La visibilité de notre blog fait que je reçois sur l’adresse mail « Anna Galore » un nombre croissant de communiqués de presse divers et variés, envoyés dans l’espoir que nous reprenions les infos reçues dans une note. Je n’ai rien contre. Certes, souvent, cela s’apparente à du spam, mais de temps en temps, j’y découvre des choses plutôt sympathiques. Jusqu’à présent je n’avais pas relayé quoi que ce soit faute de temps ou d’intérêt, me disant que cela viendrait bien un jour.
Ce jour, c’est aujourd’hui, sauf que le service de presse qui m’a envoyé ce dont je vais parler ne va pas du tout aimer ce que je vais en dire. Ce sont les risques du genre.
Hier, donc, je reçois une nouvelle annonce des Éditions Au Diable Vauvert, une belle réussite de la région pour laquelle j’ai le plus grand respect, même si certains de ses choix éditoriaux ne sont pas ma tasse de thé. Manque de chance, l’annonce en question tombait justement dans la catégorie que je déteste : la littérature pro-corrida soutenue par la fondatrice et patronne de cette maison.
Bonjour,
Les Éditions du Diable Vauvert publie le 27 mai prochain, L’Appel de Séville de Francis Wolff. Cette allocution est un hommage philosophique à la tauromachie.
Vous trouverez en pièce jointe une présentation de cet ouvrage.
Je reste bien évidemment à votre disposition pour tout renseignement.
Je vous souhaite une bonne journée
Je marque un moment de stupeur devant l’expression « hommage philosophique à la tauromachie« . Chaque mot a un sens clair mais leur combinaison me laisse perplexe. Qu’y a t-il de philosophique dans le fait de faire longuement agoniser des animaux en public avant de les achever sous les applaudissements de la foule ? Quel hommage peut-on rendre à cela ?
Pour le savoir, je lis donc la présentation attachée. Dans ce qui suit, tout ce qui en italiques entre guillemets est de ce Francis Wolff, ami de la sagesse (c’est ce que signifie le mot philosophe). Ça commence plutôt mal.
« La corrida est moins qu’un art parce qu’elle semble échouer à produire une vraie représentation, vouée qu’elle est à la présentation du vrai : un vrai danger, une blessure béante, la mort. Mais, pour la même raison, la corrida est plus qu’un art : c’est la culture humaine même. »
Ah, d’accord.
Même ce monsieur qui pense rendre hommage à la corrida commence en admettant que ce qui est vrai, c’est que la corrida est « un vrai danger, une blessure béante, la mort« . Et ce qui la rendrait plus qu’un art – et là, j’avoue que je ne saisis pas en quoi – c’est que cette blessure dangereuse et mortifère, « c’est la culture humaine même« .
Quelle vision sinistre et ahurissante ! J’espère que la plupart des humains qui aspirent à plus d’humanité voient leur culture comme une élévation, une voie d’éveil, un chemin vers plus de lumière. Pas comme « un vrai danger, une blessure béante, la mort« .
Un peu plus loin, l’auteur précise sa pensée sur la corrida : « Comme la domestication, fondement de la civilisation, elle humanise l’animal, mais elle le laisse libre. Comme dans un combat, on cherche à dominer l’adversaire, mais toujours le même doit y vaincre, c’est l’homme. »
C’est le taureau qui doit être content de savoir que la torture qu’il subit l’humanise et que c’est forcément l’homme qui gagne. Un merveilleux message d’espoir.
Et notre grand philosophe d’insister ensuite sur « l’issue connue d’avance — comme dans un rite sacrificiel. » et de glorifier cet « art […] au-dessus de tout autre art » dont les caractéristiques admirables à ses yeux sont « la blessure du corps, le sang, la mort. »
Là, vous devez vous dire comme moi : ce n’est pas possible, ce type est en fait un anti-corrida tellement il souligne l’horreur que cela représente et les pro-corrida doivent le détester.
Pas du tout. Les aficionados l’adorent. Le communiqué de presse précise même qu’il a eu « l’honneur insigne pour un français, d’être invité à prononcer le discours inaugural de la feria de Seville 2010 ». Cette fascination mortifère, ils se glorifient de la partager.
Bon. Je crois que je vais plus jamais rien recevoir des Éditions Au Diable Vauvert.
