Suite mais pas fin de notre été vraiment très musical cette année, avec un nouveau concert hier aux Arènes de Nîmes. Jusqu’alors, on pouvait dire qu’on avait connu bien des soirées géniales dans ce lieu hors du commun. Il fallait bien que la série gagnante s’arrête à un moment ou un autre. C’était hier, avec le plus gros ratage de l’année. On y jouait Carmina Burana, transformée en musique d’ascenseur sous la direction lymphatique de Michel Plasson.
Celui-là, je l’ai connu tout petit – façon de parler, bien sûr. Je veux dire par là que je me souviens de l’époque où il venait d’être choisi pour diriger l’orchestre du Capitole, à Toulouse en 1968, ville où j’habitais alors.
Quant à Carmina Burana, je vous ai parlé de cette œuvre célébrissime il y a un peu plus d’un an, dans un mot d’accueil intitulé Fortuna imperatrix mundi. Les évènements ayant tendance à former des boucles et à s’entrecroiser à longueur de temps, il se trouve que justement, l’enregistrement très réussi de Carmina que j’ai à la maison est dirigé par Michel Plasson et joué par l’orchestre du Capitole. C’est dire si on allait à ce concert en toute confiance.
J’ai eu l’occasion il y a quelques années d’assister à une interprétation de Carmina aux Arènes, très belle d’un point de vue mise en scène mais tout à fait décevante au niveau acoustique. Carmina est l’un de ces rares opéras que je connais quasiment par cœur dans ses moindres détails. J’en ai donc une écoute particulièrement exigeante. Le son était imprécis, voire fouillis, et rendait l’ensemble plutôt inconsistant. Mais il est vrai que j’avais pris une entrée bon marché et que j’étais très loin de l’orchestre, tout en haut des gradins. Cette fois, avec Anti, nous étions dans la fosse, ou plutôt le parterre, donc aux meilleurs places possibles.
Déjà, mauvais début, la désorganisation la plus totale régnait pour placer les spectateurs. Nous étions encore environ 150 à faire la queue en attendant qu’on nous conduise à nos places – et nous n’avions pas le droit d’y aller par nous-mêmes pour gagner du temps – mais cela n’a pas empêché l’orchestre de s’installer sur scène, les lumières de s’éteindre et Plasson de se préparer à lancer un extrait de Tannhaüser.
Nous avons eu tout juste le temps de nous asseoir dans la pagaille la plus totale et les premières notes ont retenti. Enfin, « retenti », c’est beaucoup dire. C’était tellement apathique qu’on a réalisé seulement en quittant les arènes deux heures plus tard qu’il s’agissait d’une œuvre de Wagner et que, normalement, ça aurait dû avoir la pêche.
Après un petit break, les choristes ont rejoint l’orchestre et l’exécution de Carmina Burana a pu débuter. Malheureusement, l’interprétation frôlait l’asthénie. Voire l’ennui, alors que j’adore cette œuvre.
J’ai soupçonné la sonorisation d’être trop en retrait mais ce n’était pas ça : l’orchestre était mollasson mais on entendait très bien, par contre, toutes sortes de bruits parasites parfaitement bien amplifiés, dont un curieux son de ressort qui se déclenchait de temps en temps. Pire, il arrivait dans certains passages un peu complexes que ce soit chacun pour soi entre les cordes, les percussions et les cuivres.
Il s’agissait donc bien d’un sérieux problème de direction d’orchestre. Plasson était peut-être fatigué ? Même pas, il souriait très content à la foule, une fois le dernier mouvement achevé (c’est le mot). Alors, c’est sans doute qu’il est usé jusqu’à la corde et que sa baguette autrefois précise est devenue une grosse cuillère en bois. Sur le CD de Carmina qu’on a à la maison, il dirige en effet une version vraiment remarquable, mais il a vingt ans de moins et des solistes de premier plan à ses côtés. Ceux d’hier soir n’avaient même pas jugé utile d’apprendre leur livret par cœur, ils devaient en suivre le texte et la partition pendant leur prestation. Ils se croyaient encore aux répétitions ?
