Dans une version intermédiaire de son rapport qui sera remis fin janvier, la Cour des Comptes fait une analyse des coûts réels de la filière nucléaire française qui confirme point par point les principales critiques des Verts et désavoue les annonces caricaturales du lobby pro-nucléaire qui s’était exprimé en particulier lors du débat PS-EELV sur le sujet.
Les dépenses nucléaires civiles totales ont été jusqu’à présent de 227,8 milliards d’euros. Elles incluent les coûts de recherche, les usines Areva et les réacteurs actuellement arrêtés. La seule construction du parc nucléaire actuel a coûté 96 milliards d’euros, soit 1,5 milliard le mégawatt (MW) installé (contre 3,7 milliards le MW pour l’EPR, souligne la Cour).
Le rapport se penche ensuite sur les investissements nécessaires pour faire face au démantèlement et à la gestion des déchets. Il souligne qu’en la matière, les réponses données par les opérateurs sont d’un flou total. Les charges estimées pour le démantèlement sont de 22,2 milliards d’euros. Un chiffre que la Cour considère avec scepticisme, soulignant que « l’expérience en la matière, tant d’EDF que du CEA ou d’Areva, ayant montré que les devis ont très généralement tendance à augmenter quand les opérations se précisent, d’autant plus que les comparaisons internationales donnent des résultats très généralement supérieurs aux estimations d’EDF » (comme en Grande-Bretagne par exemple).
La Cour des comptes « confirme la nécessité et l’urgence de faire réaliser […] des audits techniques par des cabinets et des experts extérieurs afin de valider les paramètres techniques » de la nouvelle méthode de calcul préconisée. « Nul doute qu’il n’y a rien de nouveau depuis le précédent rapport de la Cour sur ces coûts en 2005-2006 », souligne un expert. « On en saura plus seulement lorsqu’EDF aura avancé dans le démantèlement du réacteur de Chooz A, à l’arrêt depuis 1991, qui sera le premier réacteur à eau pressurisée à être déconstruit. » Les réacteurs précédemment arrêtés appartenaient à une autre technologie (graphite-gaz), les méthodes ne sont en effet pas comparables et les coûts non plus.
Concernant les coûts de la gestion des déchets de longue durée, la Cour estime qu’ils ne sont pas stabilisés. leur estimation repose sur un devis de 2003 qui a, depuis, plus que doublé, passant de 15 à 35 milliards d’euros, « il y a donc un doute manifeste sur le bon niveau des provisions d’EDF, d’Areva et du CEA ».
La Cour recommande que « soit rapidement fixé le nouveau devis sur le coût de stockage géologique profond, de la manière la plus réaliste possible, c’est-à-dire en tenant compte des résultats des recherches menées sur ce sujet mais sans anticiper sur leurs résultat ».
Enfin, la Cour est sceptique sur le credo des pronucléaires en matière de retraitement des combustibles. Elle demande en effet à l’organisme concerné de chiffrer l’hypothèse d’un stockage, dans son futur centre souterrain, des combustibles usés (déjà retraités une première fois) sortant des centrales.
Le mythe du recyclage continue de s’effondrer.
Les principaux éléments sur lesquels cette note a été rédigée proviennent d’un article publié par Terraeco.net