Alors que dans le camp du futur ex-président c’est panique à tous les étages, Sarko essaie de s’accrocher à tout ce qu’il peut pour se donner l’image d’un homme neuf alors que lui et ses amis ont tout contrôlé – et tout loupé – depuis dix ans.
Parmi les dernières tentatives de faire encore une fois illusion, Sarkozy a voulu refaire comme en 2007 avec la lettre de Guy Môquet, en récupérant la sympathie légitime que tous portent envers Raymond Aubrac récemment disparu, un de ces « héros de l’ombre qui ont sauvé l’honneur de la France, à un moment où elle semblait perdue ». Et il soulignait : « Nous avons le devoir d’en maintenir le souvenir vivant au cœur de notre mémoire collective. »
Rue89 s’est fait un plaisir de suivre le conseil de notre président en rappelant à tous un souvenir récent de lui. Le 14 juillet dernier, Raymond Aubrac prononçait un discours à la Bastille où il disait clairement ce qu’il pensait de lui.
Extraits :
« Depuis bientôt un an, les plus hautes autorités de l’État s’acharnent à dresser les citoyens les uns contre les autres. Elles ont successivement jeté à la vindicte publique les Roms et les gens du voyage, les Français d’origine étrangère, les habitants des quartiers populaires, les chômeurs et précaires qualifiés d’“assistés”… Elles ont ressorti le vieux mensonge d’une immigration délinquante, elles pratiquent la politique de la peur et de la stigmatisation.
Nous avons manifesté le 4 septembre 2010, dans toute la France, contre ce dévoiement de la République. Aujourd’hui, chacun mesure la terrible responsabilité de ceux qui ont donné un label de respectabilité aux idées d’extrême droite, à la xénophobie, à la haine et au rejet de l’autre. De dérapages verbaux en pseudo-débats, de crispations identitaires en reculs sociaux, la voie a été grande ouverte à une crise démocratique encore plus grave que celle du 21 avril 2002.
Parce que nous sommes attachés aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, nous ne supportons plus que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens, la xénophobie banalisée dans les propos de ministres et de députés qui prétendent parler en notre nom à tous. Nous refusons que la peur soit utilisée pour faire reculer nos libertés, que les inégalités soient encouragées par l’injustice fiscale, le recul des droits sociaux et la démolition des services publics.
Nous refusons cette République défigurée ; celle que nous voulons, c’est la République “laïque, démocratique et sociale” que proclame notre Constitution ; celle du 14 juillet 1789, du Rassemblement populaire de 1936, celle enfin du Conseil national de la Résistance. Celle qui s’attache inlassablement à garantir à tous l’égalité en dignité et en droits, l’égale liberté, l’égal respect de la part de ceux qui les gouvernent.
C’est pourquoi nous lançons un appel solennel au rassemblement de toutes et tous, à la mobilisation des consciences pour le retour de cette République que nous voulons plus que jamais libre, égale et fraternelle.
Deux cent vingt-deuxième anniversaire de la prise de la Bastille, ce 14 Juillet est le dernier avant l’échéance présidentielle de 2012. Sachons nous en saisir, nous rassembler pour fêter la République de la meilleure manière qui soit : en appelant nos concitoyennes et concitoyens à faire respecter ses valeurs, aujourd’hui et demain. »
Voilà qui est clair : pour Raymond Aubrac, respecter la République, c’est chasser du pouvoir ceux qui la bafouent depuis 2002. Il appelait d’ailleurs à voter Hollande. Il faut croire qu’à l’UMP, ce genre de détails est sans importance. De toute évidence, la plupart des militants et dirigeants de ce mouvement n’ont qu’une idée floue de qui était Raymond Aubrac et des valeurs qui l’animaient. En fait, ils le connaissent si peu qu’une secrétaire nationale de l’UMP, emboîtant un peu trop vite le pas à son président, a écrit sur Twitter : « Hommages à Raymond Aubrac, que vive son esprit de résistance ! On pense ce matin à sa femme Lucie ». Très touchant mais manque de bol, Lucie Aubrac est morte en 2007.
Pas facile d’être crédible quand on rend hommage à quelqu’un dont on ne sait rien. Pas facile de ne pas trébucher quand on s’accroche à toutes les branches au hasard. Pas facile d’être aimé du plus grand nombre quand on se montre depuis des années élitiste, xénophobe, antisocial, stigmatisant, méprisant et nombriliste.
Pas facile de se poser en homme nouveau quand on ressert en guise de programme les promesses non tenues des élections précédentes. Pas facile d’être cru quand on ment sur tout.
Dans un excellent article sur le Huffington Post, Marc Dugain analyse le seul, l’unique ressort de Sarkozy tout au long de sa carrière politique : « Sarkozy malgré de réels efforts ne parvient pas à croire à autre chose qu’en lui-même. […] Il est prêt à tout pour gagner. […] Il a apparemment compris que mentir n’est pas un péché pour peu qu’on pratique le mensonge en toute transparence en attendant le match. Car il n’y a que le match qui l’intéresse. […] Et comment ? En mentant effrontément comme lui seul en est capable »
Heureusement, ça finit par se voir. Le dernier sondage CSA qui vient d’être publié montre que l’écart au second tour vient encore de s’élargir. Sarkozy tombe à 43% et Hollande monte à 57%. A force de prendre les électeurs pour des idiots, ils finissent par vous le faire payer.
Photos trouvées sur le web (la seconde retouchée par mes soins)