J’y faisais référence hier rapidement, trois permis de prospection de gaz de schiste en France viennent d’être abrogés. C’est une grande nouvelle pour les défenseurs de l’environnement, c’est à dire de la qualité de notre vie à tous. Les permis avaient été accordés à Total et à l’Américain Schuepbach dans le sud de la France, pour une surface totale de prospection de près de 10 000 km2 répartis sur sept départements du sud de la France.
Le danger majeur relevé par les opposants aux gaz de schiste est la technique mise en œuvre pour les extraire de la roche, la fracturation hydraulique. En effet, elle consiste à faire éclater la roche entre 1000 et 3000 mètres de profondeur avec un mélange sous pression d’eau, de sédiments et de produits chimiques dangereux, créant des milliers de fissures qui laissent remonter le gaz jusqu’à la surface, au risque quasi certain de polluer au passage les nappes phréatiques qui peuvent se trouver sur son passage.
Les deux projets de prospection de Schuepbach mentionnaient explicitement qu’ils auraient eu recours à cette technique. Or, la fracturation hydraulique a été interdite en France depuis juillet dernier. Il était donc logique que les permis correspondants soient abrogés.
Le cas est sensiblement différent pour le permis qui avait été accordé à Total. Le rapport du pétrolier indiquait en effet qu’aucun recours à la fracturation hydraulique ne serait mis en œuvre sur le site de 4000 km2 proche de Montélimar où il envisageait de procéder. Mais les alternatives décrites n’ont pas été jugées crédibles par Nathalie Kosciusko-Morizet.
«Total déclare vouloir maintenant chercher des hydrocarbures classiques, donc non gaz de schiste, dans une zone où le potentiel est très limité et alors même que Total se désintéresse de la recherche du conventionnel sur le territoire terrestre français depuis des années», a indiqué la ministre. «Et Total annonce aussi vouloir continuer à rechercher du gaz de schiste avec des techniques qui ne sont pas la fracturation hydraulique, or on sait aujourd’hui que ces techniques ne sont pas opérationnelles».
José Bové, à la tête du mouvement des anti-schiste, a fait part de sa satisfaction, tout en demandant plus de garanties autour d’autres permis. Pour les 61 autres permis d’exploration toujours en vigueur, dont 12 concernent des hydrocarbures non conventionnels, toutes les compagnies «ont pris l’engagement formel de ne pas recourir à la fracturation hydraulique», a indiqué le ministère.
Jeudi, l’Assemblée nationale doit discuter d’un texte déposé par le PS et les Verts visant à interdire l’exploitation des gaz et huiles de schiste «quelle que soit la technique».
Photo : Manifestation anti-gaz de schiste à Lézan dans le Gard, le 27 août 2011 (A. Chauvet, 20 Minutes)