A la maison, cachée comme le sont les secrets, il y a cette planche en A1 :
Je l’ai faite il y a un peu plus de 14 ans. C’est la première planche de « Silence », de Didier Comès. Je l’ai faite parce que je ne pouvais plus lire le livre, je l’avais déjà trop lu. Pourtant, je ne voulais, ni ne pouvais quitter cet univers. Je l’ai donc reproduite.
« Silence » est, avant toute chose, un conte, un conte des temps moderne dont l’action se situe quelque part dans un village de France, à Beausonge, un hameau des Ardennes, des années après la guerre.
Silence… C’est son nom. Son surnom, un quolibet plutôt. Silence est sourd-muet. Silence, l’idiot du village ne rêve que d’une chose : voir la mer…
En attendant, il sert d’homme à tout faire à Abel Mauvy, l’homme le plus puissant du village. Quand il peut grappiller quelques minutes de temps libre, Silence déambule dans la forêt. Il enfouit des objets dérisoires dans une pauvre caisse cachée sous un chêne.
C’est un enfant, doux et inoffensif, qui ne connaît pas la haine.
Comme dans les livres de Anna, Silence raconte une superbe histoire de sorcellerie et de magie. D’amour, aussi… forcément, de cet amour qui défie la haine.
Ce roman initiatique graphique en noir et blanc a été publié pour la première fois dans le magazine (À suivre), en 1979. Le trait tout en courbes de Comès et sa grande maîtrise du noir et blanc installent une atmosphère de plus en plus inquiétante au fur et à mesure de l’avancement du récit.
Sur le site de Casterman, on peut lire ceci : Inutile de présenter Comès, qui occupe dans le monde de la BD une place indéniablement forte et radicalement imprenable puisque, sans doute ni discussion possibles, c’est la sienne!…
Ses histoires fortes, ses créations poétiques, ses développements oniriques parlent d’eux-mêmes. Leur lecture est, leur relecture sera toujours un réel moment de bonheur.
Pour l’heure, laissez quelques-unes des images de Comès vous toucher grâce à la magie animée du flash, découvrez un avant-goût des Larmes du tigre, son dernier ouvrage, et écoutez ce (très pro)créateur vous parler de communion avec la nature et les hommes.
Dieter Comès est né en 1942 à Sourbrodt, petit village des cantons de l’est. Son père parlant allemand et sa mère wallon et français, il se définit lui-même comme étant un « bâtard de deux cultures », caractéristique dont on retrouvera la trace dans son imaginaire.
En sortant de l’école à 16 ans, il sera dessinateur industriel dans une entreprise textile de Verviers. Artiste dans l’âme, Didier Comès, rebaptisé Dieter sous l’occupation allemande, a d’abord été dessinateur industriel dans une usine textile.
Pendant ce temps, il se passionne pour la musique, et plus particulièrement le jazz, puis réalise quelques bandes-dessinées en amateur. Ses premières planches paraissent dans le supplément jeunesse du quotidien Le Soir dès 1969 ; elle racontent les aventures de drôles de personnages.
Il travaille ensuite pour Spirou et la version belge de Pilote, qui publie d’ailleurs le premier épisode de sa série ‘Ergun l’Errant’ en 1973.
En 1975, ‘L’ Ombre du corbeau’ préfigure l’univers onirique propre à Didier Comès. Mais ce n’est qu’avec ‘Silence’, roman initiatique dessiné en noir et blanc que l’on découvre dans les pages de la revue A Suivre avant qu’il ne soit édité par Casterman en 1980, qu’il connaît la consécration.
Suivent ‘La Belette’ (1983), ‘L’ Arbre coeur’ (1988), ‘La Maison où rêvent les arbres’ (1995) ou encore ‘Dix de der’ (2006), dans lesquels il affine sa plume et s’essaye à la technique de l’ombre et lumière.
