Grotte des Fées, Nîmes.
Parce qu’elles me fascinent, petite balade dans les entrailles de la Terre sur un texte du blog de Marie Madeleine et des photos des Routards de France et de Navarre.
Les cavernes et les grottes sont les plus anciens lieux de culte de l’humanité. Lascaux, Chauvet en sont de superbes illustrations. Ce sont des lieux sacrés, comme le seront plus tard les temples, et des lieux d’initiation. L’archéologie a mis à jour des traces de pas d’adolescents près des peintures rupestres, loin de l’entrée de la grotte.
La symbolique de la caverne est double : élévation de l’âme ou descente aux enfers. Elle représente à la fois la voûte du ciel et la porte du royaume des ténèbres et des esprits.
Elle est le centre du Monde. Lorsque la stalactite rejoint la stalagmite, elle forme le Pilier du monde qui relie le ciel et la terre.
Dans « la caverne du trésor ou le livre de l’Adam oriental » (texte apocryphe du Ve siècle), on peut lire : «…le Père primitif Adam est enterré dans une caverne. Le vieux Noé, survivant du déluge, ordonne à son fils Sem d’aller y recueillir les ossements du premier homme, puis de les enterrer à nouveau, mais au centre de la terre. »
Selon la mythologie, Pandore fut façonnée par Héphraïstos et envoyée sur terre par Zeus pour séduire les hommes et les conduire à leur perte, afin de les punir de leurs prétentions.
Chargée de veiller sur le pithos, urne funéraire dans laquelle ont été enfermés tous les maux, elle ne put résister à la curiosité, l’ouvrit et laissa ces maux se répandre sur la terre.
Seule l’Espérance demeura au fond de l’urne ouverte. Pandore fut identifiée à Eve par l’Eglise catholique. Elle est représentée nue dans une grotte, une main posée sur l’urne tragique, l’autre appuyée sur un crâne. On peut remarquer que la grotte est elle-même un crâne gigantesque dont les deux orbites s’ouvrent sur l’extérieur. Un second vase est posé sur une pierre carrée, c’est-à-dire taillée de main d’homme, peut-être un livre de pierre… Dans le lointain, on aperçoit une cité, au bord d’un lac, au pied d’une montagne.
Dans la mythologie européenne, elle est la demeure des gnomes et des dragons, gardiens de trésors.
En tant que lieu intermédiaire entre le ciel et la terre, entre le principe masculin et le principe féminin, elle permet l’accès au divin par le trou des âmes, mais aussi par le retour au monde souterrain, par l’introspection. Elle symbolise l’inconscient et ses profondeurs labyrinthiques.
La retraite dans la caverne représente l’abri absolu. Pénétrer dans la caverne signifie, psychologiquement retourner dans le ventre maternel.
La caverne représente le sein créateur de la mère (1), l’utérus : elle est liée à la femme et à la fécondité. Elle est souvent le lieu de naissance des dieux et des héros (Mithra, Jésus…)
Les cultes chtoniens ont lieu dans les cavernes comme celui de Cybèle, dans l’antiquité, que l’on retrouvera au moyen age sous les traits des Vierges Noires, ou de vierges blanches comme ND de Lourdes, à la fois déesse-Mère, et Reine du Ciel.
Marie-Madeleine dans la légende chrétienne, se réfugie à la Sainte Baume, renonçant à la vie terrestre au profit de la vie supérieure. Elle est enlevée chaque jour par des anges au dessus du Saint Pilon (saint pilier) pour rejoindre son divin époux.
Dans la caverne, le temps n’existe pas, il n’y a ni hier, ni demain car le jour et la nuit y sont semblables.
Certains rituels d’initiation font passer l’adepte par la mort symbolique dans une caverne, ou un tombeau, reproduction artificiel de la caverne, et c’est seulement après être «mort» que celui-ci peut renaître à un niveau supérieur. Le Christ est mort, a été inhumé dans un sépulcre creusé dans la roche, est descendu aux enfers, pour ressusciter enfin. D’humain, il est devenu divin.
La caverne est un gigantesque réceptacle d’énergie tellurique (2). Elle a une fonction analogue à celle de la tour et du temple en tant que condensateur de forces.
Sources :
(1) BIEDERMANN, Hans / CAZENAVE, Michel, LISMONDE, Pascale, Encyclopédie des symboles, Librairie Générale Française, Paris, 1996
(2) CHEVALIER, Jean, GHEERBRANT, Alain, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont / Jupiter, Paris, 1982
CHAMPEAUX (de), Gérard, STERCKS (dom), Sébastien, Introduction au monde des symboles, coll. La nuit des temps, Zodiaque
La grotte de sainte Marie-Madeleine La grotte (en provençal : baumo) de sainte Marie-Madeleine est une grotte naturelle creusée par l’érosion. Elle est dite sainte du fait que, selon la tradition de Provence, sainte Marie-Madeleine y vécut les trente dernières années de sa vie, après avoir accosté aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou à Marseille et évangélisé la région.
