La relecture de J’ai encore treize envies par Anti, c’est quelque chose. Elle contrôle tous les détails. Elle s’y est mise hier en fin d’après-midi, en me prévenant que ça risquait de la mettre dans des états, euh, particuliers. Je lui ai répondu hé ho même pas peur.

Je n’y pensais plus trop, une vingtaine de minutes plus tard, pendant que je m’activais en cuisine pour faire des torti à la bolognaise quand elle a débarqué, le regard allumé, la mèche qui retombait en travers de son visage, le pouls à 120 (oui, je le sens à distance) et qu’elle m’a attrapé le bras en me susurrant d’une voix moite mais néanmoins impérieuse : « Où est la clé de ta voiture ? »

Comme on avait laissé sa voiture chez le garagiste pour une révision et le contrôle technique, je me suis dit qu’elle avait dû oublier un truc dans la mienne, de voiture.

Un truc super important, alors, parce que sans attendre ma réponse, elle est partie vers le perron en me tirant par la main. J’ai eu à peine le temps de récupérer ma clé au passage dans la poche de mon blouson en jeans suspendu à l’entrée. L’instant d’après, nous dévalions l’escalier, elle devant, hyper décidée, moi derrière, avec une petite appréhension. Surtout que j’avais laissé ma bolo à feu soutenu.

Nous entrons dans la voiture, elle d’abord par la porte conducteur puis se glissant vers la place passager, moi ensuite par la même porte. Elle m’arrête du plat de la main pour que je reste derrière le volant et se met à quatre pattes sur l’autre place en me tournant le dos. Et là, elle me dit : « Alors ? Si t’es le narrateur, tu fais comment, là ? »

Ah d’accoooooord. Elle voulait vérifier les détails techniques de certains passages de Au parking, sous tes reins.

J’ai baissé le frein à mains et je l’ai aussitôt prise en levrette pour lui montrer. Pour de semblant, hein. Les chats étaient tout près et ils nous regardaient, on n’allait quand même pas se comporter comme des bêtes. Après avoir vérifié qu’effectivement, la position était tout à fait praticable, elle m’a dit : « OK, ça, ça va. Maintenant, tu viens à l’arrière. »

On sort, on passe à l’arrière. Là, je devais me mettre au milieu de la banquette et elle, à califourchon sur moi. Puis elle a mis les mains au plafond, ce qui l’a forcée à se cambrer en arrière. Exactement comme je l’avais décrit dans ma nouvelle. Et toc. Je lui avais bien dit que ça marchait, comme ça.

J’ai ouvert la portière pour retourner à ma bolo mais elle ne voulait rien savoir. Elle a refermé la portière en me passant par dessus. Elle ne voulait plus qu’on sorte. Pourtant, on avait tout vérifié. Enfin, pour la nouvelle, je veux dire. Si un méga fou rire de sa race ne s’était pas interposé en nous pliant en deux, voire plus si affinités, on y serait encore, dans la voiture. Et ma bolo aurait été foutue, vous vous rendez compte. N’empêche, c’est un sacré métier, d’être éditrice, on n’imagine pas.

Tout s’est bien terminé. La bolo était délicieuse et on n’a pas laissé un seul torto. Oui, on dit torto quand il y a moins de deux torti. Comme dans l’expression :  » Un torto colo, des torti coli ».

Qu’est-ce que ça va être quand elle va vouloir vérifier tous les détails de la grande scène de la, hum, mêlée à douze dans les sous-sols du LouXXXor…

Très bonne journée à vous