Cette fois, c’est officiel : après quelques atermoiements, le Japon a officiellement annoncé qu’il allait sortir définitivement du nucléaire d’ici 2040. Seul restera en fonction un surgénérateur dont l’utilisation sera de traiter les déchets nucléaires accumulés par les centrales.
Il s’agit bien sûr de la conséquence de la catastrophe de Fukushima le 11 mars 2011, qui a ravivé de plus le souvenir traumatisant de Hiroshima et Nagasaki. Le gouvernement a portant tenté de relancer la production d’énergie nucléaire après avoir fait arrêter toutes les centrales en mai 2012. Les besoins énergétiques du Japon ne pouvant être couverts, deux réacteurs étaient alors remis en fonction.
Mais le peuple japonais a protesté en masse lorsque cela a été annoncé. Tout le monde sait qu’au moment du désastre de Fukushima, Tokyo et ses 40 millions d’habitants n’ont été préservé que grâce à la direction favorable des vents. Et le danger est loin d’être écarté puisqu’il reste encore plus de 260 tonnes de matières hautement radio-actives dans le réacteur n°4 qui est loin d’être sous contrôle dix-huit mois plus tard.
Le coût de l’arrêt du nucléaire au Japon est estimé à 450 milliards d’euros. Il inclut le développement des énergies renouvelables – en particulier solaire – pour compenser les 30% que le nucléaire fournit actuellement dans la production d’électricité. L’objectif semble parfaitement atteignable, puisque les plans de développement déjà en place envisageaient sans accélération particulière d’atteindre 20% des besoins dès 2030. A cela s’ajoute le fait que plusieurs régions de l’île avaient spontanément baissé leur consommation de 15% après la catastrophe.
Et puis, aussi bien le gouvernement que la population estiment que le Japon n’a pas le choix. D’après les scientifiques, le risque qu’un nouveau séisme de magnitude 8 se produise dans les trente prochaines années est estimé à 87% dans la région de Tokai, à 200 km au sud-ouest de Tokyo qui se retrouverait alors directement dans l’axe des vents. Avec une probabilité aussi forte, ne rien faire ne serait plus un risque, mais un holocauste annoncé.
Le même jour, la France annonçait la fermeture de la seule centrale de Fessenheim pour 2016. Chez nous, 74% de l’électricité est nucléaire, avec 58 réacteurs au total. Les énergies renouvelables (solaire et éolien) pèsent environ 12%, ce qui nous met à la 13e place en Europe. Le risque sismique étant largement plus faible qu’au Japon, la pression sur nos gouvernants de tous bords est quasi-nulle et ils ont beau jeu de montrer que les renouvelables sont encore loin de pouvoir compenser une sortie totale du nucléaire en couvrant à eux seuls plus de 85% de nos besoins (12 + 74) à dépense énergétique constante.
Même si des plans sérieusement étayés et financièrement équilibrés de sortie du nucléaire en 20 ou 25 ans ont été proposés en France, il est probable que nous serons parmi les derniers à nous débarrasser de ce poison effarant. Espérons qu’il ne sera pas trop tard pour le faire. En Europe, les pays ayant déjà annoncé leur sortie programmée du nucléaire sont la Suisse, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique.
Photos : (1) vue satellite de la centrale de Fukushima, (2) ville voisine de la centrale devenue inhabitable (source Wikipedia)
Quelques précisions sur la fin du nucléaire au Japon :
http://energeia.voila.net/nucle/japon_fin_nucle.htm
Ceci complète vos propos et surtout l’information minimaliste donnée par les médias, avec un manque de précision flagrant parfois (2030 ou années 2030, qui durent jusqu’à la veille de 2040).