Alors qu’on célèbre aujourd’hui l’anniversaire de l’appel du 18 juin, coup de projecteur sur une radio exilée qui, à l’instar de Radio-Londres il y a 70 ans, incite la population opprimée qu’elle répresente à la résistance.
Il s’agit de DVB (« la voix démocratique de la Birmanie »), une radio qui émet deux heures par jour depuis Oslo à destination du peuple birman. Son financement est assuré par la communauté internationale, avec en tête les pays scandinaves, les États-Unis, la République tchèque et les Pays-Bas.
Comme on le sait, la Birmanie est une des pires dictatures de la planète. Tous ses médias sont sous contrôle étroit du pouvoir.
DVB existe depuis 18 ans et énerve prodigieusement la junte en diffusant des infos libres qui révèlent aux Birmans la réalité derrière la propagande et dénonce inlassablement les abus de pouvoir, les propagandes mensongères, les détentions arbitraires et les tortures. Elle a joué un rôle majeur lors de la révolte des moines en 2008 ou du cyclone qui a ravagé le pays. La radio a été créée en 1992 au lendemain de l’arrestation de Aung San Suu Ki.
La Birmanie veut se doter de la bombe atomique avec l’aide de la Corée du Nord
Aujourd’hui, Sébastien Baer a fait un reportage diffusé par France-Info sur le scoop énorme que DVB vient de révéler : « Chaque matin depuis maintenant 10 jours, DVB revient sur ce sujet qui exaspère au plus haut point les autorités de Rangoon : l’enquête sur le programme nucléaire de la Birmanie. Cinq années de recherches pour les journalistes de cette radio exilée en Norvège, et cette révélation : la Birmanie prépare un programme nucléaire pour se doter de la bombe atomique [avec l’aide de la Corée du Nord]. »
Khin Maung Win, directeur adjoint de DVB, a déclaré avec un plaisir évident : « Nous sommes des héros dans le pays parce que nous avons révélé le projet le plus secret du gouvernement. Suite à cela, le gouvernement a promis une récompense de 60.000 euros à quiconque fournira des informations sur nos journalistes. C’est pour cette raison que le chef de la police nous considère comme l’ennemi numéro 1 et qu’il a qualifié notre radio de pire média« .
Les sources d’information de DVB sur place en Birmanie sont le fait d’une centaine de journalistes clandestins. Ils exercent officiellement d’autres métiers mais récoltent des infos et les transmettent à Oslo depuis des cybercafés. Une activité occulte dangereuse, on s’en doute: une quinzaine d’entre eux ont été arrêtés l’an dernier. Certains ont été condamnés à 20 ans de prison.
Source et photo : France Info