Bohémiens en voyage
La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.
Les Roms, particulièrement depuis le commencement de l’écriture du 8e livre de Anna, La Veuve Obscure, font partie de ces peuples minoritaires et maltraités dont nous parlons souvent ici, dans le but de ne pas taire l’horreur et aussi de les mettre en valeur comme toute personne en à le droit.
Hier, en lisant le Marianne de cette semaine, j’ai lu une brève bien triste, dont j’ignorais absolument les faits…
Photo Amnesty prise lors d’une manifestation anti Roms (Rep. Tchèque) en avril dernier.
Le mois d’avril, dans l’Europe de l’Est, a été plutôt dangeureux pour les minorités. Divers néonazis, skinheads et xénophobes aiment fêter le 20, date de l’anniversaire d’Hitler, en « cassant du Rom ». Présidant l’Union Européenne pendant les six premiers mois de l’année, Prague vient d’être épinglé par le Conseil de l’Europe pour les discriminations et les violences subies par sa minorité Tsigane. Celle-ci, bouleversée par la dernière agression raciste visant l’un de ses membres – un cocktail Molotov lancé dans un appartement en Moravie du Nord, blessant grièvement une fillette de 2 ans-, a décidé de manifester début mai. En Slovaquie, neuf policiers ont été suspendus pour avoir humilié et malmené de très jeunes Tsiganes. Tandis qu’à Tiszalök, un bourg situé à 200 km de Budapest, Jeno Koka, salarié rom sans histoire, a été abattu, devant son domicile, par des ratonneurs en vadrouille.
Terrible encore (ça fait mal parfois de se réveiller brutalement), cet autre article. Pas tant par son contenu, non, j’en ai lu des choses, mais par la date à laquelle il a été écrit… Il y a plus de 10 ans, en 1998…
INTOLÉRANCE Tsiganes, revoilà le temps des persécutions par Jacques Maigne / Lundi 20 Juillet 1998.
La tolérance – le respect de la liberté d’autrui – est mal tolérée, si l’on en juge par le sort réservé en Europe à cette minorité ethnique que son nomadisme rend suspecte aux autorités et qui fait un facile bouc émissaire.
Dernières nouvelles du monde des Tsiganes, passées quasiment inaperçues. En France, le maire d’une commune de la région lyonnaise fait bloquer l’accès d’un campement de gens du voyage. Des Manouches. Plus personne ne sort, plus personne n’entre. Justification ? Le lamento des riverains excédés par «les vols, le bruit, la saleté» de ceux qu’au fil du pays on nomme bohémiens, romanichels, gitans, ca-raques, tsiganes… Manifs, cris, pourparlers, interventions d’associations des droits de l’homme: le maire a fini par lever son blocus, et les familles indésirables ont filé, à la recherche d’un nouveau lieu de mouillage.
La loi Besson, qui fait obligation à toute commune de plus de 5 000 habitants d’aménager une aire d’accueil viabilisée pour ces non-sédentaires, est sans doute la plus bafouée du pays. Et non contents de se moquer de la loi, d’innombrables maires dépensent des fortunes pour barricader tout ce qui pourrait ressembler à une aire pour caravanes. Les «voyageurs» (ils seraient plus de 50 000) en sont réduits à squatter pour une nuit les parkings de grandes surfaces, les ponts d’autoroute ou des terrains vagues de plus en plus improbables.
Bon, c’est vrai, ils sont habitués à fuir depuis des lustres, à s’esquiver face à leurs adversaires ou à brouiller les pistes, mais les espaces, comme leurs métiers traditionnels, ne cessent de se racornir. Ils sont traqués, au sens propre, et les plus chanceux finissent par trouver une base de repli, en général un petit terrain non constructible, éloigné de tout quartier digne de ce nom, où ils peuvent poser leur maison mobile et passer l’hiver. «Ce n’est pas toujours évident, mais, par rapport à d’autres pays, on est des rois», ont lancé, tout sourire, ces Manouches, luthiers et marchands de violons, qu’on venait d’expulser de la banlieue de Lourdes.