J’ai répondu ceci à l’attachée de presse :
Bonjour,
La tauromachie est une barbarie, une abomination, une négation de l’humanité. Aux côtés d’un nombre sans cesse croissant d’autres personnes, je milite activement pour son abolition et je me réjouis que cette cause progresse partout dans le monde.
Associer dans une même expression « hommage philosophique » et « tauromachie » est au mieux un oxymore, au pire une escroquerie intellectuelle.
Merci de ne plus me faire parvenir à l’avenir de propagande visant à défendre la survie de cette torture ritualisée que rien ne justifie si ce n’est un désir pervers d’y assister, comme le reconnait d’ailleurs Francis Wolff lui-même dans son allocution, mais pour s’en délecter.
AG
Très belle journée à vous
Photos :
1 – AG
2 – Corrida à Arles – Jérôme Lescure, CRAC
3 – Manifestation anti-corrida à Madrid – P. Hanna / Reuters
4 – AG
Bien répondu.. De plus, si je peux me permettre, il écrit très mal. Ces phrases sont construites avec un niveau linguistique et grammaticale équivalent à celui des ado de 13 ans qui écrivent sur le forum de jeuxvideo.com en essayant de mettre du « style ».
J’y vois aussi une escroquerie intellectuelle.
Ce qui me choque le plus dans le titre c’est « hommage » et « philosophique », une manière détournée de dire « faisons-nous l’avocat du diable puisque la philosophie permet à chacun de se créer sa propre réalité ». Mais ça je le dis toujours, pour moi la philosophie c’est bien pour soi-même, c’est dangereux de vouloir à tout prix la partager, et de vouloir l’imposer ce n’est plus de la philosophie (d’où mon désintérêt total pour les cours de philo en Terminale).
La tauromachie avait probablement une raison culturelle il y a longtemps, quand l’homme occidental croyait encore dans le sacrifice animal pour satisfaire ses dieux, mais il me semble que le monde a évolué depuis longtemps dans nos pays latins. Les gens n’ont qu’à aller dans les abattoirs si ils veulent voir des bovins sanguinolents.
« la catégorie que je déteste : la littérature pro-corrida soutenue par la fondatrice et patronne de cette maison. »
Ouaip, « créé en 2004 par l’association Les Avocats du diable vauvert, le Prix Hemingway récompense chaque année la nouvelle inédite d’un écrivain français ou étranger ayant déjà publié (quelque soit le support), sur le thème de la tauromachie, son univers ou sa culture. »
A quand le prix Henry-Jean Servat ? Ce serait sympa un prix qui récompenserait des nouvelles anti-corrida, non ?
Bravo Anna 😉 Tu me plais petite !
anti, en partance pour une nouvelle journée bien remplie !!!
« A quand le prix Henry-Jean Servat ? Ce serait sympa un prix qui récompenserait des nouvelles anti-corrida, non ? »
Je m’inscris !
Une variante serait d’envoyer des nouvelles anti-corrida au jury du Prix Hemingway. Après tout, il s’agit bien là aussi de textes « sur le thème de la tauromachie, son univers ou sa culture. »
^^
C’est une idée, mais je ne pense pas que ça irait plus loin que la corbeille de papier… Remarque, c’est déjà ça !
anti
« Une variante serait d’envoyer des nouvelles anti-corrida au jury du Prix Hemingway. Après tout, il s’agit bien là aussi de textes « sur le thème de la tauromachie, son univers ou sa culture. »
Génial!
« C’est une idée, mais je ne pense pas que ça irait plus loin que la corbeille de papier… Remarque, c’est déjà ça ! »
…
Rien n’empêche une bonne éditrice de ramasser les papiers froissés de ces nouvelles (qui ne demandent qu’à étre écrites) dans la corbeille et de les éditer « style salon des indépendants »..
😉
Je sens qu’il y en a une de nous qui prépare déjà un petit mail à Henry-Jean Servat pour lui demander s’il accepterait de parrainer amicalement le projet 😉
Toute mon approbation Anna pour ta réponse à l’attachée de presse.
Il paraît qu’il y a un projet de faire des corridas à la Grande Motte. (Peut-être n’y en avait-il pas avant en ce lieu!)
Nous l’avons appris aussi (par la même source que toi, probablement). L’Alliance Anticorrida en a été informée.
