Hier soir, en lisant un petit livre illustré par Clovis Perrin (D’est en ouest, texte de Sylvie Ptitsa), j’ai repensé à un autre petit conte : « Comment Wang-Fô fut sauvé, de Marguerite Yourcenar.
« Comment Wang-Fô fut sauvé
Dans la Chine du Moyen Âge, un vieux peintre du nom de Wang-Fô erre de village en village, vivant dans la misère mais dédaignant l’argent, avec pour seul compagnon son disciple, appelé Ling. Ce peintre est le sujet de nombreuses légendes, notamment celle, en ajoutant une touche de couleur aux yeux des personnages de ses peintures, de les rendre vivantes. Un jour où les deux dorment à même le sol dans une auberge, ils sont arrêtés par la milice et emmenés auprès de l’Empereur. Celui-ci lui annonce qu’il aura les yeux brûlés et les mains coupées, mais que, a l’instant du « dernier repas du condamné », il devra terminer une peinture commencée dans sa jeunesse. Le vieil homme se retrouve alors, par un étrange phénomène, à voguer sur les flots de ses songes accompagné de son disciple, abandonnant le monde de l’empereur, qui ne gardera d’eux qu’un peu « d’amertume marine ».
Wang Fô : Wang-Fô est le «sage» qui atteint la perfection esthétique, hors de l’ordre social et des possessions matérielles. Dans sa quête de « l’irréel », le peintre, en effet, inverse les idées reçues : pour peindre une femme, il prend comme modèle un homme et inversement. Il échange volontiers son œuvre contre une « ration de bouillie de millet », préférant la liberté créatrice à l’intégration sociale.
Ling : Il possède des biens matériels et est comblé par la vie, il va découvrir le dépassement spirituel. Ling, qui a compris l’art de son maître et a su le servir, sera sauvé : «ressuscité» par l’art, il aura droit, comme Wang-Fô, à l’immortalité.
Cette nouvelle a été adaptée en court métrage d’animation par René Laloux, sur des dessins de Caza, en 1987 :
Belle journée à tous !
anti
La nouvelle/conte est extraite des Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar.
Très joli conte de Marguerite Yourcenar et très belle adaptation de Philippe Caza, un dessinateur que j’aime beaucoup depuis les toutes premières BD que j’ai lues de lui dans les années 70, dans Pilote puis Métal Hurlant… Il a aussi été le co-scénariste et le concepteur graphique du superbe film d’animation « Les enfants de la pluie ».
J’ai appris qu’il vit à Montpellier depuis une trentaine d’années, le monde est petit !
merveilleux graphisme pour une merveilleuse histoire
Merci pour votre passage ici ! Oui, une petite merveille, en effet.