En Espagne, on incendie les masures des quartiers gitans.
En Andalousie – la patrie des grands du flamenco ou des toréadors artistes -, là où les Gitanos, souvent intégrés depuis le XVe siècle dans des villages qui portent leur empreinte, leur griffe, pensaient avoir découvert une terre bénie, les nuages s’amoncellent. A Grenade, Al-meria, Séville, Jaén, ils sont au coeur de banlieues à la dérive, de plus en plus marginalisés, de plus en plus méprisés, ouvertement rejetés. Telle école de la province de Cordoue, sur intervention des autres parents d’élèves, décide de ne plus inscrire les fils et filles de Gitans.
A Martos, dans la province de Jaén, à la suite d’une rixe dans un bar, des villageois fous furieux retrouvent les vieux réflexes du pogrom et incendient les quelques masures du quartier gitan, comme toujours aux lisières du bourg.
Un tragique rappel des persécutions nazies
A Séville, la drogue fait des ravages dans les quartiers les plus pauvres du sud de la ville. Et dans les bidonvilles (les chabolas) de Madrid ou de Barcelone, c’est pis encore. Alors, bien sûr, il y a les stars, tels le torero Rafaël de Paula, ou le grand cantaor flamenco, le très regretté Camaron de la Isla. Il y a aussi tous cesvillages blancs de la vallée du Guadalquivir où, vers Jerez de la Frontera, les familles gitanes, souvent issues de mariages mixtes, revendiquent fièrement (et avec élégance) leurs origines. Mais l’Espagne (au moins 500 000 Gitans) penche de plus en plus nerveusement vers la méfiance, la peur, le rejet, et refuse d’admettre cette évidence: les Gitans, en Andalousie plus qu’ailleurs, ont imprégné l’identité de la péninsule…
A l’Est, là où ils se sont historiquement posés en premier lors de cette longue errance entamée vers l’an 1 000 pour des raisons inconnues à partir du nord-ouest de l’Inde, l’effondrement du communisme n’a pas amélioré leur sort. Bien au contraire. Les 6 ou 7 millions de Roms installés en Europe centrale ou dans les anciennes républiques soviétiques, dont peut-être 2 millions pour la seule Roumanie (les chiffres sont flous, depuis toujours), connaissent des années noires, électriques, qui les renvoient aux heures de plomb du nazisme lorsqu’ils furent pourchassés, internés dans les camps et éliminés en masse (au moins 400 000 victimes). En République tchèque, on a dénombré 22 meurtres de Roms, depuis moins de deux ans, perpétrés par des skins qui en ont fait leur cible privilé giée. Partout, des incidents, des agres sions, des campagnes d’opinion (or chestrées par l’extrême droite) ne ces sent de dénoncer les Roms, parias et parasites, profiteurs et voleurs… A Usti nad La-bem, en Bohème du Nord, le maire a finalement renoncé à la construction d’un mur qu’il envisageait d’édifier autour du quartier tsigane de la ville, grâce entre autres à l’action menée par une psychologue, Monika Horakova, rom et benjamine (24 ans) de la Chambre des députés élue en juin dernier.
