Deux excellentes nouvelles sont tombées hier : les condamnations de deux empoisonneurs notoires de la planète en général et de l’humanité en particulier, celles de Monsanto en France et des dirigeants d’Eternit en Italie.
Après la condamnation pour escroquerie d’un autre empoisonneur – mental, celui-là – il y a quelques jours, je veux parler de la Scientologie, on a comme la sensation d’un grand bol d’air frais qui repousse le plus loin possible les miasmes d’organisations délétères qui sont prêtes à toutes les horreurs pourvu que leur profit augmente.
Monsanto condamné pour intoxication à l’herbicide d’un agriculteur français
C’est le tribunal de grande instance de Lyon qui a prononcé la sentence : «Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l’inhalation du produit Lasso».
Le 27 avril 2004, Paul François, céréalier dans les Charentes, avait inhalé des vapeurs de Lasso, un désherbant produit par le leader mondial de l’agrochimie, en ouvrant la cuve d’un pulvérisateur. Une cascade de problèmes de santé lui tombe dessus : nausées, évanouissements, puis très vite des troubles neurologiques l’obligeant à cesser toute activité pendant un an – bégaiements, vertiges, maux de tête, troubles musculaires.
Un an après son exposition aux vapeurs toxiques, des analyses retrouvent dans son corps des traces de monochlorobenzène, un solvant qui représente 50% de la composition du Lasso, dont le principe actif est l’anachlore.
Trois ans plus tard, il parvient à lancer une procédure en responsabilité civile contre Monsanto. Le 12 décembre dernier, son avocat reproche à Monsanto d’avoir «tout fait pour laisser le Lasso sur le marché» alors que sa dangerosité est établie dès les années 1980.
Le pesticide est d’ailleurs interdit au Canada, en Angleterre et en Belgique. Monsanto continue pourtant sans hésiter à le commercialiser ailleurs, en toute connaissance de cause. Il n’est interdit en France qu’en 2007. Pire, tant que le produit est commercialisé, aucune mention sur son emballage n’indique la composition du produit ni n’avertit de risques liés à son inhalation, ni même de l’obligation de porter un masque.
Que répond l’avocat de Monsanto ? Qu’il n’y a eu aucun témoin de l’incident. Que rien ne prouve qu’il y ait eu intoxication. Il ajoute même que le monochlorobenzène est très vite évacué par l’organisme et qu’il ne peut donc être responsable des ennuis de santé de Paul François. Sauf qu’on a bien retrouvé de cette substance dans l’organisme de l’agriculteur plus d’un an après son exposition aux vapeurs du produit.
Le tribunal a conclu que le Lasso est bien la cause des troubles physiques qui ont affecté Paul François. Des examens médicaux vont maintenant évaluer son degré d’invalidité pour établir le montant de dommages et intérêts qu’il sera autorisé à réclamer.
Eternit: deux condamnations à 16 ans de prison ferme pour les responsables
Eternit, c’est l’entreprise qui produisait du fibrociment à base d’amiante. La petite ville de Casale Monferrato en Italie a eu le triste privilège d’accueillir l’une de ses principales usines de fabrication dans les années 70.
Les ouvriers qui y ont travaillé ont été exposés aux fibres mortelles pendant des années sans aucune protection ni même précaution, inhalant les poussières soulevées à longueur de journées. Environ 1800 d’entre eux sont morts rien que dans cette commune et un nombre incalculable d’autres sont probablement contaminés sans aucun espoir de pouvoir en réchapper.
Pourtant, une règlementation protectrice a existé très vite mais elle n’a jamais été mise en œuvre pour ne pas faire baisser le profit de l’entreprise. Les deux richissimes propriétaires d’Eternit ont estimé que leurs bénéfices personnels avaient bien plus d’importance que ces vies bousillées après des agonies effarantes. D’ailleurs, ils n’ont pas non plus jugé utile de se présenter au procès.
Le tribunal de Turin les a condamnés à 16 ans de prison ferme, à l’issue du plus grand procès jamais organisé et le premier au pénal sur le drame de l’amiante. Pendant toute l’enquête, l’État a été aux côtés des victimes à tous les niveaux institutionnels.
Le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, 64 ans, et le baron belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne, 90 ans, jugés par contumace, ont été considérés comme responsables de la mort de près de 3 000 personnes en Italie, ouvriers ou habitants de villes où Eternit Italie avait des usines.
