Samedi dernier, on venait de faire quelques courses et on rentrait à la maison. Le ciel était vraiment spécial. J’ai pris ces deux photos avec mon portable.
Quand je les ai chargées sur mon PC pour les voir en grand, j’ai été frappée par la sensation d’oppression qui s’en dégageait et j’ai écrit le texte suivant d’une traite, en sachant qu’il deviendrait le noyau d’un nouveau chapitre de mon livre.
Tu voudrais changer de route, revenir au croisement d’avant ou à celui d’encore avant. Ou peut-être même plus loin encore. Mais tu ne peux pas. Ce qui est accompli ne peut être changé. La route qui est faite ne peut pas se défaire. A quel moment as-tu pris la mauvaise direction? Peu importe, tu n’as plus le choix. L’as-tu jamais eu, d’ailleurs…
Tu arrives dans une ruelle étroite. Tu n’en distingues pas le bout mais tu sens qu’il est beaucoup trop près. Tu te demandes ce qu’il y a juste après. Une nouvelle avenue dégagée? Une dernière impasse au mur infranchissable? Une échappatoire à travers un champ de ruines?
Tu n’aurais pas cru que le crépuscule arrive aussi vite. Tu rêves d’un soleil à nouveau au zénith. Mais pourquoi le ciel est-il si noir? Tu ne veux pas avancer mais le feu passe au vert et le flot t’entraîne. Tu comprends enfin que tu n’as jamais rien contrôlé. Tu as froid.
Tu voudrais que tout ça s’arrête.
Si c’est un rêve, tu aimerais bien te réveiller.
Si c’est la réalité, tu aimerais bien t’endormir.
Et puis j’ai commencé à écrire « Crépuscule » (le chapitre 13) mais ça ne collait pas. Il me manquait quelque chose dans l’intrigue, qui m’avait échappé. Jusqu’à ce que je comprenne qu’il sagissait d’une question de structure dans le déroulement des évènements. Il fallait que je revienne un peu en arrière. Quand je l’ai réalisé, tout est devenu simple.
Hier soir, j’ai modifié l’ordre des chapitres existants. Les anciens chapitres 11 (« Vitriol »), 12 (« Jamais mort ») et 13 (« Crépuscule », à peine commencé) deviennent 12, 13 et 14. J’ai entamé l’écriture du nouveau chapitre 11 qui s’intitule « Rituel », à cause du livre que je lis en ce moment, « Dogme et rituel de la haute magie », un ouvrage fascinant sur la kabbale écrit par un grand ésotériste du 19ème siècle, Eliphas Lévi. Je lui ai également emprunté une phrase très sombre et belle, en citation d’ouverture. La voici:
Les morts se dressent dans leur tombe et articulent en paroles fatales le vent de la nuit qui siffle dans leur crâne.
Le livre complet fera 17 chapitres, comme les quatre romans qui le précèdent.
j’aime
merci
les photos t’ont inspiré, ça colle tout à fait au texte. C’est sombre, mais pas complètement, on sent une certaine résignation de la part du personnage. La suite…
moi c’est la première photo qui me fascine , un entre deux fin du monde ou début d’un jour meilleur, entre souvenirs et l’instant profond d’une émotion fugitive mais juste passer au vert… avancer… aller vers un autre ailleurs.
Belle photo !! j’aime beaucoup et je fais sobre là …mdr !
J’ai aussi une préférence pour la première. Ce feu vert qui donne sur un ciel inquiétant, ça a vraiment été le facteur déclenchant pour l’écriture de mon petit texte.
Merci pour vos réactions.
Moi aussi j’aime la première photo, et le texte est magnifique.
C’est curieux, hier soir, j’étais en admiration devant un poème de Aragon que je voulais placer sur le blog mais je ne savais pas où ni comment l’amener. Voilà qui est chose faite :
J’arrive où je suis étranger
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps
C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie
C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
A l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Louis Aragon
anti
Quelle merveille, quelle langue magnifique, quelle émotion, quelle force…
Merci
« Le livre complet fera 17 chapitres, comme les quatre romans qui le précèdent. »
Cela m’épate, Anna.
Accorderais-tu aux nombres une valeur rituelle ?
Je termine mon deuxième roman et pour ma part, je constate qu’en dépit de la structure esquissée, le roman vit sa vie, les personnages parfois la leur, et imposent parfois un chapitre supplémentaire.
Que t’en semble ?
Je partage la même observation que toi: quand je commence l’écriture d’un nouveau roman, je n’ai pas d’idée préconçue de ce qu’il contiendra et l’intrigue se crée toute seule au fil de l’écriture.