En Roumanie, après de longs mois de violence (dont de nombreux incendies criminels) qui avaient poussé des milliers de Roms à s’exiler en Allemagne (où ils sont régulièrement harcelés par les skins ou néonazis de tous poils), puis dans d’autres pays d’Europe, la tension est un peu retombée. Mais jusqu’à quand ? Il suffit de se perdre dans les villages de Va-lachie, dans la région de Cluj ou dans les banlieues déglinguées de Bucarest pour savoir que la fièvre couve. Les Roms, ici, et depuis toujours, sont des sous-hommes, des marginaux inclassables, irrécupérables, dont il faudrait se débarrasser. Et les Roms de Roumanie, répartis en de nombreuses tribus souvent archaïques, donc intactes, qui dessinent une mémoire sans égale de leur planète éclatée, s’arc-boutent comme ils peuvent, survivent en se recroquevillant sur des communautés précaires, de plus en plus pauvres, de plus en plus isolées. De plus en plus menacées. Même refrain en Hongrie, en Macédoine, en Serbie, où ils caracolent en tête des statistiques les plus alarmistes en matière d’emploi, de logement, de santé. Même destin glacial en Bulgarie, où le récit prend des lueurs surréalistes. Ainsi, en quelques jours, on vient d’apprendre qu’au cours d’une révolte des Tsiganes de Lom, sur le Danube, plongés dans la misère, l’un d’eux s’est immolé par le feu et que l’université de médecine de Sofia croit avoir de son côté découvert une maladie génétique inconnue, nommée «CCFDN», qui toucherait les seuls Tsiganes et qui, à partir d’une cataracte, aurait déjà provoqué la paralysie d’une soixantaine d’entre eux…
Les énigmes de l’«étrange tribu prophétique»
Oui, les Roms d’Europe vivent des heures noires, et l’on ne sait pas bien si c’est un lent processus de dégradation ou une sorte de fatalité qui les a, depuis l’aube de cet exil mystérieux, condamnés à survivre dans les marges, les replis ou les frontières de nos sociétés organisées. On ne comprendra jamais pourquoi et comment, au-delà des extraordinaires différences qui les séparent, les Gitans, Roms, Gypsies, Zingari ou autres Zigeuner ont pu préserver malgré tout ce noyau commun identitaire qui fait que, n’importe où, et au-delà de tous les prodiges de normalisation ou d’assimilation réalisés par les Etats où ils se sont posés, ils restent, resteront gitans, zingari, rom… Voilà bien l’étrangeté absolue, définitive, de la «tribu prophétique aux prunelles ardentes» célébrée par Baudelaire, et qui échappe aux analyses bien léchées, aux observations trop rationnelles. Dans cette Mittleuropa qui est, depuis cinq siècles, leur territoire privilégié, ils sont à nouveau fragilisés, en danger. Alors, comme hier, comme toujours, ils bougent, s’éclipsent, se cachent d’une frontière à l’autre ou, au contraire, se replient sur des modes de vie très anciens, comme vitrifiés dans le temps. Le mouvement migratoire des Roms de Roumanie, par exemple, est à lui seul un phénomène historique qui renvoie à un autre exil massif, à la fin du XIXe, lorsque les Roms de Valachie ou de Transylvanie furent émancipés après plus d’un siècle de semi-esclavage, les grands propriétaires et autres dignitaires du clergé les revendant comme du bétail. En fait, malgré toutes les coercitions, de leur sédentarisation forcée en Espagne à des batteries de lois racistes partout ailleurs, ils n’ont jamais cédé. Intuitivement. Sans rien calculer. Ni le génocide orchestré par les nazis ni cette fondation suisse, Pro Juventute, qui a enlevé de force jusqu’en 1972 six cents enfants de nomades pour les placer dans des orphelinats, des maisons de correction ou des asiles psychiatriques, n’ont pu les soumettre. Jamais ils n’ont accepté l’assimilation que prônaient aussi bien leurs adversaires que tous ces bons apôtres qui s’auto-proclamaient amis des Roms. Jamais ils n’ont renié ces origines que seuls les linguistes (à partir des similitudes entre leur langue et le sanskrit indien) ont pu tardivement délimiter, et ils continuent à porter comme seul drapeau leur différence. Ils sont dans leur monde, avec leurs lois, leur langue, leur attachement vital au cercle familial, leur pragmatisme, leur refus viscéral des règles venues d’ailleurs. Il ne s’agit ni de les porter aux nues (ah ! la fascination des «fils du vent» et autres clichés clinquants) ni de les salir. Mais, comme à eux seuls, barbares incrustés dans nos sociétés si évoluées, ils expriment notre impuissance à tout normaliser, à tout régenter selon notre vérité, il est hors de question qu’ils soient acceptés tels quels, pour ce qu’ils sont. Dans le fond, et bien qu’ils connaissent mieux que quiconque le prix à payer, ils s’en moquent. Eux, ils sont rom, ce qui signifie «hommes» en langue romani. Pour désigner les autres, tous les autres, ils disent gadjé. Et, de cela, ils ne démordront pas.
