Tarik Yildiz, auteur de « Le racisme anti-blanc – Ne pas en parler : un déni de réalité », publié aux Éditions du Puits de Roulle, est un ancien élève de Sciences Po Paris.
Tarik a été très touché par la disparition prématurée du directeur du célèbre établissement, Richard Descoings, à l’âge de 53 ans, auquel il rend hommage dans un article qui vient d’être publié dans le Huffington Post.
C’est avec tristesse et effroi que nous sommes nombreux à avoir appris la mort de notre directeur.
Notre directeur, celui qui n’hésitait jamais à répondre aux sollicitations de ses étudiants ou anciens étudiants. Celui qui recevait tout ceux qui le voulaient, qui aidait de manière désintéressée et audacieuse.
Notre directeur, qui savait mettre les autres à l’honneur.
Au lendemain de sa disparition, les biographies détaillant son brillant parcours se multiplient. Cependant, sa qualité essentielle ne sera sans doute jamais assez mise en valeur : Richard Descoings était un homme généreux. Il aimait les autres. Il souhaitait offrir une chance au plus grand nombre et particulièrement à ceux issus des classes les plus modestes.
Cette volonté a animé l’ensemble de ses politiques à la tête de l’Institut d’Études Politiques de Paris qu’il a dirigé durant seize années. Ouvert au débat, il ne négligeait jamais les observations de ses contradicteurs, allant jusqu’à les prendre trop à cœur. Il ne préjugeait pas de l’importance du discours en fonction du statut de son interlocuteur..
Il défendait par ailleurs l’idée selon laquelle chaque individu, chaque institution, porte une responsabilité vis-à-vis de l’ensemble de la société. L’idéal de la réussite du plus grand nombre devait s’affranchir des simples discours pour devenir une réalité concrète.
Décomplexé, n’ayant plus grand chose à prouver, il était persuadé que les choses devaient changer pour aller vers un nouveau modèle plus proche des préoccupations sociales de chaque individu. Il en voulait aux « codes » en ce qu’ils entravent certains talents de s’exprimer, d’être reconnus et valorisés. Je me souviens d’un dîner récent où il confiait qu’il ne pouvait concevoir une société où l’on juge le prestige d’une école à travers le taux d’échec à son examen d’entrée.
Bien que parfois en désaccord avec ses prises de position, je n’ai jamais douté de la sincérité et des sentiments humanistes de Richard Descoings. Cet utopiste, ce grand homme de la rue Saint-Guillaume va manquer. D’abord à sa famille, à ses proches et à l’ensemble de ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Mais aussi à notre société, aux débats d’idées et à tous les étudiants un peu orphelins.
C’est aujourd’hui à ce directeur au grand cœur, à cet homme qui a changé le cours de tant de vies que nous sommes nombreux à souhaiter rendre hommage et à dire merci.
Chercheur sur l’islam au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA)
Auteur de « Le racisme anti-blanc – Ne pas en parler : un déni de réalité« , publié aux Éditions du Puits de Roulle. Disponible en version papier et en version numérique.
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Merci, Tarik, pour l’hommage magnifique que tu rends à cet homme remarquable.
Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai aussitôt pensé à toi et à la tristesse que tu as dû (et dois toujours) ressentir.
Toute notre sympathie t’accompagne ainsi qu’à ses proches.
Merci beaucoup pour vos mots.
Ça m’a fait chaud au cœur.
La vie continue comme on dit dans ces cas là mais il y aura quand même un manque quelque part.