita, sans rien changer au thermomètre ;
– « c’est froid, décidément. » _
-« Je n’ai pas chaud, non plus » reprit Pécuchet, saisi lui-même par un frisson « mais agite tes membres pelviens ! agite-les ! » _
Bouvard ouvrit les cuisses, se tordait les flancs, balançait son ventre, soufflait comme un cachalot ; — puis regardait le thermomètre, qui baissait toujours.
-« Je n’y comprends rien ! Je me remue, pourtant ! »
-« Pas assez ! » _
Et il reprenait sa gymnastique. _
Elle avait duré trois heures, quand une fois encore il empoigna le tube. _
-« Comment ! douze degrés! Ah! bonsoir ! Je me retire ! » . »