Une info de la part de Sylvana :
http://www.veterinaires-anticorrida.fr/article-valencia-les-veterinaires-ne-cautionnent-plus-la-corrida-66272478.html
Mardi 1 février 2011 2 01 /02 /Fév /2011 22:41
Valencia : les vétérinaires ne cautionnent plus la corrida /// Valencia_La_Ciudad_de_las_Artes_y_las_Ciencias.jpg
Au-delà des Pyrénées, les vétérinaires espagnols prennent de plus en plus leurs distances vis à vis de la « fiesta nacional ».
Nous reproduisons ainsi un communiqué de l’AVAT (Asociación de Veterinarios Abolicionistas de la Tauromaquia) en date du 27 janvier 2011, qui concerne Valence, troisième ville d’Espagne après Madrid et… Barcelone.
Le Collège de Vétérinaires de Valence n’accordera plus de prix au meilleur taureau de sa féria.
Il est de tradition que certains Collèges régionaux de Vétérinaires accordent chaque année un prix au meilleur taureau mis dans l’arène durant la féria de leur ville. La bête méritant la récompense est celle qui a démontré le plus de « trapío », de « noblesse », de « caste » et de « race ». Pour le Collège de Vétérinaires de Valence, la remise du prix « Taureau d’Or » à l’éleveur de l’animal retenu coïncidait avec la célébration de Saint François d’Assises, patron des vétérinaires.
Après la plainte présentée l’an passé par un groupe de membres du Collège, et la parution dans la presse des déclarations d’une consœur, membre de l’Association des Vétérinaires pour l’Abolition de la Tauromachie (AVAT), le Comité Directeur du Collège de Vétérinaires de Valence a décidé de demander aux professionnels s’il convenait ou non de continuer à accorder le prix.
Notre association a envoyé lundi 24 une lettre au Président du Collège de Vétérinaires de Valence, pour le remercier de donner aux membres inscrits la possibilité de prendre cette décision, en faisant les remarques opportunes à ce sujet.
L’assemblée collégiale qui s’est tenue hier, mercredi 26 janvier 2011, a décidé par 25 voix contre 11 de ne plus accorder ce prix. Nous pensons que ce pas en avant de la part d’un groupe de confrères, avec l’appui de notre association, doit servir à mener vers la fin de l’annonce et la remise de cette distinction absurde par le reste des Collèges de Vétérinaires qui la pratiquent.
Par Vétérinaires Anti Corrida – Publié dans : Événements
Bravo !
Et je me demande qui peuvent bien être les 11 vétérinaires qui ont voté pour continuer à célébrer la torture d’animaux qu’ils sont supposés garder en bonne santé. Heureusement qu’ils ont été mis en minorité par ceux qui se sont rappelés le sens premier de leur métier, complètement incompatible avec l’horreur tauromachique.
La fondatrice des éditions « au diable Vauvert » est très connue dans le milieu « tauromafiaque » en tant qu’ Alquazil. Dans une corrida, ils sont deux et ont la charge, sous le contrôle de la présidence, de veiller à l’application du règlement. Ils remettent aux toréros les trophées remportés. Ils ont conservé à travers les siècles, leur costume noir, lugubre de Philippe II. BRAVO POUR LA REPONSE ANNA !
Autant pour moi, je rectifie l’orthographe « Alguazil » je savais bien que ……
Un monsieur nommé Christophe a sauvé un taurillon pour qu’il n’aille pas aux arènes et l’a apprivoisé. Il dut lutter contre les pro corridas qui ne veulent pas que l’on adopte des taureaux dits de combat. Christophe a réussi et l’animal domestiqué est on ne peut plus affectueux avec son maître.
Il montre ainsi que les taureaux ne sont pas voués à être des bêtes sauvages qui ne seraient bonnes qu’à être massacrées.
http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/tournage-pleins-feux-sur-fadjen-le-taureau-sauve-des-arenes-diapo-13-01-2011-1172837.php
Une bien belle nouvelle !
« les taureaux ne sont pas voués à être des bêtes sauvages qui ne seraient bonnes qu’à être massacrées »
Il faut être particulièrement stupide pour penser une chose pareille. Il est à croire que les pro-corridas le sont.
Magnifique nouvelle ! Merci Kathy pour cette information qui sera relayée !
anti