Outre la BD, Didier Comès a réalisé des calendriers, des affiches, des cartes-postales, des sérigraphies, un timbre-poste… En 2006, Casterman sort ‘Comès’, florilège des productions de l’auteur. Didier Comès, abondamment récompensé et salué par la critique, a su ravir le cœur du public et se faire une place de choix dans le monde de la bande-dessinée.
En 1995, il a publié « La maison où rêvent les arbres« que je n’ai pas encore lu, mais qui m’attire pas mal :
Synopsis
Quand le brouillard se lève sur les marais, on croit entendre beaucoup de choses. Souvent, ce n’est que le vent, mais pas toujours… Quand la nuit vous craignez qu’un monstre soit caché sous votre lit, vous n’avez pas tort d’avoir peur; il y en a un…
Après la mort de ses parents, la petite Cybèle vient vivre chez son étrange grand-mère, au bord des marais, dans la maison où rêvent les arbres. Et les rêves des arbres prennent vie, ils deviennent des papillons ou des oiseaux, comme cet adorable macareux joufflu qui vient rassurer Cybèle les nuits de terreur. Mais un jour, finis les rêves de douceur et de beauté. Excédés par l’attitude des hommes, les arbres se mettent à faire des cauchemars. Alors ils reprennent tout ce qui était leur création : la maison, la grand-mère elle-même, qui n’était qu’un rêve d’arbre. Et bientôt ce sera pire, en raison de la mémoire du bois, le papier aussi nous rejettera, les livres s’effaceront, l’encre s’écoulera, laissant des pages vierges…
A lire aussi, l’article Comès l’enchanteur, ou la magie du réel.
Sources Amazon, BD Zoom
anti
Un style magnifique et fascinant dans tout ce qu’il exprime… J’ai vu cette fameuse planche chez toi la première fois que j’y ai été et, bien sûr, elle est toujours là avec nous, maintenant que nous visons ensemble.
Tu dessines superbement bien, sans doute parce qu’au delà de ta technique et de la précision de tes gestes, tu te projettes dans l’image que tu reproduis et tu deviens partie intégrante de la scène.
A1 = 59,4 x 84,1 cm… (je précise, car c’est géant…)
Anti,
Je suis épaté de tous tes talents.
Et moi donc 😉
Vous êtes adorables ;-)))))))))))
anti, chuuuuuuuutttttttttttt.
C’est vraiment très beau et ça fait grave envie de lire….
ça me fait me poser la question suivante : est-ce que, comme les livres on a tous une BD qui nous a touché un jour ?
J’en lisais beaucoup à une période, celle qui m’a marquée c’était le premier volet de « PLus ne m’est rien » de Sambre… Il a mit quinze ans à faire la suite et on comprend pourquoi quand on lit le premier.
Me reste plus qu’à dégotter « Silence »… Alors chut…
Bloo, entre les phylactères
Intéressant, ça. J’aurais du mal à dire quelle BD a été pour moi LA plus marquante.
En fait, il y en a eu plusieurs, qui ont accompagné mon passage de l’adolescence à l’âge adulte. Crumb et ses Freak Brothers à la fin des années 60, Astérix (si si) un peu plus tard, Druillet ensuite en particulier avec O’Siddharta, et dans un autre genre la bande d’Hara Kiri (Wolinski, Gébé et les autres), puis beaucoup plus tard Les passagers du Vent j’ai vraiment bien aimé certains épisodes…
Oh c’est fou ça, j’ai oublié celui qui m’a sans aucun doute le PLUS marqué de très loin : Moebius (et ses divers autres pseudos).
Fantastique !
« Me reste plus qu’à dégotter « Silence »… Alors chut… »
Dans ce cas, je te conseille la version N&B parce que depuis 1979, il y en a eu une version colorisée.
« celle qui m’a marquée c’était le premier volet de « PLus ne m’est rien » de Sambre »
J’ai les 5 premiers tomes à la maison. Un cadeau de Nico 😉 D’ailleurs, il m’attend pour le thé !