Lors de la lecture de la condamnation, toute l’assistance était debout, dans un silence total. Certains ont pleuré. Après la sentence, le président du tribunal a énuméré pendant trois heures les noms des parties civiles qui recevront des dédommagements, chiffrés à plus de 250 millions d’euros.
« Eternit connaissait les dangers de l’amiante, n’a adopté aucune mesure pour protéger les salariés, a refusé de prendre ses responsabilités même lorsqu’elle était au pied du mur et a engagé des structures de lobbying pour endormir les pouvoirs publics », s’insurge l’avocat de l’Association française des victimes de l’amiante (Andeva) qui dénonce le contraste insupportable entre la situation en France et en Italie. Alors qu’en Italie, la justice a été rendue, le procès des responsables n’a même pas commencé dans l’Hexagone. Quinze ans après les premières plaintes en France, une catastrophe sanitaire qui va faire plus de 100.000 morts n’a toujours ni responsable ni coupable, a déploré l’association.
En 2007, plus de 2 millions de tonnes d’amiante étaient encore consommées dans le monde. La Chine en est le principal utilisateur (30%), suivie de l’Inde (15%), de la Russie (13%), du Kazakhstan et du Brésil (5%).
Ce n’est qu’un début, le combat continue
Monsanto a fait appel. Le fait que leur produit soit interdit dans un nombre croissant de pays n’a pas l’air de les troubler beaucoup, puisqu’ils persistent à prétendre que ce n’est pas lui qui a détérioré la santé de Paul François et de bien d’autres agriculteurs exposés au même poison.
Pour Eternit, même son de cloche. Les avocats des accusés vont faire appel, procédure qui peut durer plusieurs années. Leur argument est que les deux condamnés n’ont pas eu de responsabilité directe dans cette tragédie. Si on les comprend bien, ce ne sont pas les responsables de l’entreprise qui sont coupables, c’est l’amiante.
Il n’empêche, la pression est désormais sur ces marchands de mort et les sentences prononcées hier sont un encouragement pour toutes les autres victimes d’entreprises nocives de par le monde. Vandana Shiva a fait fermer un nombre grandissant d’usines Coca Cola polluantes en Inde, Monsanto s’est fait jeter hors d’Haïti lorsqu’ils ont proposé leur « aide » après le tremblement de terre, Chevron a écopé de 18 milliards d’amende en Équateur, Shell a été condamné au Nigeria, Monsanto encore s’est vu interdire un nombre croissant de ses produits néfastes dans certains pays.
D’autres procédures, d’autres actions sont en cours. Ce n’est qu’un début, le combat continue.
Photos :
– Paul François (Reuters) – photo supprimée à la demande de son auteur
– Banderole devant le siège de Monsanto à Bron en 2005 (AFP)
– L’usine Eternit de Casale Monferrato fermée en 2009 (AFP)
– « L’être humain a plus de valeur que l’amiante et le profit du monde » (AFP)
Jean-Gabriel dit toujours qu’il faut bien observer l’actualité à partir du 12 février pour avoir une tendance de l’année à venir. J’espère que ces deux bonnes nouvelles seront les premières d’une longue série !
J’avais reçu l’info de la part de Béatrice Jaud (Severn, Nos enfants nous accuseront) très engagée dans la lutte contre les pesticides.
http://www.annagaloreleblog.com/archive/2010/05/03/severn-la-voix-de-nos-enfants.html
http://www.annagaloreleblog.com/archive/2008/11/06/nos-enfants-nous-accuserons.html
Voici d’ailleurs le lien vers le site « Générations futures », très intéressant :
http://www.mdrgf.org/
» Sauf mention contraire, les photos sont d’Anna Galore. » J’aime beaucoup votre humour. Je suis l’auteur de la photo de Paul François que vous reproduisez sans vergogne et sans signature. Je vous suggère de la faire disparaître rapidement de votre blog et d’éviter d’utiliser des images de l’agence Reuters sans la moindre autorisation, ses services juridiques devenant de plus en plus chatouilleux sur la question des droits d’auteur.
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Robert PRATTA
Photographe
AGENCE REUTERS
Je retire sans problème votre photo mais conformément à la mention que vous rappelez, j’ai bien cité Reuters au pied de l’article comme étant le propriétaire de la photo de Paul François.
Bien cordialement.
On est pas habitué à ce ton là sur ce blog, ça fait super bizarre (je parle du message de R. Pratta).
Un Monsieur pas content, pourtant Anna l’a bien cité, il aurait du lire un peu moins vite lol