Nous vous avons déjà alertés ici sur les risques considérables que présente l’exploitation des gaz de schiste. De l’eau du robinet qui prend feu ? Oui c’est possible. Et ce n’est que l’un des nombreux dangers de cette technique incontrôlable d’extraction.
Pour le moment, après le lancement d’un chantier immense en Ardèche, Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’Environnement, a annoncé la suspension de tous les travaux.
Plus de 10 000 personnes, dont José Bové, étaient hier en Ardèche pour dire « Stop au gaz de schiste ».
Derrière le slogan « No gazaran », les manifestants se sont rassemblés à Villeneuve-sur-Berg pour marquer leur opposition à l’exploitation de ce gaz emprisonné à 3.000 mètres sous terre. Principales inquiétudes des opposants: la pollution des nappes phréatiques et les dégâts sur les activités rurales et touristiques.
Pour extraire ce gaz, il faut effectivement forer des puits tous les 200 mètres et y injecter des millions de m3 d’eau additionnée de sable et de produits chimiques afin de libérer les particules gazeuses.
En contrebas, la plaine de Mirabel, des fermes, des vignes, des cultures, un camping. Au loin, les montagnes si chères à Jean Ferrat. Ici, « ils risquent de forer deux puits » et d’ériger une torchère, pour brûler les gaz, explique Guillaume Vermorel, spéléologue et l’un des initiateurs du rassemblement.
« Ils »? Les industriels Schuepbach Energy et GDF-Suez qui ont obtenu un permis pour explorer 930 km2 autour de Villeneuve. Deux autres permis, dits de Nant (Aveyron) et Montélimar (Drôme), ont été accordés en mars 2010 par les services de l’ancien ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo.
Devant la fronde grandissante des élus locaux et régionaux, des riverains et des écologistes, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé début février la suspension des travaux d’exploration dans l’attente des conclusions d’une mission d’évaluation des enjeux environnementaux, en juin.
Pour appuyer leur combat, les différents collectifs départementaux se sont par ailleurs constitués samedi matin à Valence en coordination nationale.
Dans la foule, Alain Gibert, maire écologiste de Rocles, estime qu' »il se passe la même chose qu’avec les OGM: les populations ne sont pas consultées ». Et les maires non plus. Alors, dans sa commune ardéchoise de 240 habitants, il a pris, comme contre les OGM, un arrêté pour interdire l’exploitation de ce gaz.
A ce jour, la préfecture ne l’a toujours pas contesté. Et la culture des OGM est toujours interdite en France.
Source : AFP
Photos : Yan Doublet – Le Devoir (1) et AFP (2)
http://www.rue89.com/planete89/2011/02/23/contre-le-gaz-de-schiste-le-larzac-de-bove-bouge-encore-191841
Très intéressant, cet article. Merci !
« Vendredi 26 février, le New York Times publiait des données triées parmi 30.000 documents confidentiels produits par l’EPA, l’agence de protection de l’environnement américaine. Ces documents révèlent que les eaux rejetées par les forages de gaz de schiste sont radioactives à des taux qui peuvent atteindre 1.000 fois les limites autorisées pour l’eau de boisson. […]
En Pennsylvanie, où l’on compte 71.000 forages actifs, une grande quantité d’eaux usées est rejetée dans la rivière Monongahela, qui alimente plus de 800.000 personnes en eau du robinet notamment dans la ville de Pittsburgh. Des niveaux un peu moins élevés de radioactivité ont été observés dans la rivière Delaware, qui fournit l’eau potable de plus de 15 millions de personnes dans la région de Philadelphie.
A la fin 2008, une sécheresse a fait craindre aux autorités une forte pollution par les eaux usées et les habitants de Pittsburgh ont été incités à consommer de l’eau en bouteille. L’EPA décrit cet incident dans un document interne comme «un des plus grands échecs des Etats-Unis dans la fourniture d’eau potable». […]
«Pour chauffer la maison, on brûle les meubles», accuse John H.Quigley, ancien secrétaire du département de Conservation des ressources naturelles de Pennsylvanie.
Les scientifiques de l’EPA ont beau s’alarmer, mettant en garde contre une radioactivité dangereusement élevée dans l’eau du robinet, rien n’a été fait pour contrôler le retraitement des eaux issues des forages. Et les autres effets collatéraux des gaz de schiste, notamment la pollution de l’air, inquiètent les chercheurs. «Les impacts de la fracturation hydraulique sur la santé, ainsi que des contaminations de l’air et de l’eau, ont été constatés dans au moins une douzaine d’Etats», témoigne Walter Hang, président de l’entreprise Toxics Targeting, qui collecte des données sur les forages de gaz. »
Source : 20 Minutes, Audrey Chauvet
http://www.20minutes.fr/article/679692/planete-des-documents-confidentiels-dangers-gaz-schiste-publies-new-york-times
Au tour de la région parisienne :
« Entre 1800 et 2000 personnes sont venues soutenir le collectif Stop au pétrole de schiste 77, à l’origine de la première grosse manifestation en Ile-de-France.
Le 26 février, plus de 10000 personnes s’étaient déjà mobilisées en Ardèche. En ligne de mire : les permis d’exploration du sous-sol minier accordés par le gouvernement aux compagnies américaines associées Toreador et Hess.
Les travaux qui avaient démarré à Doue en janvier ont été stoppés sur intervention de la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Toreador a néanmoins informé la commune de la reprise des travaux dès le 15 avril, avec l’arrivée d’une tour de forage. « L’entreprise fait fi du rapport d’étape demandé par la ministre, déplore le maire Jean-François Delesalle. Il faut s’opposer dès maintenant à la reprise des travaux et exiger le retrait de tous les permis d’exploration! »
Dans la foule, les pancartes s’agitent : « Sarko dégaze », « Pas la peine d’inschister »… Des jeunes avec des masques à gaz brandissent « Notre or, c’est notre eau ». Marie-Paule Duflot (mère de Cécile), présidente de Nature Environnement 77, renchérit : « Le permis de forage utilisera l’équivalent de la consommation annuelle d’eau de 4000 habitants. Le département est en seuil renforcé de sécheresse. On veut garder cette eau propre pour nos enfants, pas pour quelques gouttes de pétrole. »
La députée européenne (Europe Ecologie-les Verts) Eva Joly dénonce quant à elle « un projet absurde d’un autre temps » alors que l’heure est « aux énergies renouvelables ». Hier, José Bové a appelé hier à bloquer « les routes à l’arrivée des camions pour empêcher la reprise des travaux partout en France ». »
Source : Le Parisien