Bises la Bloooo O oooo !
« Moebius »
Jamais lu… A découvrir donc 😉
anti
Je ne suis pas un grand fan de BD, mais j’ai quand même quelques Manara, Reiser, Wolinski et Claire Bretecher…
J’aime beaucoup aussi, surtout Claire Bretecher.
Et j’en ai encore oublié un que je trouve génial : Enki Bilal.
Un autre « grand » de la BD est Hugo Pratt (Corto Maltese). Il est mort en 1995 à Pully (lac Léman). Une très belle statue en bronze de Corto Maltese, le regard tourné vers le lac, est érigée sur la place du village de Grandvaux (vignobles du Lavaux, excellent vin blanc suisse…).
bonsoir,
pour votre info, D. COMES vient de publier Dix de Der, BD hommage aux combattants des 2 camps lors de l’offensive des Ardennes en 44.
Votre blog est très bien fourni en photo. Félicitations
Merci pour cette info qui va intéresser pas mal de monde !
(et merci aussi pour vos mots)
Bonsoir m’sieur ou m’z’elle 😉
Concernant Dix de Der, il me semblait (voir article) qu’il avait été publié en 2006 ? S’agit-il d’une ré-édition ?
anti, belette et re-belette.
Dingue, je n’ai lu « Silence » qu’hier, plus de deux ans après cette note ! C’était la fête d’anniv de Gwlad à la maison et Moiyade nous a montré des dessins qu’il faisait. Du coup, Anti a ressorti un de ses carnets de croquis et, bien sûr, ceux qu’elle a fait autour de « Silence » dont la fameuse planche en A1.
Et là, elle fouille sur ses étagères et elle sort la BD qu’elle pose sur la table. Mais au fait, je ne l’ai jamais lue ! Dès ce matin, je l’ai fait et c’est une magnifique histoire, superbement dessinée (bien sûr) et qui a réveillé bien des échos avec des thèmes que j’ai utilisés depuis des années dans mes romans : la sorcellerie, les Roms, la kabbale, l’harmonie avec la Nature…
Bonjour, je vous raconte l’histoire d’un petit garçon dont le papa aimait la science fiction et didier comes, et dont il laissait trainer l’exemplaire d’ergun l’errant et du piège diabolique. Ce petit garçon a lu et relu ces bande dessinée. Ce petit garçon a maintenant 47 ans et adore toujours autant ces bandes dessinées. Et c’est avec un grand plaisir qu’il ira voir avec sa fille l’exposition dédiée à son auteur de bande dessinée préféré. Je suis heureux que mon père ait laissé trainé ces bandes dessinées, car maintenant je lis aussi du blake et mortimer, du servais dans la même veine ( l’almanach). et des dizaines d’auteurs différents. Mais ma préférence ira toujours au fusain ou noir et blanc. Merci encore Mr Comes de nous avoir fait rêver.
Merci, Ronny, pour ces beaux souvenirs partagés avec nous.
J’ai été voir l’exposition, j’ai bien aimé la peinture et son effet de profondeur d’un rapace à l’extérieur. J’ai adoré l’expo et surtout ce que je ne connaissais pas de mon auteur préférè. Didier Comès, nous a permis de voir l’intimité de l’homme. C’est pour cela que je vous invite à regarder cette video à l’entrée. Elle cerne mieux notre auteur. J’ai bien aimé aussi l’avant ergun. Très marrant. Et j’ai adoré les hommages à Hugo Pratt, et à Hergé. Cela m’a ému. Là j’ai compris ou était la prise de risque. J’ai quand même une petite critique. On aurait du exposé toutes les bd, même celles non casterman et les deux erguns. Mais j’étais content d’y être . ps Ma fille a détesté. On en reparlera dans 5 ans. lol
Merci Monsieur Komes.
Aaah je vois pas l’image.. un bug !!!
Mais tu m’as donné envie de lire ce roman !!!! Merci
J’espère qu’il te plaira !