Les contes de Terremer

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« Il n’est de mot que dans le silence, de lumière que dans l’obscurité, et de vie que dans la mort : radieux est le vol du faucon dans l’immensité du ciel »

Nous venons de regarder Les Contes de Terremer, une création du Studio Ghilbi bien connu pour être le studio de Hayao Miyazaki et de Isao Takahata, producteur entre autre de Nausicaä de la vallée du vent, Le Château dans le ciel, Mon voisin Totoro, le magnifique et poignant Tombeau des lucioles , Je peux entendre l’océan , Princesse Mononoké , Le Voyage de Chihiro , Le Château ambulant, le château dans le ciel, etc.

Les contes de Terremer sont adapté de la série de romans Terremer de l’auteur américaine Ursula K. Le Guin.

Le film raconte les aventures du jeune Arren, prince du royaume d’Enlad, qui va s’allier aux forces du puissant archimage Epervier, pour rétablir l’équilibre du monde menacé par une « ombre destructrice ».

Dans le combat qui s’annonce, Arren et Epervier croiseront la route de Therru, une mystérieuse jeune fille. Ensemble, ils dépasseront leurs peurs et uniront leurs destins pour mener le plus fascinant des voyages.

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Sorti en 2006, Les contes de Terremer (Gedo Senki) constitue un nouvel évènement dans l’histoire du studio Ghibli. C’est en effet la première réalisation de Goro Miyazaki, fils du célèbre Hayao Miyazaki.

Pour ma part, j’y ai retrouvé de nombreuses références aux œuvres du papa et le coup de griffe du studio. Choix d’interprétation onirique, animiste de l’œuvre. Des décors toujours aussi bien travaillés, des personnages qui m’ont rappelés « le château ambulant » et « le château dans le ciel » (notamment les pirates).

Par ailleurs, j’ai touvé la bande son très intéressante et le japonais reste à mes yeux la plus belle langue au monde après l’italien.

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Ce qui m’a le plus étonnée en fait est le personnage du mage appelé Epervier et les nombreuses vues de faucon. Je ne pouvais m’empêcher de penser que l’un des premiers Miyazaki père (participation au design) était Horus, prince du Soleil… nom évocateur.

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Interview de Goro Miyazaki

Avec « Les Contes de Terremer », Goro Miyazaki signe son tout premier film. Malgré des relations parfois houleuses avec son illustre père Hayao Miyazaki (« Le Voyage de Chihiro », « Princesse Mononoke »), il puise dans le passé du Studio Ghibli tout en apportant sa touche personnelle.

Rencontre avec le fils d’une légende !

Vous avez épousé plusieurs carrières avant de réaliser « Les Contes de Terremer »… Pourquoi avoir décidé si tard de réaliser votre premier film ?

Goro Miyazaki : Ce n’est pas si facile que ça quand vous avez un père qui s’appelle Hayao Miyazaki et qui est connu dans le monde entier… C’est pour cette raison que j’ai longtemps souhaité rester en dehors du monde de l’animation. Par ailleurs, ma mère m’a toujours dit de ne pas suivre les pas de mon père… Ca a été très dur de la convaincre ! (rires)

Avant vous, Hayao Miyazaki avait déjà essayé d’adapter « Les Contes de Terremer ».

Oui, il y a vingt ans le producteur Toshio Suzuki et mon père avaient déjà contacté Ursula K. Le Guin (nldr : l’auteur des Contes de Terremer) pour adapter ses livres. En revanche, à l’époque, ils étaient encore jeunes et avaient moins d’expérience qu’aujourd’hui. Ils étaient moins connus aussi et Ursula K. Le Guin avait alors refusé que l’on porte son oeuvre sur grand écran. Mais depuis elle a changé d’avis et nous a contacté directement pour nous en confier l’adaptation cette fois-ci.

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Quels sont les points communs entre votre oeuvre et celle de votre père ?

Je ne sais pas s’il y a véritablement de points communs entre nous. De surcroît, mon père d’il y a 20 ans n’est pas le même que celui d’aujourd’hui. Il a évolué. Et de mon côté, je pense avoir fait un film différent de celui qu’il aurait réalisé. Si mon père avait créé ce film aujourd’hui, il aurait choisi comme personnage principal un sorcier plus âgé à la place du jeune Arren. Il aurait adopté le point de vue d’un vieux magicien qui a beaucoup d’expérience dans la vie et qui a, peut-être, des inquiétudes à l’approche de la mort… Son film aurait été complètement différent du mien.