Sainte Marie-Madeleine semble bien être cette femme qui apparaît pour la première fois dans l’Évangile de façon anonyme, sous les traits d’une pécheresse, et du cœur de qui le Christ chasse sept démons. Elle devient alors disciple, avec les douze et quelques autres femmes, suivant Jésus sur les route de Galilée et de Judée. Elle est toutefois une des rares parmi les disciples à être présentée au pied de la croix, signe évident de sa fidélité et de son très grand amour. C’est à elle, une pécheresse convertie, que le Christ apparaît en premier au matin de Pâques.
Les dominicains se sont vus confier le sanctuaire dédié à cette grande sainte depuis l’an 1295 (suite à la redécouverte à Saint-Maximin des reliques par Charles II en 1279). La sainte grotte est un lieu de silence habité, de retrait par rapport à l’agitation du monde, de rencontre de Dieu dans la simplicité et la force de ce lieu à part.
A lire ailleurs sur le blog : La Baoume di fado, Sauver Lascaux, Lespugue, Robert Ganzo et Quand la glace se fait pierre.
Et pour se régaler, à voir, les 122 photos du Routard.
anti
Nous arrivons là au sacré et les cultes à la déesse-mère sont en fait les premiers. Cela a quelque chose d’attirant, d’inquiétant. Le culte des profondeurs est troublant.
Dans ce culte des grottes, je viens justement de lire un article qui parlait de Tanit, déesse de la terre phénicienne ; et à Ibiza, une grotte vouée à Tanit est toujours dans cette fonction.
Amusant (pas surprenant) mais je viens justement de passer un moment ce matin à relire le mythe de la caverne de Platon et le chapitre que je suis en train d’écrire se situe justement au bord d’un gouffre (aussi bien au sens propre que figuré).
Quant à la fascination des hommes pour les cavernes (et les abîmes en général), elle est effectivement un sujet passionnant d’une richesse symbolique et mythique sans fin et, c’est le cas de le dire, d’une grande profondeur.
Dans mes propres livres, sous une forme ou une autre, la caverne intervient plutôt souvent, maintenant que j’y pense. Pas de surprise non plus… Visite l’intérieur de la Terre…
Coucou Kathy,
Concernant le culte de Tanit, j’ai trouvé ce pdf qui paraît pas mal à première vue comme ça : http://www.univ-mlv.fr/fr/intranetumlv/telechargeable/dir.%20recherche/pj00260.pdf (pas le temps de le lire avant de partir là).
Les cavernes… Attirantes et inquiétantes, elles sont pour moi rassurantes. J’adore y être et peux y rester des heures…
Mdrrr Anna. En connexion, comme d’hab 😉
anti, Om mani padme hung
La grotte de la Sainte-Baume est accessible en 45mn de marche depuis l’Hôtellerie du Plan d’Aups (parking), par un très joli sentier en sous-bois. La chapelle n’est ouverte qu’aux offices… On y célèbre la messe de minuit à Noël (pour les courageux, qui ne craignent pas le froid !) Le massif de la Sainte-Baume est l’un de mes meilleurs souvenirs de randonnées (nombreux sentiers balisés).
Magnifique cette venue des Papous à Lascaux !!!
Nous avons justement prévu d’y passer ce weekend, lors de l’aller-retour express qui nous permettra de conduire Gwlad sur son lieu de vacances familial où elle restera jusqu’à fin juillet.
Ce qui me gène, dans « Lascaux2 », c’est qu’on est dans une reproduction… Avec les moyens photographiques actuels, on aurait pu créer un lieu, certes virtuel, mais dans le cadre original où ces oeuvres ont été conçues.
Oui, c’est vrai mais en même temps, c’est la façon la plus « naturelle » de se promener dans un espace qui ressemble au plus près au vrai site.
« C’est magnifique. Ils ont appris à peindre, cela veut dire qu’ils avaient des idées et qu’ils avaient conscience de l’importance de les transmettre. »
Et oui, c’est de transmission dont il s’agit. Le moyen peut gêner, on en a déjà parlé sur le blog d’ailleurs. En ce qui me concerne, ce sera la 3e fois que j’y vais et je suis toujours aussi fascinée de la manière, de la volonté plutôt, de transmettre.
anti, « entretenir une tradition ce n’est pas conserver des cendres, mais souffler sur des braises » (Jaurés)