Différents, quelles que soient les nationalités de circonstance
Ils sont cireurs de chaussures sur le paseo d’Almeria, rempailleurs de chaises à Lunel, ferrailleurs à Vallecas, dans la banlieue sud de Madrid, musiciens à Clejani, en Valachie roumaine, colporteurs dans les îles grecques, journalistes à Budapest, chômeurs ou dealers à Barcelone, guitaristes des Gipsy King à Arles, joueurs de boules professionnels à Nîmes, artistes de cirque près de Turin, cordonniers à For-bach, apprentis toréros à l’embouchure du Guadalquivir, joueurs de rababah, la vièle à deux cordes des musiciens de haute Egypte, rois du marché noir à Bucarest, danseurs ou chanteurs de flamenco de Palencia à Malaga, encore marchands de chevaux dans l’Alentejo portugais, étameurs en Transylvanie, vendeurs d’épaves de voitures dans des cités dures du nord de Marseille, voleurs à la sauvette dans le quartier Saint-Jacques de Perpignan, pèlerins fervents aux Saintes-Maries-de-la Mer et lors de fêtes qui les réunissent en Belgique, en Allemagne ou près du delta du Danube… Tous Tsiganes, ou Roms, ou Gitans, comme on voudra, mais qui souvent ne savent rien les uns des autres, qui, au hasard de leur parcours d’errance, de survie, ont tissé des itinéraires changeants, éclatés, souvent contradictoires. Quel lien entre ce village Kalderash de Hongrie, inchangé depuis des siècles, et le quartier Santiago de Jerez, pimpant et chaleureux ? Quel rapport entre cette banlieue glauque de Bucarest et l’ambiance villageoise, bon enfant, de la Placette, le quartier nîmois où des Gitans venus de Catalogne sont sédentarisés depuis longtemps ? Quelle passerelle entre cette compagnie de Roms droit sortie d’une gravure du XIXe croisée il y a peu dans le sud de l’Albanie et cette famille de forains prospères qui vient d’achever sa maison près de Port-de-Bouc ? Aucune, en apparence, si ce n’est à chaque fois une manière d’être ailleurs, différent. Autre, et quelles que soient les nationalités de circonstance, les diversités de statut, de religion, de mode de vie. Etranger une fois pour toutes à ces sociétés qui, dans le fond, ne sont que des chemins de traverse, des lieux de transit. Des nids provisoires. Et l’autre, en fait, c’est peut-être moi, ou vous. Gadjo pour l’éternité, Gadjo qu’on le veuille ou pas et que le Rom, dans son éclectisme irritant, dans sa manière de s’esquiver au moment où on croyait le frôler (au travers d’émotions musicales, notamment), continue à narguer, à provoquer, à séduire, à fasciner ou à rendre fou de rage.
C’est ainsi. Depuis leur arrivée en Europe, il y a cinq siècles, les Roms n’ont cessé de nourrir les fantasmes, les préjugés ou les illusions des Gadjé, et toutes les recommandations du Conseil de l’Europe qui voudraient «garantir l’égalité des droits, des chances et de traitement» des Tsiganes ne sont pour l’heure que voeu pieu. Ils sont en marge, rebelles, imperméables à nos modèles, différents. Ils l’ont payé très cher. Ils vont continuer à payer. Et quand des personnages aussi admirables que Yehudi Menuhin, le violoniste, ou le romancier allemand Gunter Grass, vrai trouble-fête et fondateur d’une récente fondation pour le peuple Rom, suggèrent la création d’un «passeport gitan européen» qui permet trait à tout Tsigane de circuler librement de Séville à Stockholm, de Glasgow à Istanbul, ou de séjourner librement dans le pays de son choix, on croit rêver. Eh bien, justement. On rêve.
