Vous avez sans doute entendu parler, ces derniers jours, de cette statistique surréaliste : l’an dernier, les quarante patrons les mieux payés de France ont gagné en moyenne 190 fois le SMIC. Et le cabinet qui a fait cette étude d’ajouter que cela représente une baisse de 15% par rapport à l’année précédente.
En 2008, après plusieurs scandales autour d’indemnités hallucinantes touchées par certains grands patrons, le Medef et l’Association française des entreprises privées (AFEP) avaient adopté un code éthique. Une « révolution » pour la patronne du Medef, Laurence Parisot. C’est vrai qu’employer le mot « éthique » dans un contexte pareil, ça dépasse l’entendement.
Ces derniers jours, le Medef s’est même officiellement réjoui du fait que la baisse des rémunérations de ces grands patrons pendant deux années consécutives était un signe qu’on allait dans la bonne direction. Limite s’ils n’ont pas trouvé ça moral et exemplaire, ce qui serait encore plus révolutionnaire.
Le hic, c’est que la seule raison pour laquelle leurs revenus ont décru, ce n’est en rien un sursaut de décence de la part de ces messieurs-dames. Non, c’est juste la crise financière qui a donné un sacré coup (voire un sacré coût) à leurs stock-options et leurs actions, les pauvres. Là, ils ont pris un gadin de -46%. La partie de leur rémunération vraiment constituée d’un salaire a, elle, augmenté de 5% – j’allais presque dire « comme tout le monde ».
Mais bon, vous vous rendez compte ? A peine 190 fois le SMIC ? Que voulez-vous qu’on fasse avec ça ? Vendre les yachts et quelques châteaux pour faire face ?
Bon, il ne faut pas trop noircir les choses. Comme je l’ai dit, il ne s’agit que d’une moyenne. Certains de ces patrons gagnent beaucoup plus, je vous rassure.
Par exemple, Carlos Ghosn, PDG de Renault, arrive en tête avec 9 millions d’euros par an, soit pas loin de 572 fois le SMIC. Le second, c’est Chris Viehbacher, le patron de Sanofi-Aventis, qui a gagné 8,3 millions en 2009 soit environ 514 fois le SMIC (merci la grippe H1N1). Bernard Arnault arrive seulement ensuite, mais heureusement il a mis quelques économies de côté (27 milliards, ce qui en fait le septième homme le plus riche du monde). A côté, Tony Montana, il peut aller se rhabiller avec ses brouettes de billets.
Comment qu’ils ont l’air de traine-savates, ceux qui gagnent que 3 millions, oh les nases.
Allez, j’arrête, c’est trop facile. Et puis je sens que vous avez envie de gerber.
Enfin, du moins ceux d’entre vous qui ne sont pas parmi les quarante patrons en question. Voire, pire, parmi les cent suivants qui ne rêvent que d’une chose : devenir l’un des quarante.
Vous vous dites que rien, absolument rien ne peut justifier de gagner autant. Et d’ailleurs, les dizaines de milliers de chefs d’entreprise normaux, c’est à dire ceux qui tiennent leur boîte à bout de bras et rament à longueur d’année simplement pour qu’elle reste debout, eux, ils gagnent beaucoup beaucoup moins.
Mais ne gardons pas le nez sur notre petit pays. Voyons global. Il y a des chiffres bien plus effarants que ça, quand on parle d’argent.
Notre planète compte 1,4 milliards de personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Cela veut dire que ces gens-là vivent avec moins de 1 euro par jour. Ce qui fait environ 0,03 SMIC par mois.
Prenons maintenant les personnes les plus riches du monde. Disons que, sur leur fortune, on leur laisse pour vivre seulement 200 fois le SMIC par mois. Non, allez, ne soyons pas radin, on leur laisse 600 fois le SMIC. Ça doit suffire pour bien vivre, on est d’accord. Maintenant, disons que tout ce qu’ils ont en plus, ils le mettent de côté.
D’après vous, avec ce ce qu’ils ont mis de côté, il faudra qu’ils s’y mettent à combien pour faire vivre les 1,4 milliards des plus pauvres pendant un an ?
Accrochez-vous bien.
Douze.
