Voici un article sympathique de Sébastien Bohler, tiré de l’excellent magazine Cerveau & Psycho : État de grâce. Quand des musiciens se surpassent, ils sont dans un état de « fluide psychologique » article qui explique ce que l’on ressent effectivement lorsqu’on se surpasse.
Le cœur bat d’un rythme régulier, la tension artérielle diminue, la respiration se fait plus profonde, le visage se détend. C’est l’état de grâce du pianiste où toutes les difficultés techniques s’effacent, la concentration est à la fois intense et relâchée, tout semble fluide et naturel.
La notion de fluide psychologique a été explorée depuis une vingtaine d’années dans le domaine de la psychologie, notamment par un des grands spécialistes du bonheur, le Hongrois Mihaly Csikszentmihalyi. Il inaugura le concept de flux, état de conscience particulier qu’il qualifiait en ces termes : « ces grands moments de la vie surviennent quand le corps ou l’esprit sont utilisés jusqu’à leurs limites dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important. L’expérience optimale est donc quelque chose que l’on peut provoquer. »
Des psychologues de l’Institut du cerveau de Stockholm ont demandé à des pianistes professionnels d’atteindre cet état de fluide psychologique. Ils devaient jouer cinq fois le même morceau, ce qui les conduisait à traverser des états plus ou moins poussés de « fluide ». Après chaque exécution, ils décrivaient leur expérience, et se prêtaient à des mesures physiologiques : tension artérielle, rythme cardiaque, contraction du grand muscle zygomatique et profondeur de la respiration. Il s’est avéré que l’intensité de la sensation vécue était reliée à une diminution de la pression artérielle, une régularisation du rythme cardiaque, une expression de sourire serein sur le visage et une respiration plus ample.
Ces signes physiologiques accompagnent souvent les états de relâchement obtenus par diverses techniques de relaxation ou de méditation. Dans le cadre des techniques méditatives, c’est la combinaison d’émotions positives et d’intense concentration qui produit ces effets bénéfiques en termes de bien-être, mais aussi pour la santé cardiovasculaire. La pratique de la musique, en mêlant les émotions et la focalisation de l’attention, entraînerait le corps et l’esprit sur la voie de ces moments que M. Csikszentmihalyi assimile au bonheur.
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Fascinant ! Voilà qui résonne en moi. Coïncidence amusante, j’étais aujourd’hui en déplacement et sur la route, j’ai tenté de raconter à la collègue qui m’accompagnait comment Lama Konchog Rinpoché nous avait guidés pas à pas vers des états mentaux visant à la pacification de l’esprit.
http://www.annagaloreleblog.com/archive/2008/06/10/pacification-de-l-esprit.html
Cette expression de « fluide psychologique » est très appropriée : tout devient fluide et tout s’écoule librement sans effort.
« Les formes et les choses se manifestent à celui qui n’est pas attaché à son être propre.
Dans ses mouvements, il est comme l’eau,
dans son repos il est comme un miroir
et dans ses réponses, il est comme l’écho. » (Lao Tseu)