Dans beaucoup de films d’Hayao Miyazaki, la guerre est omniprésente et menace constamment les personnages. Au contraire, dans  » Les Contes de Terremer « , l’aventure reste assez intime tout le long du film.

Oui. Cela tient à la différence de génération. Celle d’Isao Takahata et de mon père a vécu la guerre. Ils en ont une vision plus réaliste du fait de leur expérience. Au contraire, ma génération est plus détachée vis à vis de la guerre et si elle essayait de la représenter, ce serait trop artificiel.

Les films du Studio Ghibli sont reconnaissables entre tous. Que pensez-vous pouvoir leur apporter ?

J’ai avant tout essayé d’utiliser le style habituel du Studio, que ce soit avec les dessins des personnages et des décors. D’un autre côté, je n’avais aucune expérience ni de méthodologie qui pouvait me permettre d’adopter un autre style. Donc c’est plutôt dans l’intrigue et la psychologie des personnages que j’ai essayé de me démarquer et d’introduire quelque chose de plus personnel.

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Les chansons sont assez rares dans les films de Ghibli. Pourtant celle des  » Contes de Terremer  » tient une place centrale. Qu’est-ce qu’elle représent pour vous ?

La chanson permet à Arren de comprendre quel genre de vie Therru avait vécu. Plutôt que d’expliquer en plusieurs scènes son passé, comment elle a été battue par ses parents, etc. J’ai trouvé qu’une chanson l’exprimerait avec plus de force.

Dans une des premières scènes du film, le jeune héros, Arren, assassine son père sans véritablement de raison. Connaissant vos relations houleuses avec votre père, faut-il y voir une volonté de rupture, un sentiment inavoué ?

Je n’ai jamais eu l’idée de tuer mon père ! (rires) Mais cette scène évoque ce que je ressens tous les jours en vivant au Japon. Ma génération a le même genre de sentiments qu’Arren, elle vit dans une tension permanente et peut exploser à tout moment.

Qu’est-ce que votre père a pensé du film ?

Je n’ai jamais abordé le sujet avec lui personnellement… Comme tous les Japonais, il est très timide donc il ne m’en a pas parlé directement. En revanche, il en discuté avec des amis qui m’ont rapporté qu’il avait apprécié l’honnêteté avec laquelle j’avais réalisé le film.

Quel est votre film préféré d’Hayao Miyazaki ?

(Il hésite) J’adorais la série Heidi, la petite fille des Alpes. J’aime aussi Le Château de Cagliostro, Nausicaä de la vallée du vent… Je préfère ses oeuvres de jeunesse.

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Avez-vous un autre film en préparation ?

Non, je n’ai aucun projet pour l’instant. Je dois justement choisir entre poursuivre dans cette voie ou prendre un autre chemin…

Propos recueillis par Eric Kervern le 28 février 2007 pour allo ciné.

Ce qu’il faut savoir des Contes de Terremer avant de le voir sur Buta connexion, le site français consacré au Studio Ghibli.

Bref, un film que je recommande qui sera rediffusé sur Canal+Familly Mardi 17 février 13h05 et Jeudi 19 février 17h40.

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8 Replies to “Les contes de Terremer”

  1. Anna Galore

    J’ai eu malheureusement une légère absence pendant le film (ça veut dire dodo soudain) mais je confirme l’essentiel : un scénario original, très riche en symboles familiers (Horus) ou pas et une bande-son effectivement fort intéressante (la chanson de Therru est de toute beauté).

    J’ai trouvé le graphisme de Goro moins sophistiqué que celui de son père, cela dit c’est tout de même du très haut niveau, bien sûr.

    L’animation est remarquable. Je repense, par exemple, à la scène où les trois cavaliers arrivent à la ferme et en reportent au galop, magnifique de naturel (et très très loin des mangas tels que Naruto, d’une pauvreté décourageante). Les scènes de cauchemars sont également très impressionnantes, on sent physiquement l’oppression que subit Arren.

  2. anti

    Ah oui, il y a aussi le côté très écolo. Le mal ressemblant à s’y méprendre à une marée noire.

    Et je repensais aussi à Dino Buzzati, au « K » en particulier lorsque le jeune Arren fuit ce qu’il appelle « son ombre », qui est en fait la part de lumière qu’il a en lui mais qu’il fuit.

