Nous avons eu le grand plaisir de passer un moment hier avec Jérôme Soligny, qui était à Nîmes à l’occasion du Festival de la biographie. Il y dédicaçait deux de ses livres, « Writing on the edge, 25 ans d’écrits rock » et « David Bowie ouvre le chien » (excellent ouvrage que je recommande). Jérôme, nous vous en avions un peu parlé à l’occasion de la cérémonie très rock’n’roll dans les coulisses de l’Olympia, lors de laquelle mon frère est devenu chevalier des Arts et des Lettres en présence entre autres de Patti Smith, Féfé, Giédré et Renaud Donnedieu de Vabres.
Hier, Jérôme nous a parlé de sa vie étonnante. Alors qu’il avait 11 ans, son pion lui offre trois disques (des 33 tours en vinyle, à l’époque), parmi lesquels Hunky Dory, de David Bowie, alors très peu connu. Aux premières phrases de la chanson « Changes », Jérôme avait fondu en larmes d’émotion. Tout le reste de sa vie s’est retrouvé sous l’influence directe de Bowie.
Devenu adulte, il écrit une chanson en hommage à sa star encore inaccessible. Un jeune artiste du coin (c’était à Rennes) lui demande s’il peut l’adapter. C’était Etienne Daho et la chanson, « Duel au soleil ». Jérôme n’a jamais cessé de collaborer avec lui depuis. Il en est devenu un ami extrêmement proche. Il a même connu son épouse grâce à Etienne, qui était aussi son témoin de mariage.
Encore quelques années qui passent et Jérôme commence à être perçu par tous comme LE spécialiste de Bowie, grâce à une biographie de l’artiste qu’on lui demande de rédiger. Le rédac’chef de Best lui propose d’écrire des articles dans son mensuel, jusqu’au jour où Philippe Manoeuvre le persuade de rejoindre Rock-et-Folk, le grand mag du rock qui a été fan de Bowie depuis toujours – au point de lui avoir consacré le plus grand nombre de couvertures, y compris devant les Rolling Stones.
Et là, instant de grâce parmi bien d’autres dans la vie de Jérôme : un jour, Manoeuvre lui dit que Bowie doit être interviewé et que c’est à lui de le faire. Jérôme rencontre David pour la première fois. Émotion énorme, et puis : « En trois secondes, il m’a mis à l’aise ». Au moment où il repart, Coco, l’assistante de Bowie, le rattrape : « Reste avec nous pour la journée ».
Le début d’une relation exceptionnelle, imprévisible et d’autant plus précieuse, entre Jérôme et David. En parallèle, la route de Bowie va croiser celle de mon frère Alain pendant plusieurs décennies. Jérôme ajoute : « David n’a eu que trois personnes qui comptent à ses yeux en France : Eric Dahan, Alain et moi » (Dahan est journaliste musical et auteur d’un film consacré à Bowie).
C’est pourquoi, en ce sinistre 11 janvier 2016, Jérôme a demandé à Alain de l’accompagner partout pour parler de David avec lui, après avoir eu initialement l’envie de se terrer à jamais au fond d’un trou – mais cela aurait été laisser la parole à d’autres qui n’auraient jamais su en parler que comme des commentateurs lambda. Ils se retrouvent donc ensemble sur le plateau du Grand Journal ce soir-là.
Devant ce parcours incroyable qui a transformé toute sa vie depuis l’âge de ses onze ans, Jérôme reste d’une humilité magnifique : « Tout ça est arrivé comme ça. Je n’ai jamais rien demandé. »
Superbe note !
Avec des anecdotes savoureuses et incroyables et qui illustrent si bien * les galets que chacun croisent le long de son chemin de vie* et qui nous interpellent ou pas, nous font nous arrêter ou pas, nous font les prendre ou pas….
Quelle vie que celle de ce Monsieur Jérôme Soligny, quel parcours depuis ses 11 ans ! Quelle humilité !
…Être humble c’est aimer la vérité plus que soit, heureux téléspectateurs du grand journal qui ont vu et écouté ces deux belles personnes parler de David Bowie alors que la plupart des témoignages empressés suite à une disparition ne sont que prétextes à se faire mousser…..
Et merci pour l’info sur ses deux livres.
Je savais que ça te plairait, cher Chef… Oui, Jérôme est quelqu’un de vrai, d’honnête, de sensible et doté en plus d’une très belle plume, trempée à l’encre du rock comme on l’aime, sous toutes ses facettes tellement diverses. Un très grand plaisir de le connaître.
Ça a été un plaisir de retrouver Jérôme, pour l’écouter raconter sa rencontre avec Bowie, moment très intime et émouvant.
Ce qui est drôle, c’est que nous avons sympathisé de suite lorsque nous nous sommes vus la première fois, car… il portait un t-shirt que nous ne pouvions pas ne pas voir : celui de Sea Shepherd 🙂 Non seulement Jérôme est sensible à l’art, mais il l’est aussi aux animaux. Le monde est merveilleux !