Les personnages ont leur vie propre. D’ailleurs, dans celui-ci, l’action s’est développée de façon inattendue (pour moi) autour de deux personnages que je pensais totalement secondaires lorsque je les ai introduits dans le récit.
Cela étant, il semble que j’ai une « distance » de confort (autour de 140-150 feuillets A4 pour un roman, ce qui correspond à environ 250 pages en format livre) et que la longueur de mes chapitres étant ce qu’elle est, cela correspond à 17 chapitres.
La première fois (« Le miroir noir »), je l’ai simplement constaté de façon amusée: pour la lignée des Gabrielle, les sorcières dont l’histoire est contée dans « Les trois perles », l’âge de 17 ans a un sens particulier. Les suivantes, c’est devenu un peu comme un jeu, même si j’ai un peu triché dans « La crypte » en rajoutant aux 17 chapitres un prologue.
Tout cela étant dit, je choisis, effectivement, chacun des nombres apparaissant dans mes livres pour leur signification symbolique (aucun d’entre eux n’est choisi au hasard). Non que j’en fasse une superstition mais parce que cela rajoute une touche supplémentaire de sens en accord avec le récit ou la situation décrite.
« ce qui correspond à environ 250 pages en format livre) et que la longueur de mes chapitres étant ce qu’elle est, cela correspond à 17 chapitres. »
cela me surprend aussi : je n’ai pas de longueur type de chapitre. certains sont plus longs , d’autres assez courts. Il est vrai que , pour l’instant, j’évolue dans le roman court : le premier devait faire 106 pages et celui auquel je travaille ne doit pas dépasser les 120/130 pour l’instant.
Pour le premier j’ai même dû « rallonger ».
Pour le deuxième, non.
Je me demande si le faire ne serait pas délayer, mais a contrario aussi si je ne vais pas trop droit au but. Je vais voir quand j’aurai l’avis de quelques lecteurs-testeurs sollicités.
Bon, j’ai terminé le chapitre 11 (Rituel) hier soir. C’est venu d’une traite + les retouches et affinages et ça rend exactement comme je le voulais.
Je passe à la suite de l’écriture du 14 (Crépuscule) sans doute ce soir.
Et je précise pour Sampang qu’elle va avoir très très peur en lisant les chapitres 11 à 14 hyark hyark hyark!!!
A suivre!
mdr ! et ça te fait rire banane ! ( séance zazen prévue, pas folle ;))
Ben moi j aimerai que les livres fassent 26 chapitres ! ça collerait toujours non ? hihi
Voilà, chapitre 14 terminé.
Sampang, tu ne pourras pas le lire non plus, il fait hyper trop peur pour toi mdrrrrrrrr
Je suis bien curieuse de lire les trois prochains chapitres…
anti, ce n’est que le commencement
Et dire que ce matin je me demandais pour qui sonne le glas ? Voilà qui est chose sue.
Encore un chapitre superbe. Vivement la suite !
anti
Merci ! La suite ? Ca frémit…
Anna, se coucher tard nuit
Mdrrrrr !!! Il y a une demie-seconde j’étais en arrêt sur mon pêle-mêle devant un article précisément intitulé « Dormir moins pour vivre vieux » 😉 – http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/bien_dormir/ps_6200_sommeil_duree_ideale.htm – et aussi il vaut mieux vivre à deux (http://www.confidentielles.com/ttopic-34055-pour-vivre-vieux–vivons-a-deux—-.htm )
anti, allons ne pas dormir…
Toc toc!
A moi de te rendre une petite visite de souris curieuse parce que j’aime beaucoup les gens curieux…
Et pas mécontente de la visite! Trés joli blog plein de poésie aussi bien dans tes photos (j’aime beaucoup les bambous et ton arbre et ses environs!) que dans tes textes…
Bravo et bonne route
Emilie, une reveuse voyageuse
Ah ben c’est une bonne surprise, ça 🙂
Merci pour tes mots et bonne suite de voyages, en vrai ou en rêve.
J’adore la sensibilité qui se dégage et des photos, et du texte… C’est poignant
C’est curieux de relire cette note en écoutant « Epitaph »…
anti, pensée pour toi, ailleurs.
Anti, j’ai eu un petit coup de blues en lisant le poème d’Aragon… Enfin, tant que les feux passent au vert, il ne faut pas trop se plaindre ! Je me suis souvent posé la question : « A tel moment, pourquoi ai-je pris à droite au lieu de continuer tout droit ? » Je n’ai toujours pas la réponse (aujourd’hui, avec le GPS, on ne peut même plus se tromper !) Un jour viendra peut-être où un micro-processeur greffé dans le cerveau prendra toutes les décisions à notre place…