Pour la troisième année consécutive, je vais faire un point sur les évènements climatiques marquants qui se sont produits tout au long de 2012 (les mois d’octobre à décembre seront complétés au fur et à mesure). Si une expression peut résumer la situation de façon globale, c’est : pire que prévu. Toutes les prévisions les plus pessimistes des climatologues ont, en effet, été dépassées par la réalité.
Ce n’est pourtant pas faute d’une profonde prise de conscience de l’acuité de la situation au niveau mondial. Les négationnistes climatiques à qui on doit en grande partie l’échec du sommet de Copenhague en 2009 sont désormais largement désavoués par l’opinion publique. Il faut dire que les faits sont irréfutables et surtout, de plus en plus visibles : oui, le climat se dérègle à l’échelle planétaire et oui, les évènements climatiques sont de plus en plus violents.
Résultat : 84% des Français croient en la réalité du réchauffement climatique, 98% des Canadiens aussi (ils sont en première ligne pour en voir les effets avec la disparition progressive de la banquise) et aux USA, 78% des Démocrates et 53% des Républicains (ces derniers étant les soutiens les plus acharnés de la surproduction et de l’industrie pétrolière).
Mais les gouvernants de tous les pays restent largement autistes face aux conséquences de leurs décisions aggravantes, sous prétexte de protéger le développement économique, l’emploi, la production, etc. Lorsque notre planète sera devenue invivable pour les humains – et c’est peut-être d’ici quelques dizaines d’années à peine – ces aspects sembleront soudain bien futiles puisque la seule question qui vaudra sera celle de la survie et non du confort. Sauf qu’il sera trop tard.
Hier, une étude publiée dans Nature révélait que d’énormes quantités de méthane sont piégées sous la banquise de l’Antarctique, dix fois plus que tout le carbone enfoui dans le permafrost des régions nordiques. Le méthane a un effet de serre vingt fois plus nocif que le CO2. S’il s’échappe à l’air libre, ce sera la fin brutale du monde que nous connaissons.
Retour sur les huit premiers mois de l’année 2012…
Janvier : La première tempête de l’année traverse l’Europe du nord au sud début janvier. En France elle se prolonge jusqu’en Corse avec des pointes à 200 km/h, privant 20000 foyers d’électricité. En passant par les Alpes, elle a pris la forme d’une tempête de neige, bloquant également 20000 autres foyers. Les températures en France sont de 7 à 20 degrés plus hautes que les normales saisonnières. Situation analogue au Canada où, après quelques jours à -30° ce qui est habituel, les températures remontent à +2° comme l’an dernier. Inondations record en Colombie et au Texas.
Février : Vague de froid brutale en Europe. En France les températures négatives sont de 4 à 8°C en dessous des normales saisonnières à certains moments. Plus de 300 morts en Europe avec des minima à -45° en Suisse. La même semaine, les températures au Québec sont positives, autour de +5°. La raison est connue des climatologues : il s’agit d’une conséquence directe de la fonte accrue de la banquise qui a perdu 1 million de km2 en janvier. La mer de Kara est restée libre de glace pendant le mois de février.
Mars : Sècheresse exceptionnelle en Europe. Les niveaux de pluviométrie sont autour de 20% de la normale et parfois moins encore dans certaines régions comme le sud de la France. Interdiction de faire des feux dans le sud de la France, interdiction de fumer à moins de 200 mètres de toute région boisée. Ce mois de mars est le plus chaud jamais enregistré aux USA depuis que les relevés existent. Parution du nouveau rapport du GIEC, qui confirme les prévisions les plus pessimistes et précise que les évènements climatiques violents vont se multiplier dans les prochaines années.
Avril : Une centaine de tornades particulièrement violentes traversent la Tornado Alley aux USA, dévastant le Texas et une partie du Wisconsin. Pluies torrentielles en Afghanistan, provoquant des inondations dues au fleuve Kaboul dont le niveau monte jusqu’au second étage des maisons dans la capitale du même nom. Situation comparable en Russie dans la région de Riazan avec une montée des eaux atteignant 8 mètres. Pluie et froid en France mais les précipitations ont été loin de pouvoir compenser le déficit des nappes phréatiques qui demeurent à 20% de ce qu’elles devraient être. Tempête exceptionnelle dans le sud de la France, vents à 190 km/h, tornade près de Toulouse, inondations.
Mai : Temps chaotique sur l’Europe. Fin mai, une dépression centrée sur le nord de l’Autriche provoque un orage d’une violence sans précédent près de Nancy, faisant tomber en trois heures l’équivalent d’un mois et demi de précipitations ce qui résulte en une montée brutale des eaux jusqu’à deux mètres. Gigantesque crue à Montréal après de violents orages.
Juin : Maintien d’un temps chaotique sur l’Europe. Les prévisionnistes de Météo France déclarent leur incapacité à fournir des tendances pour les semaines à venir. En ce mois de juin, la banquise perd 2 millions de km2 par rapport à la moyenne 1979-2008, ce qui représente un quart de sa surface totale. En raison de la sècheresse extrême sur le territoire nord-américain conjuguée à des vents violents, une quarantaine d’incendies simultanés ont ravagé pendant plusieurs jours neuf états de l’ouest des USA (Colorado, Montana, Utah, Wyoming, Dakota Sud, Nouveau-Mexique, Nevada, Arizona, Californie). En parallèle, des orages meurtriers ont dévasté plusieurs états de l’est du pays.
Juillet : Pluies torrentielles d’une ampleur sans précédent dans la région de Krasnodar (Russie) où les eaux sont montées de 7 mètres en quelques heures. Inondations record dans le nord-ouest de la Chine à la suite de pluies ininterrompues pendant des semaines. Au Japon, précipitations saisonnières qualifiées de «sans précédent», les eaux d’une rivière ayant atteint le toit d’un restaurant avant de se retirer. Vague de tornades en Pologne. Temps froid et pluvieux sur la majeure partie de la France en raison d’un anticyclone des Açores décalé par rapport à sa position habituelle en cette période de l’année. La fonte de la banquise continue à s’accélérer.
Août : Inondations gigantesques en Chine et aux Philippines. Les USA continuent à subir la pire sècheresse de leur histoire et la moitié nord de l’Europe, son été le plus pluvieux. Incendies dévastateurs en Espagne et en Croatie en raison d’une « vague de chaleur africaine ». Autour du 18, épisode de très forte chaleur (10 degrés au-dessus des normales saisonnières) sur le sud de l’Europe, France comprise en raison d’une masse d’air chaud venue du Sahara, pour la quatrième année consécutive. Ouragan Isaac en Louisiane. La crise climatique s’aggrave en Argentine : sècheresse accrue dans la pampa, pluies diluviennes et inondations plusieurs fois par an depuis la cinquième année consécutive au nord, érosion des côtes en raison de la violence de plus en plus marquée des vagues. C’est confirmé fin août, la fonte de la banquise en Arctique atteint un nouveau record absolu.
MISE A JOUR FAITE DÉBUT JANVIER 2013
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