J’ai commencé à avoir vraiment peur en regardant mardi soir comme six millions d’autres téléspectateurs le documentaire de Daniel Costelle et Isabelle Clarke, « Apocalypse Hitler« , aussi remarquable que terrifiant. On suit avec un effroi croissant la trajectoire irrésistible qui fait d’un inculte raté et insignifiant, un monstre haineux qui galvanise tout un pays et cause cinquante millions de morts. Comment quelqu’un qui ne représente que 1 à 2 % des voix dans les années 20 peut-il conquérir le pouvoir démocratiquement dix ans plus tard en annonçant clairement auparavant à tous qu’il sera, aussitôt élu, un dictateur intolérant et sanguinaire ? En s’appuyant sur trois ressorts qui sont malheureusement toujours d’actualité : les ravages d’une crise financière mondiale qui fait se déchirer tous les partis traditionnels, l’utilisation comme bouc émissaire d’une population aux croyances religieuses différentes de la majorité et l’exacerbation de ce qu’il y a de plus noir dans l’âme humaine. J’ai espéré que Sting avait tort de chanter que l’Histoire ne nous apprend rien et qu’on refait toujours les mêmes erreurs dans les mêmes circonstances, mais je n’ai trouvé aucun contre-exemple pour démontrer le contraire dans toute l’histoire de l’humanité depuis son apparition. La seule attitude sensée est donc d’être d’une vigilance extrême pour empêcher que les mêmes circonstances se reproduisent. Nous avons sur ce point un avantage qu’aucun peuple n’avait il y a encore à peine vingt ans : la démocratie directe et l’information ouverte qu’Internet a rendues possible.

J’ai commencé à lire un livre dont Anti me parle depuis des années. Il s’appelle « Écriture » et il est de Stephen King. Il parle de son métier, écrire, et c’est tout simplement passionnant. Le ton est donné dès le début avec ce principe édicté par William Strunk : « Enlevez tout mot inutile. » On est totalement pris par ce qu’il raconte, avec un talent inimitable. Le passage le plus saisissant pour le moment – je n’ai pas encore tout lu – est celui où il décrit la genèse de son premier best-seller, « Carrie« , en s’appuyant sur des scènes de son quotidien, très pénible à cette époque, et sa rencontre avec deux étudiantes particulièrement malmenées par la vie qui vont lui donner tout ce qui sonne vrai dans le personnage de Carrie. J’ai aussi dévoré avec délice les pages où il décrit la caisse à outils de l’écrivain, superbement explicite. Un grand, grand régal. J’en suis à peu près à la moitié et il me tarde de poursuivre ma lecture.

J’ai commencé à penser que la petite panne de mon décodeur Canalsat depuis trois jours devenait agaçante. Ça ressemblait à un faux-contact mais j’avais beau trifouiller la connexion, rien à faire. J’ai fini par appeler un réparateur en me disant tant pis s’il se moque de moi parce que c’était trois fois rien à corriger, ce qui compte c’est que ça fonctionne à nouveau. Et là, grande satisfaction : ce n’était pas un simple problème de faux-contact mais la parabole qui avait légèrement bougé à cause du vent. Il fallait la réaligner en montant sur le toit, avec un appareil spécial et tout et tout. Une vraie panne, quoi, vraie de vraie. Ben, ça m’a fait plaisir.

J’ai commencé à me sentir pour la millionième fois dans une vie de rêve en voyant trois de nos chats prendre un bain de soleil en somnolant ensemble comme des bienheureux. Il suffit de peu pour ressentir la plus sereine des sensations devant la plus paisible des scènes.

J’ai commencé à t’aimer pour la première fois ce matin, comme chaque jour avant, comme chaque jour après. Rien ne peut être plus vrai.

J’ai commencé cette note dans les ténèbres et je l’ai terminée dans la lumière.

Très belle journée à vous