Habituellement, quand une info est partout dans la presse, nous n’en parlons pas sur le blog, n’ayant pas vocation à être un quotidien d’information et partant du principe que si c’est partout ailleurs, il n’est pas utile qu’on le reprenne aussi, sauf si c’est sous un angle qui nous est propre.
Il y a cependant quelques exceptions et l’annonce du Nobel de la Paix hier en mérite largement une. Non seulement il a été attribué à trois femmes pour la première fois de son histoire, mais les trois sont africaines. Trois femmes qui ont consacré toute leur énergie à réparer la barbarie des hommes.
La première est Ellen Johnson Sirleaf, première présidente élue du Libéria, un pays qui a été synonyme d’enfer pendant une interminable guerre civile – de 1989 à 2003 – faisant des centaines de milliers de victimes, entrainant le déplacement de trois millions d’habitants (la moitié de la population du pays) et transformant un nombre considérable d’orphelins en enfants-soldats. En 2005, elle est élue démocratiquement, la première chef d’état de toute l’Afrique à l’avoir été. Elle œuvre aussitôt « à établir la paix au Liberia, à promouvoir le développement économique et social et à renforcer la position des femmes », souligne le Comité Nobel.
La seconde lauréate est aussi Libérienne, il s’agit de Leymah Gbowee, militante courageuse et inflexible des droits des femmes et de la réinsertion des enfants-soldats dans une vie plus normale. Elle a mobilisé des femmes « au-delà des clivages ethniques et religieux pour clore la longue guerre au Liberia », souligne le Comité Nobel. Cette mère de cinq enfants milite depuis longtemps pour les droits des femmes et contre le viol. En 2003, elle prend la tête d’une manifestation de femmes à Monrovia pour demander le désarmement rapide des combattants. Elle est aujourd’hui directrice du « Réseau des femmes pour la paix et la sécurité en Afrique ».
La troisième lauréate, Tawakkul Karman, est Yéménite, première femme arabe à obtenir un Nobel. Le Comité a déclaré qu’elle « a joué un rôle prépondérant dans la lutte pour les droits des femmes et pour la démocratie et la paix au Yémen ». Tawakkul Karman a dédié son prix à tous ceux qui ont lutté pour ce que l’on a surnommé le Printemps arabe. Elle dirige l’organisation « Femmes journalistes sans chaînes » et se bat depuis 2006 pour le départ du dictateur Ali Abdullah Saleh dans son pays. Elle est membre d’un parti islamique, Islah, qui possède des liens avec les Frères musulmans, une organisation « perçue en Occident comme une menace pour la démocratie », note le président du Comité Nobel, qui réfute cette perception. « De nombreux signes montrent que ce genre de mouvement peut être une partie importante de la solution », assure-t-il.
De nombreuses personnalités réunies pour les 80 ans de Desmond Tutu au Cap, en Afrique du Sud, ont salué le choix du Comité Nobel.
Sources : AP, France-Info et Wikipedia