Cela dit, les gens paraissaient en majorité contents. D’ailleurs, au début, ils applaudissaient à la fin de chaque mouvement, comme s’il s’agissait d’un récital de chansons ou qu’ils avaient vu trop d’émissions de variétés à la télé (dans le genre « au bout de trois minutes, penser à applaudir »). Une dame à côté d’Anti avait décidé de chantonner les airs qu’elle connaissait, jusqu’à ce qu’Anti lui demande aussi poliment que possible de bien vouloir s’arrêter. Du coup, on entendait beaucoup mieux deux autres dames qui papotaient un rang derrière nous. Bon, nous aussi on s’ennuyait, mais quand même…
Il doit y avoir une malédiction Carmina-aux-Arènes. Deux fois que j’y assiste et deux fois que c’est loupé. Anti m’a proposé en sortant qu’on aille un de ces jours se faire un vrai opéra, avec un vrai chef d’orchestre digne de ce nom pour effacer tout ça. Peut-être à l’opéra Bastille à Paris ou à celui de Rennes, les deux ayant des programmations et des intervenants de qualité. Avec plaisir ! En attendant, disons qu’on va garder nos futures soirées aux Arènes pour les groupes de rock. Là, au moins, on n’a jamais été déçu.
Très belle journée à vous
Je pense en effet que Plasson se fait vieux 🙂
Et puis pour les gens.. franchement je suis pas sûr que l’auditoire qu’on trouve en majorité dans les arènes de Nimes en période estivale soit le même qu’on retrouvera à l’Opera le reste de l’année.
« Anti m’a proposé en sortant qu’on aille un de ces jours se faire un vrai opéra, avec un vrai chef d’orchestre digne de ce nom pour effacer tout ça. »
Plasson a été un vrai chef d’orchestre digne de ce nom, il a même était un des meilleurs au niveau international. Mais en effet si vous voulez voir de l’opéra le mieux est encore d’aller dans un endroit prévu à cet effet xD
« Plasson a été un vrai chef d’orchestre digne de ce nom, il a même était un des meilleurs au niveau international.
« Etait » sûrement, mais hier je peux te garantir que c’était une catastrophe musicale comme le relève très bien ta musicienne de mère. Il supporte peut-être mal le décalage horaire le monsieur ? En plein jet lag ?
« Mais en effet si vous voulez voir de l’opéra le mieux est encore d’aller dans un endroit prévu à cet effet xD » »
Ça c’est évident, c’est pour ça qu’on va se refaire un opéra digne de ce nom dès que possible histoire de ne pas rester sur cette fin tragique. Pour ma part, ma préférence va à l’opéra Bastille qui est une pure merveille acoustique mais bon, je n’ai rien trouvé de ce que je voudrais voir avec Anna pour le moment. On verra.
Donc hier… l’horreur ! Tout était mauvais pour ne pas dire pire. L’organisation était ratée, mais alors, je n’ai jamais vu ça ! Figurez-vous qu’ils avaient eu l’idée (je pense pour faire bien, genre, trop classe) d’avoir des petites jeunettes qui prenaient les gens 2 par 2 pour les accompagner à leur place en parterre (au lieu de se contenter de vous indiquer votre rang comme ça se fait en gros dans tous les opéras de France et d’Europe au moins).. sur des chaises qui grinçaient posées sur un estrade en bois pas recouvert. Je vous laisse imaginer le bruit des pieds qui battent la mesure sur cette immense caisse de résonance, les sacs qui trainent par terre, les indispensables lunettes de soleil de la nîmoise qui tombent, etc.
Ah oui, je perds le fil. Donc accompagner les personnes jusqu’à leurs places mais :
– elles marchaient en talons… sur le bois (sympa…)
– elles ne connaissaient pas les noms des rangs qui n’étaient pas indiqués en début de file (ça serait trop logique) mais qui étaient habilement dissimulés derrière le dossier des chaises avec les numéros ! Bravo !