A lire ailleurs sur le blog :
Les fils du vent
La veuve obscure
L’hymne à la paix
Les Roms
Le réveillon invisible des Roms
Journée internationale des Roms
La légende des Saintes Maries
Première rencontre avec Sara la Noire
Sous le sceau de la vierge noire
Photos, sauf mention contraire : Tsiganes Canalblog.
anti, soeur humaine.
Pogroms, persécutions, vexations gratuites, voire meurtres. Ghettos aussi, même s’ils sont mobiles. Tout rappelle le côté le plus sombre de l’exode juif pendant la même période de l’histoire humaine, depuis le 12e siècle à nos jours.
Les Nazis n’ont pas été les seuls, comme le rappele très bien cet article. Les gouvernements et parlementaires français successifs depuis le début du 20e siècle jusqu’à l’avènement de Pétain et même jusqu’après la Libération ont été tout aussi odieux, infects, racistes, impardonnables, en promulgant des lois anti-Roms dont les Nazis eux-mêmes se sont inspirés, en gardant enfermés dans des camps de concentration les Roms qui s’y trouvaient pendant plus d’un an APRES la fin de la guerre, simplement parce que les « libérateurs » avaient le même mépris des Roms que les « occupants ».
Et depuis, ça ne s’est pas vraiment arrangé ou alors pas partout et, surtout, pas pour tout le monde. Miss a rappelé le tragique fait-divers survenu en Italie il y a un an et Anti plusieurs autres cas de racisme anti-Rom tout aussi intolérables.
Quelle honte…
Anna, tous des humains
Je viens de relire tout ça… C’est… magnifiquement écrit ! aussi… Monsieur Jacques Maigne Bravo ! J’ai eu un mal fou à trouver des infos sur ce monsieur et voilà t’y pas que je découvre… qu’il est aussi nîmois…
Jacques Maigne
Grand reporter à Géo et pour d’autres publications, ancien journaliste à Libération, auteur de documentaires pour
Arte, co-scénariste auprès de Tony Galtif, écrivain, Jacques Maigne inaugure le tout premier Salon de musique
de l’hiver, un rendez-vous régulier que les Suds et le Musée proposent aux festivaliers.
« Grand reporter à Libération pendant quinze ans, Jacques Maigne, installé à Nîmes, est journaliste
indépendant et documentariste. Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’univers méditerranéen du
flamenco, des gitans, des taureaux d’Andalousie ou de Camargue, tels que L’Habit de lumière
(Ramsay, 1985), Guadalquivir (Seghers, 1990), À côté des taureaux (photographies de Michel
Dieuzaide, Climats, 1992), Secrets de gardians (photographies de Gilles Martin-Raget, Actes Sud,
2002) ou encore Toros (photographies de Philippe Becquelin, Fitway, 2004). Il a collaboré également
à l’adaptation des scénarios des films de Tony Gatlif, Gadjo Dilo (1998) et Exils (2004) – prix de la
mise en scène au festival de Cannes. Il a écrit ou réalisé depuis 1995 une dizaine de documentaires
diffusés sur la chaîne Arte, comme » Les hommes de La Ciotat « , » Le Tour de France selon Blondin
« , ou » Provence, terre inspirée « . En presse écrite, collaborateur régulier du magazine Géo depuis
1991, il a signé le texte du reportage de Jean-Daniel Guillou consacré aux tsiganes
d’Oradour-sur-Glane (novembre 2004).
anti
Tout ceci est bien triste, d’autant que cette persécution ne semble pas préoccuper grand monde. Les gitans, notamment, n’ont plus d' »ambassadeur », comme le furent Django Rheinhardt ou Manitas de Plata. D’un autre côté, les Roms refusent pour la plupart de s’intégrer (« Ils sont dans leur monde, avec leurs lois, leur langue, leur attachement vital au cercle familial, leur pragmatisme, leur refus viscéral des règles venues d’ailleurs »). Difficile d’être à la fois « dedans » et « dehors »…