    Il y a aussi les règles de magie élémentaires sur le nom véritable, la parole perdue, cette faculté d’agir sur son environnement et sur les personnes quand on connait leur vrai nom; c’était aussi très bien utilisé dans « Le voyage de Chihiro » que je vais me faire un grand plaisir de revoir aujourd’hui ! C’est dans le « Voyage » aussi que la musisque est très importante autant que je me souvienne.

    Voili voilà.

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  3. Nico

    Joli film en effet, visuellement très intéressant, mais que je trouve assez maladroit sur la mise en scène . Pour ma part, j’ai eu beaucoup de mal a accrocher durant tout le film . Même si c’est sa première réalisation, il lui manque cette étincelle qui différencie le « correcte » du « genial » .

    Un petit aparte à propos de Ghibli : Les 2 réalisateurs , Takahata et Miyazaki ont eu un différent il y a quelques années, et le premier a quitté le studio. C’est ce qui explique sa totale absence dans les derniers films sorti .
    Il faut aussi savoir que Ghibli a un énorme problème actuellement, qui est celui de la relève des réalisateurs . En 1998, il s’est passé un évenement très important : Le décès prématuré de Yoshifumi Kondo à l’age de 48 ans . Peu de personne le connaisse, mais il était la nouvelle génération du studio, une personne très expérimentée (animateur, lead animateur, realisateur, designer, etc), douée . Normalement , il devait prendre la suite de Miyazaki, mais sa mort à obligé ce dernier rester au sein de Ghibli au lieu de partir à la retraite.
    Aujourd’hui, ce fameux studio a beaucoup de mal à faire des films aussi mythique que porco rosso, nausicaa, totoro, etc.. Miyazaki devenant aveugle, son fils n’ayant pas le genie de son père, Takahata parti, Kondo décédé .

  4. Bessey Rodolphe

    Je suis un inconditionnel de Miyazaki père, j’ai presque tous ses films, j’ai aussi lu les contes de Terremer…
    Ce film est beau, mais il manque un petit truc …
    Merci pour l’article….

  5. anti

    Merci les garçons pour vos commentaires intéressants. Je me souviens Rodolphe, avoir eu un bref échange avec toi et Anna sur « Mon voisin Totoro » sur un autre forum en effet, pour ce qui est de Miyazaki père.

    Nico, ça fout un peu les boules pour Ghibli ce que tu annonces là. D’un autre côté, vu qu’on récupère leur longs métrages des années après la sortie japonaise, on va quand même avoir droit à des originaux père pendant un petit moment encore non ? rassure-moi ?

    Je ne savais pas qu’il devenait aveugle. C’est triste.

    Au plaisir de vous lire messieurs !

    anti

  6. Nico

    En fait Hayao Miyazaki est connu pour vouloir tout faire/controler sur ses réalisations , au point qu’il faisait (je sais pas si c’est encore le cas) une grosse partie des « clés » (dessins important d’une animation), le storyboard, etc… C’est clairement un acharné du boulot, du au fait qu’il délègue assez peu . Le contre coup, c’est qu’il n’y a pas de relève en formation
    . On voit donc arriver des realisateurs « étrangers » au studio pour faire un film sur 2 (Tomomi Mochizuki, Hiroyuki Morita).

    Aujourd’hui que « Ghibli » est une marque commerciale connue et reconnue, les sorties du studio, se font mondialement avec peu d’écart . Parfois, en France, on a même le droit à des avant-premières mondiales. Je crois même qu’il y a eu le Royaume des Chats qui est sorti au pays du Fromage-qui-pue , avant celui du Soleil Levant (à vérifier, j’en suis plus sûr) . Il reste tout juste quelques « vieux » films et certains « pré-ghibli » qui sont pas encore disponibles, mais ça ne saurait tarder.

  7. anti

    « Il n’est de mot que dans le silence, de lumière que dans l’obscurité, et de vie que dans la mort : radieux est le vol du faucon dans l’immensité du ciel »

    Très belle citation extraite du film que je viens de rajouter dans le corps de la note après l’avoir vue chez Rodolphe.

    « Il reste tout juste quelques « vieux » films et certains « pré-ghibli » qui sont pas encore disponibles, mais ça ne saurait tarder. »

    Chouette ! Et encore merci pour les infos hyper interessantes !

    anti dodo.

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