L’Orchestre qui démarre avant que le public ne soit installé alors ça ! du grand n’importe quoi pour les spectateurs autant que pour les musiciens. Ça fait genre : j’ai loué la salle de 21h45 à 23 h, j’peux pas déborder hein les gars ! On y va. Donc : musique mal jouée + gens qui continuent à s’installer pendant le spectacle + bruit = catastrophe.
Les gens désagréables qui causent, qui gigotent, qui toussent, etc. , ça, on n’y peut malheureusement pas grand chose mais quand en plus, se sont les mecs du son derrière vous qui n’arrêtent pas de jacter ça rend limite nerveux…
La scène était brillamment recouverte d’une immense bâche qui claquait au gré du vent, les chœurs auraient profité d’un « mur » derrière histoire de les rendre audibles. Ah oui, et le machin qui grinçait, genre portail dans un film d’horreur (remarquez, on en était pas loin là, de l’horreur).
Ben voilà, voilà.
anti, première et dernière fois.
Moi qui regrettais de ne pas y être allée, me voilà rassurée. Je vais mieux dormir ce soir !!!
Pour se permettre de faire la critique d’un concert encore faut-il posséder un minimum de connaissances musicales… Ce n’est pas par un extrait de Tannhaüser qu’a débuté la soirée mais par l’ouverture des Maîtres Chanteurs du même Wagner.
Mais y étiez-vous vraiment ? Tous les mélomanes savent que les arènes de Nîmes ne sont pas le lieu idéal pour les opéras et les concerts symphoniques. D’ailleurs les puristes n’y vont pas où ,s’ils y vont, c’est en toute connaissance de cause. Et vous avez entièrement raison de garder vos prochaines soirées pour les groupes de rock. Mais Plasson « usé jusqu’à la corde « ! Quelle insulte pour celui qui a dirigé, en janvier dernier, un Werther inoubliable à l’opéra Bastille . C’est là que vous auriez dû être, vous qui voulez vous faire « un vrai opéra » avec « un vrai chef d’orchestre digne de ce nom » et des »intervenants de qualité ». Mais puisque vous avez loupé celui-là, vous pourrez toujours aller à l’Opéra de Nice en octobre pour un « Dialogues des Camélites » (oeuvre de Francis Poulenc, je le précise car il se pourrait que vous ne le sachiez pas) avec Nathalie Dessay (vous connaissez ?) et Michel Plasson qui vieillit comme tout le monde mais qui n’en reste pas moins l’artiste qu’il a toujours été avec son talent qui mérite respect et admiration.
N’évoquer que les mauvaises conditions d’organisation et d’écoute qui sont indéniables, la fatigue et « la cuillère en bois » du chef, ne pas dire un mot sur la prestation des solistes et des choeurs, parler de « ratage » et de « musique d’ascenseur »( au fait çà veut dire quoi ?) , c’est n’avoir vraiment pas grand chose à dire…
Dans tous les domaines, il y a toujours des donneurs de leçons comme minhoc. Que ce soit en art, littérature ou musique. Les mêmes crétins pénibles, imbus d’eux même, croyant détenir toute la vérité.
Heureusement que d’autres ont une vraie opinion avec une liberté d’expression saine.
Mea culpa pour l’erreur sur le titre de l’œuvre de Wagner mais je ne retire aucun mot sur le fait qu’elle était jouée avec une mollesse indigne du compositeur, ni sur le ratage désastreux de cette pâle interprétation de Carmina Burana.
Minhoc confirme que les Arènes sont un piètre lieu pour la musique classique. Voilà au moins un point sur lequel nous sommes d’accord.
J’ai la plus grande admiration pour ce qu’a fait Plasson pendant des décennies (et je n’ai que des louanges pour sa version de Carmina avec l’orchestre du Capitole). Je n’ai donc aucun problème à dire également quand il n’est plus que l’ombre de lui-même (et je le déplore).