Photos :
1 – Un milliard de dollars en billets de 100 (Michael Marcovici)
2 – Carlos Ghosn, Bernard Arnault, Chris Viehbacher (source web)
3 – Tony Montana dans sa piscine baignoire (extrait du film Scarface de Brian de Palma)
Sans vouloir remettre en cause toute son action en faveur de populations défavorisées par l’intermédiaire de sa fondation, Bill Gates vient de montrer qu’il peut également manquer de discernement en favorisant l’introduction massive de cultures OGM dans certains pays d’Afrique sous couvert de leur meilleur rendement à l’hectare. Monsanto s’en est bruyamment félicité en se donnant l’allure d’un sauveur de l’humanité en détresse.
Utiliser une partie significative de leur fortune pour aider les plus démunis, c’est évidemment très bien. Mais attention à la façon dont c’est fait.
Coca-Cola avait financer aménagement de voies ferroviaires et de nouveaux trains gratuits au Chili et au Pérou pour que les familles isolées dans les montagnes puissent rejoindre plus facilement la ville.
Sinon en France on a mami Zinzin.. il paraît que tu vas chez elle et elle te donne des millions O.O
Oui, mais elle, elle est à peine 17e mondiale. C’est tout juste si elle a 20 milliards qui lui restent, après en avoir filé un à son ex-meilleur pote. Pfff…
Beurk ! Beurk ! Beurk !
Je n’arrive toujours pas à comprendre comment on peut vivre avec une telle fortune pour soi dans un monde où il reste encore tant à faire pour les autres… Je ne peux m’empêcher non plus, de constater que ces fortunes se sont faites sur des morts (avions de guerre, armes, etc.), sur le dos de travailleurs dans des conditions de travail terribles (mines de diamants et autres…), sur le dos de personnes qui vivent avec le minimum salarial dans leur pays (grandes chaînes commerciales), sur le dos de morts encore toujours avec les mines, les fringues – voir Jean le salaire de la mort en Turquie par exemple http://www.aboneobio.com/blog/post/2010/01/11/Jean-le-salaire-de-la-mort-en-Turquie , etc.
Quant à l’histoire de Bill Gates et de Monsanto, il va y avoir une note sous peu sur le blog (merci à Sapotille pour l’info).
anti
Oui, sans possibilité d’être indépendants pour se nourrir (Monsanto) et obligés de passer par le net sous la férule de
B G (liberté et gratuité s’effritant rapidemment et sérieusement vous ne trouvez pas? ) …
En moins de temps qu’il n’en faut pour faire naître un poussin, le contrôle (et l’asservissement) de la majorité de la population peut se faire.
Bon. Contrôler le climat…assurer la pérénité de l’espèce.. çà sera autre chose..
On dira pas qu’on a pas dit.
Indécence
Sommes-nous en train de basculer dans l’indécence ?
Le vieux de la vieille, Michel Onfray, ravive nos sens en précisant que l’indécence « existe depuis que l’homme est homme… »
L’indécence, c’est… l’inégalité des chances.
Pour bien la capter, nous avons opposé à chaque fois deux portraits pour vous la rendre visible à l’œil nu.
1- Indécence entre vieillesse et jeunesse
2- Indécence entre maladie et santé
3- Indécence entre bêtise et intelligence
4- Indécence entre pauvreté et richesse
5- Indécence entre laideur et beauté
6- Indécence entre force et fébrilité
7- Indécence entre barbarie et culture
« Il y a surtout indécence quand on fait la différence entre ce que je suis et ce que j’ai choisi d’être. »
http://www.tueursnet.com/index.php?journal=Indecence
« obligés de passer par le net sous la férule de B G »
Juste une ou deux petites précisions de détail sur cette remarque :
– Le net ne doit quasiment rien à Bill Gates. Google, l’interface web, les sites web, les blogs, Wikipedia, Twitter, Skype, les réseaux sociaux comme Facebook et tout le reste ne reposent en rien sur Windows ou d’autres produits de Microsoft. Microsoft, c’est avant tout la bureautique (Word, Excel, etc.) et le « moteur » des PC (le système Windows) mais pas le net. Côté web, ils ont certes sorti un navigateur mais qui est loin d’être incontournable. Pour tout le reste qui concerne le net, ils ont largement loupé le coche.
– Bill Gates s’est mis en retrait de Microsoft depuis 2006 pour mieux se consacrer à sa fondation. Il a définitivement quitté la boîte qu’il a créée et et l’a rendu richissime en 2008.
Donc, sur le net, on peut s’estimer être sous la férule de Google ou celle de Facebook ou celle de Wikipedia, mais en aucun cas sous celle de Bill Gates.