Après un si beau weekend, je sentais bien que ça allait forcément aller moins bien le lundi. Toutes les séries finissent par s’arrêter, les bonnes comme les mauvaises.

Bon, ça n’a pas été grand chose, juste un peu de désagrément : le Touran a refusé de démarrer vers 7 h 40, alors que je m’apprêtais à conduire Dorian au collège. Le pauvre était encore tout ensommeillé, il faisait encore nuit et il a mis un bon moment avant de réaliser le sens des mots qu’on a dû lui répéter plusieurs fois avant d’obtenir une réaction :

– En bus, par exemple, avons-nous précisé.
– En bus ? a-t-il fini par répondre d’une voix incertaine. Ben euh c’est que mais j’sais plus où j’ai mis ma carte de bus et pis d’abord je sais même pas à quelle heure il passe.
– Bon, ben à pied, alors.
– A pied ???

Il faut compter une vingtaine de minutes. Ce qui veut dire forcément en retard mais Anti allait prévenir le collège. Il a fini par comprendre qu’une voiture en panne n’était pas un motif suffisant pour sécher les cours et il est parti, complètement accablé par ce qui lui tombait dessus.

Au sens propre aussi : il pleuvait dru. Tant qu’à faire, autant galérer pour de bon.

J’ai appelé l’assistance de mon assurance pour avoir une dépanneuse. Un autre coup de fil au garage pour leur demander de mettre une voiture de prêt de côté mais ils n’en avaient plus une seule. Un autre à l’assurance pour savoir si je pouvais en avoir une mais elle ne le faisait que pour un accident, pas pour une panne.

Le dépanneur est arrivé vers 8 h 30. Il a tout de suite confirmé ce que nous pensions : une simple panne de batterie. Il m’a redémarré la voiture avec ses câbles. Je n’avais plus qu’à acheter une batterie. Sauf que, justement, ces derniers jours, le ventilateur continuait à tourner longtemps après que je coupe le contact même si je roulais peu, et par un temps glacial.

C’était probablement ce qui avait vidé ma batterie et il fallait donc le réparer. Sinon, ça ne servait à rien de changer de batterie. Comme j’avais aussi un voyant allumé sur le tableau de bord depuis des semaines me disant que le système d’échappement avait un problème, le mieux était que j’aille directement chez mon concessionnaire pour qu’il regarde tout ça en une seule fois.

Gwlad rentrait à 9 h et là, il était 8 h 35. J’ai donc pu l’amener au collège, la veinarde. Elle était mdr ptdr lol pendant tout le trajet de s’en sortir aussi bien et surtout bien mieux que son frère. Ensuite, direction le garage, où j’étais vers 9 h, avec une humeur à l’image du ciel.

A 9 h 10, le Touran passait vers l’atelier et moi, j’expliquais au type de l’accueil qu’il me fallait une voiture. « Pas de problème, on va demander à VW Assistance ». Pour ces derniers, la panne est une raison suffisante de fournir un véhicule de prêt. Problème : je n’avais pas fait ma dernière révision chez eux, il était possible que ma prise en charge soit refusée.

Au top de la modernité, figurez-vous que ma demande de voiture et les éventuelles réponses de VW Assistance ne se font ni par téléphone, ni par mail mais… par fax. Le monsieur remplit un formulaire, va passer le fax dans un des bureaux de la concession, revient et me dit de patienter un peu, que je vais recevoir un sms.

A 9 h 30, toujours rien. A 9 h 40, je vais voir le monsieur et je lui demande si c’est normal. Il me répond : »Ah mais attendez, ils m’ont peut-être répondu par fax ! »

Effectivement, dans la pile de fax, il y a la réponse au sien : il manque une info pour traiter mon dossier. Le monsieur rajoute l’info en question, refaxe le tout, je poireaute encore 10 minutes et miracle ! Une dame de l’assistance m’appelle pour vérifier que j’ai mon permis depuis plus de deux ans (c’est bon), que j’ai plus de 23 ans (oui, de justesse) et que j’ai une carte de crédit (pour la caution). Yes, ma demande est donc prise. Elle me dit qu’elle cherche un véhicule et qu’elle me rappelle.

10 h 10 : elle a trouvé une voiture de loc disponible. Il faut aller à la gare, en plein centre-ville mais elle peut me faire envoyer un taxi, tout pris en charge bien sûr. Là, je me suis dit : « Ouh là ! S’ils m’offrent tout ça, ça veut dire que la réparation va me coûter un max. »

10 h 15 : un sms m’informe que le taxi sera là vers 10h30. Il arrive comme prévu, me dépose à la gare à 10h45. Comptoir Hertz, papiers à remplir et enfin le sésame : la clé de la voiture de prêt.

10 h 50 : je monte dans une superbe berline haut de gamme. Il ne devait plus y avoir que ça, comme modèle de libre.

11 h : j’arrive au boulot.

Bon, petit bilan : entre la détection de la panne et la récupération d’un moyen de locomotion, il s’est écoulé trois heures. Ce qui m’a rappelé une autre panne.

C’était l’été dernier, alors que nous roulions sur une route minuscule au milieu d’une région plutôt désertique dans le nord de l’Espagne pour rejoindre le camping où nous allions nous poser. Un pneu arrière est parti d’un coup en lambeau et je n’avais pas pris celui de rechange, faute de place dans le coffre (oui, c’est stupide, je sais). J’ai roulé très doucement sur la jante jusqu’au village suivant. Une fois là, j’ai essayé de baragouiner dans le premier bistrot qu’on a vu pour expliquer ce qui nous arrivait. Un monsieur m’a expliqué que justement il y avait un garage deux rues plus loin, invisible depuis la route principale, bien sûr. Les gens du garage ont été super sympa et efficaces. Le deuxième pneu arrière étant limite, on s’est dit qu’il valait mieux faire les deux. Il a fallu aller les chercher à dix bornes de là, avec l’un des mécanos, dans une vieille bagnole pourrie. Puis retour au garage, changement des pneus et facture vraiment pas chère. Eh bien, en tout, ça a pris trois heures.

Vous voyez ? Une panne au milieu de la pampa dans un pays dont on ne parle pas la langue, ça prend exactement autant de temps qu’une panne devant chez soi, dans sa ville, avec assistance, garage bien connu, logistique maîtrisée et tout et tout.

Il suffit de le savoir. Pas la peine de s’énerver ou de tenter d’aller plus vite : une panne, c’est trois heures.

Très belle journée à vous