Les gamins de la ZUP, si vous en entendez parler sur TF1, M6 ou par le FN, vous croyez que c’est juste racaille et compagnie et que ça se nettoie au Kärcher. Et en plus, ils ne sont même pas blancs.

C’est rien que des immigrés, des intégristes, des délinquants, des petits dealers de drogue qui font peur aux braves gens et les agressent même en plein jour, ma pov’dame, on n’est plus en sécurité nulle part.

Les gamins de la ZUP, si vous les rencontrez pour de vrai, vous savez tout de suite que tout ça, c’est des conneries. Qu’ils soient de la ZUP ou des beaux quartiers, les gamins veulent juste s’amuser et passer du bon temps ensemble. C’est quand même mille fois mieux que de rester devant la télé.

Hier soir, on était dans un bar de Nîmes, l’Ever’Inn de la place Séverine – oui, un nom comme ça, ça fleure bon son Brice de Nice ou son Igor d’Hossegor.

C’était là que se retrouvaient une bonne trentaine de gamins de la ZUP. Des casquettes à l’envers et des survets flashy autant que des chemises cintrées et des tenues sages. Des blacks, des rebeux, des métis et même des blancs, mais si, il y en a.

Ils venaient tous pour se battre.

Mais attention, pas pour se cogner dessus comme font les braves gens quand ils ont un accrochage dans la rue ou qu’ils vont au match de foot.

Non, eux, ils venaient se battre pour rire et pour le plaisir : en dansant.

Deux groupes se sont formés et à tour de rôle, un des gamins de chaque groupe venait se mettre au milieu des deux clans et enchaînait tout ce qu’il pouvait trouver de plus fort dans son stock de figures de hip-hop ou de krump. Et le suivant venu du camp d’en face essayait de le surpasser, pas à coups de poings ou de batte en bois, non, juste avec des pas de danse et des figures acrobatiques.

Et à chaque fois que l’un des gamins terminait son enchaînement, tout le monde l’applaudissait et tout le monde se marrait, même le plus âgé, avec sa barbe et ses lunettes, qui est celui qui donne des cours aux plus jeunes.

Et à la fin de la grande bataille, tout le monde se congratulait, se donnait l’accolade et se réjouissait de la soirée qui venait de se passer, juste à rire et à danser.

Lorsqu’on est reparti, il pleuvait à verse. On a embarqué trois des gamins avec nous en plus de Gwlad et on est allé les reconduire chez eux, devant leur porte, à la ZUP. Oui, en pleine nuit, et personne ne nous a agressés, quoi qu’en pensent TF1, M6 et le FN. Parce que la nuit, dans la ZUP comme dans les beaux quartiers, on dort.

Et des gamins comme ceux qu’on a rencontrés hier, on n’en connait pas de plus adorables.

Très belle journée à vous