Des chercheurs viennent de publier dans Nature le résultat de travaux qu’ils ont mené sur la réalité objective de l’efficacité de l’acupuncture comme anti-douleur. La science moderne vient enfin de rattraper les 4 000 ans de retard qu’elle avait sur la science traditionnelle asiatique, après l’avoir longtemps niée.

L’acupuncture apaise la douleur dans les muscles parce qu’elle favorise la libération d’une molécule naturelle, l’adénosine, qui a des effets antalgiques, selon une étude américaine publiée en ligne par Nature Neuroscience.

La neurologue Maiken Nedergaard, du centre médical de l’Université de Rochester, et son équipe ont identifié le rôle de cette molécule dans les effets de l’acupuncture. Ils ont mené leurs essais sur des souris qui souffraient d’une patte.

Les souris ont été soumises à un traitement d’acupuncture classique pendant 30 minutes, avec de fines aiguilles enfoncées dans un point proche du genou (le point Zusanli) que l’on faisait tourner doucement toutes les 5 minutes.

Les chercheurs ont constaté alors que la douleur était réduite des 2/3 chez les souris, et que le niveau d’adénosine dans les tissus autour des aiguilles était 24 fois plus élevé qu’avant le traitement.

Afin de valider qu’il s’agit bien du bon mécanisme, les chercheurs ont également procédé à trois expériences complémentaires :
– sur des souris démunies de récepteur de l’adénosine, l’acupuncture perd tout effet.
– lorsqu’on augmente artificiellement le niveau d’adénosine, la souffrance diminue, même sans acupuncture.
– en donnant aux souris un médicament qui ralentit la disparition de l’adénosine dans les muscles, les effets de l’acupuncture durent plus de trois fois plus longtemps.

« L’acupuncture est depuis 4 000 ans la base de la médecine dans certaines parties du monde mais comme on ne comprend pas complètement comment elle fonctionne, beaucoup de gens restent sceptiques », note le Dr Nedergaard.

Ces travaux, qui montrent l’impact de l’acupuncture sur le système nerveux périphérique, complètent ce que l’on savait déjà sur ses effets sur le système nerveux central où elle incite le cerveau à produire en série des endorphines qui sont des antalgiques naturels.

« Il est clair que l’acupuncture peut activer toute une série de mécanismes différents », a déclaré Josephine Briggs, directrice du Centre national de médecine complémentaire et alternative au National Institute of Health (NIH).

Cette recherche doit être présentée lors d’une conférence scientifique qui se tient jusqu’au 2 juin à Barcelone.

Source : AFP
Illustration : points et méridiens d’acupuncture selon un dessin de l’époque de la dynastie Ming (Wikipedia)