J’ai appris hier par un ami la disparition d’Abel Granier, à l’âge de 95 ans. Authentique visionnaire de la cause écologique, Abel Granier a consacré les plus belles années de sa longue vie à implanter et à développer l’agriculture biologique en Tunisie, pays où il a vécu une grande partie de son existence.
En 1953, Abel et Jane Granier prennent en charge la ferme de Bordj-Tell en zone semi-aride dont les terrains collinaires érodés et ruinés par les monocultures céréalières et les labours incessants ne portent plus que des productions dérisoires entre ravins et sommets pierreux.
Ils traiteront et réhabiliteront ces terres en utilisant les connaissances de l’histoire de l’Antiquité tunisienne et méditerranéenne pour l’un et l’expérience de la biodiversité locale pour l’autre.
De 1953 à 1960, une forêt de 70 000 arbres est plantée, une oliveraie de 11 000 oliviers est installée, ainsi que des prairies de sulla et luzerne, un programme d’assolements sur 10 ans, la création d’un troupeau de moutons de race et la constitution d’une étable de vaches laitières. De 1965 à 1969, la ferme de Bordj-Tell est considérée comme un modèle agricole pour tout le Nord de la Tunisie. Elle est actuellement louée par l’État à des sous-exploitants.
En 2001 est créée l’Association Abel Granier qui a pour but de pérenniser son œuvre : créer une conscience agronomique dans la société qui ignore trop souvent d’où proviennent les aliments nécessaires à son existence et mettre à profit l’expérience acquise à Bordj-Tell en établissant les moyens d’une formation pratique pour communiquer les procédés culturaux expérimentés avec succès dans la réhabilitation des sols détériorés et fragiles. Ses membres sont répartis entre la France, l’Allemagne, la Suisse et la Tunisie.
Les plantes se nourrissent de la terre et je me nourris des plantes (Diderot)
Pour recréer un sol vivant à partir de terres épuisées par une agriculture intensive peu soucieuse de leur pérennité, il faut rétablir la biosphère en obtenant la réapparition de la matière organique sur un terrain dégradé, en restaurant un milieu favorable aux micro-organismes, partenaires des végétaux, et en assurant l’absorption des intrants et des eaux pluviales.
Seules des plantes soigneusement choisies peuvent rétablir la matière organique. Il existe en effet des plantes pionnières, riches en résidus azotés importés de l’atmosphère par leurs partenaires microbiens, des plantes dont les racines restructurent le sol et assurent la conservation de l’azote et des plantes capables de subir la sécheresse élevée du climat du Maghreb où l’association a l’essentiel de son activité.
A titre d’exemple, la luzerne établie entre les oliviers permet de nourrir des vaches et des chèvres qui assurent une production laitière. La luzerne apporte également de l’azote aux arbres, assure le couvert végétal protecteur pour éviter l’évaporation des eaux d’irrigation et restructure le sol permettant un meilleur enracinement des arbres. Les jeunes oliviers commencent dès lors à entrer en production dès la 3ème année de plantation.
Grâce à Abel Granier, un nombre croissant d’étudiants et de petits exploitants locaux ont appris à réhabiliter de façon écologique leurs sols dégradés et assurer un suivi de leur planning agricole. Son association va désormais poursuivre sa route sans lui pour pérenniser son magnifique travail au service de la Terre et des bienfaits qu’elle nous offre lorsqu’elle est respectée.
Très belle journée à vous
Site officiel : Association Abel Granier
« Les plantes se nourrissent de la terre et je me nourris des plantes » Diderot.
Tout est dit…………plus que jamais.
Pour les jours de gros doutes, lire ce genre de note Anna tout comme celle d’hier fait un bien fou au moral. On y croit plus que jamais.
Je vais me renseigner pour savoir quelles sont les ramifications de l’assoce en Suisse. J’aime bien l’idée des ateliers de la terre en milieu scolaire.
« Ils traiteront et réhabiliteront ces terres en utilisant les connaissances de l’histoire de l’Antiquité tunisienne et méditerranéenne pour l’un et l’expérience de la biodiversité locale pour l’autre. »
Encore une fois la preuve est faite que nous n’avons pas besoin de nouveautés, de produits divers et variés, etc.
Le monde a besoin de personnes comme ce couple et c’est une bonne nouvelle que d’apprendre que leur modèle leur survivra.
« Pour les jours de gros doutes, lire ce genre de note Anna tout comme celle d’hier fait un bien fou au moral. On y croit plus que jamais. »
Même pour les jours où l’on ne doute pas, comme ça, on a encore plus la patate ! Alors sinon, dans ces périodes là, mes petits trucs remonte moral :
Revoir « Solutions locales pour un désordre global » qui montre combien il y a des initiatives locales respectueuses de la nature et de tous les êtres vivants partout dans le monde contrairement aux infos que nous rabâchent les médias et surtout revoir les films de Franck Capra, en particulier « La vie est belle » et « Horizons perdus ».
anti
« contrairement aux infos que nous rabâchent les médias »
C’est bien vrai, ça ! Mais un nombre croissant de gens ne se laissent plus embobiner par la propagande de l’agro-industrie lourde et Internet n’est pas pour rien dans la diffusion libre de l’information sur ce sujet comme sur d’autres.
La meilleure preuve en est la montée en puissance considérable des partis politiques Verts (quel que soit leur nom) un peu partout et la reprise de leurs idées par les autres partis traditionnels (ce qui est une excellente chose). Une rubrique de France Info ce matin était consacrée à ce sujet en ce qui concerne la France.