Nous avons passé trois heures en fin de journée dans un endroit secret. Pourtant, il figure sur toutes les cartes et il est même très connu : il s’agit du Gardon, la rivière qui passe sous le Pont du Gard.

Mais là précisément où nous étions, peu de gens savent comment s’y rendre. Il s’agit d’une portion du cours d’eau qui serpente au fond de gorges encaissées. Elles sont longées par la route qui va de Nîmes à Uzès mais les berges semblent inaccessibles tellement les parois sont vertigineuses.

Les rares chemins qui mènent jusqu’en bas sont discrets. Ils sont invisibles depuis la route. Seul indice : les quelques voitures garées sur le bas-côté à certains endroits, apparemment au milieu de rien. Mais même si vous vous garez là aussi, il vous faudra chercher pour trouver le sentier.

Hier, Anti a eu envie d’aller faire un tour au pont Saint-Nicolas et je me suis fait un plaisir de lui faire découvrir l’un de ces passages magiques, à environ deux kilomètres avant d’arriver au pont. La balade le long des berges quasi désertes pouvait commencer.

Le paysage est superbe, avec des rochers aux formes étonnantes sculptées par les crues successives depuis des temps immémoriaux. L’eau était délicieuse, nous avions pris nos maillots et en avons profité pour nous baigner. Les fonds sont surprenants, on peut perdre pied en faisant un simple pas en avant.

Le Gardon a d’autres secrets, du moins sur cette partie de son trajet. Un peu plus en amont, l’eau disparaît complètement. Tout le lit, très large, était à sec – à se demander comment il pouvait y avoir autant d’eau avec un joli courant quelques dizaines de mètres plus bas. En fait, l’eau passe sous le sol. Nous avons marché pendant un kilomètre sur les galets recouverts d’un fin entrelacement d’algues desséchées.

Après un dernier méandre, nous avons vu apparaître le pont Saint-Nicolas, posé sur une avenue de pierres, large d’une bonne centaine de mètres. Lors de la dernière grande crue en 2003, l’eau était tellement haute qu’elle affleurait le parapet, déjà abîmé par la crue de l’année précédente qui l’avait démoli à plusieurs endroits.

Ce pont a été construit au treizième siècle. Les Allemands l’avaient fait sauter en partie en 1944. En 2002, il a fallu à nouveau refaire une partie de la chaussée et du parapet. On voit encore, sur le lit desséché, des blocs de pierre d’origine qui ont été arrachés par les flots ou les explosifs.

Nous avons bien l’intention d’y retourner, dès que possible, avec des amis pour un après-midi baignade suivi d’un barbecue sur les berges.

Très belle journée à vous