C’est un moment particulier que celui où le commanditaire d’un livre – dans ce cas précis, il n’en est que partiellement l’auteur – peut en tenir le tout premier exemplaire entre les mains. Hier en fin d’après-midi, nous avons apporté à Aimé le bon-à-tirer de l’ouvrage sur la naissance de l’institut Ngari pour lequel il a tant fait depuis des années.
A mon étonnement, Aimé n’a pas tout de suite feuilleté le livre. Il s’est longuement attardé sur la couverture, puis sur la page de garde et l’a reposé sur la table pendant qu’Anti lui expliquait qu’il allait falloir qu’il le relise avec attention pour débusquer les dernières fautes – ce que nous avons également fait ces derniers jours mais on n’est jamais assez nombreux à vérifier.
Il nous a juste dit qu’il ferait cela dans la soirée, à tête reposée.
Et puis, il a enfin fait tourner les pages, s’attardant sur telle ou telle série de photos pour nous en expliquer l’histoire et les circonstances dans lesquelles il les avait prises.
En repartant de chez lui, nous nous demandions pourquoi il avait mis autant de temps à céder à la curiosité de le parcourir. Émotion ? Retenue ? Détachement ? Un peu des trois mais peut-être plutôt cette dernière possibilité, oui. Pour lui, l’objet livre étant maintenant en passe d’être imprimé, il estimait sans doute que le découvrir en vrai était quelque chose de secondaire, voire de futile. Seule va désormais compter sa contribution au financement de l’institut.
N’empêche. Il était heureux, très heureux de mesurer le chemin parcouru depuis 2005 : sa rencontre improbable avec un lama vivant sur un haut-plateau du Ladakh qui rêvait de bâtir cette école ouverte aux religieux comme aux laïcs et qui est mort quelques jours après en avoir parlé à Aimé, la sensation profonde qu’avait alors eu Aimé d’être investi d’une mission, toutes les actions menées depuis dont la première tournée des moines en 2009, les murs qui sortent de terre, les premiers enfants pauvres accueillis et la seconde tournée sur le point de commencer pour poursuivre ce superbe projet humanitaire jusqu’à son achèvement.
Très belle journée à vous