Antony & the Johnsons ont sorti un nouvel album intitulé “The Crying Light » dont les titres ont été inspirés vous disais-je, par Kazuo Ohno, qui figure en photo sur la jaquette du CD.
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de lui et du théâtre/danse butô dont il est l’un des pionniers.
En 1998, Kazuo Ohno a été l’auteur du message de la Journée Internationale de la Danse que vous trouverez à la fin de ce billet. Sur le même site, on peut lire cette brève biographie :
Né au Japon au début du siècle dernier en 1906, Kazuo Ohno décide à l’âge de 23 ans de consacrer sa vie à la danse et commence son apprentissage auprès de deux pionniers de la Danse moderne au Japon : Baku Ishii et Takaya Eguchi, ancien élève du Neue Tanz auprès de Mary Wigman en Allemagne.
En 1977, Ohno présente son solo Butoh, « La Argentina Sho » (Admiring La Argentina) dirigée par Hijikata, l’oeuvre reçoit le Prix du Cercle des Critiques de Danse.
En 1980, Kazuo Ohno part en tournée à Strasbourg, Londres, Stuttgart, Paris et Stockholm.
Il crée deux oeuvres majeures, « Ma mère » et « La Mer Morte », qu’il présente avec Yoshito Ohno et qui sont dirigées par Hijikata. Parmi ses autres oeuvres : « Les Nénuphars« , « Ka Cho Fu Getsu » (Fleurs-Oiseaux-Vent-Lune) et « La route du Ciel, la Route de la Terre« .
Kazuo Ohno a joué le rôle principal dans plusieurs films : » Portrait de Monsieur O. » (1969), » Le Mandala de Monsieur O » (1971), » Le Livre de la Mort de Monsieur O » (1973), et » Kazuo Ohno » (1995).
Il est l’auteur de trois livres sur le Butô, » Le palais s’envole au ciel « , » Dessin » et » Des paroles pendant les répétitions « .
En tant qu’un des artistes les plus représentatifs de la danse Butô, Kazuo Ohno a tourné en Europe, en Amérique – du Nord et du Sud – ainsi qu’en Australie et en Asie.
Mais le butô, c’est quoi ?
Le butō (舞踏) est une forme de danse contemporaine japonaise inspirée, à ses débuts par les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki. On la qualifie de « danse des ténèbres » ou de « danse de la mort ».
Le mot Butō vient du verbe bu dans la prononciation chinoise (prononciation japonaise : mau) qui signifie danser, et tō (prononciation japonaise : fumu), qui signifie piétiner.
Idéologiquement, le butō procède à l’origine à la fois d’un rejet de la culture occidentale et des formes anciennes des arts vivants japonais.
Les danseurs et danseuses de butō dansent généralement presque nus et peints en blanc, surtout ceux de la génération actuelle.
Kazuo Ohno (大野一雄) est l’un des fondateurs du genre.
Son dernier spectacle à l’étranger, Requiem for the 20th Century, fut donné à New York en décembre 1999. Il avait donc 93 ans.
Selon la biographie (en japonais et en anglais) que l’on peut trouver sur son site, malgré de graves troubles de la vision et une condition physique très dégradée, il a continué à danser au Japon après 1999.
Mais puisqu’il ne pouvait pratiquement plus marcher, il se faisait soutenir par d’autres. Quand il ne pouvait même plus se tenir debout de cette façon, il dansait assis. Et quand ses jambes ne lui répondaient plus, il dansait avec ses mains. Finalement, quand il se sentit définitivement perdu pour la danse, il dansait en rampant sur le sol, le public ne pouvant voir que son dos…
La Mer morte est le titre du spectacle dont nous publions un extrait ci-dessous. Tout comme ceux qui l’ont diffusé sur le Web, nous ignorons la date de son enregistrement. Elle est estimée à la fin des années 80. Ohno avait donc près de 90 ans. (Source : Le japon chez vous)
Il y a quelques temps j’avais eu un petit échange sympatique au sujet du butô avec Rodolphe Bessey qui connait bien le sujet et conseille ces quatre vidéos vraiment intéressantes :
Nantes : Buto or not Butoh, par Philippe Le Louarn.
Rodolphe a d’ailleurs crée une playlist sur Daylimotion à consulter impérativement par les personnes intéressées : Playlist Butô/Butoh Dance des ténèbres…
Ainsi que ces deux livres :
Butô(s), de Odette Aslan et
Sankai Juku de Guy Delahaye et Raimund hoghe.
La compagnie Sankai Juku est sidérante. On pourrait traduire ce nom par « studio/compagnie de la montagne et de la mer »).
Jadis, j’avais offert un très beau livre sur « Sankai Juku » à Michel. Je ne les ai jamais vu sur scène, mais j’ai trouvé les photos incroyables à l’époque, notamment certaines avec l’oeuf (et aujourd’hui encore je suis estomaquée). En voici quelques unes que j’ai sélectionnées pour vous :
Je voudrais finir sur ses paroles magnifiques de Kazuo Ohno que vous avez peut-être déjà été lire, mais qu’importe, elles sont si belles :
Au seuil de la mort on revisite les moments joyeux de toute une vie.
Nos yeux grand ouverts fixent la paume, contemplent la mort, la vie,
joie et tristesse, avec un sentiment de sérénité.
Cette recherche de chaque jour de l’âme, est-ce cela le commencement du voyage ?
Je suis assis désorienté sur le terrain de jeu des morts.
Ici je souhaite danser, danser, danser, danser, la vie de l’herbe folle.
Je vois l’herbe folle, je suis l’herbe folle, je deviens un avec l’univers.
Cette métamorphose est la cosmologie et la recherche de l’âme.
Dans l’abondance de la nature je vois les racines de la danse.
Est-ce que mon âme tend à toucher physiquement la vérité ?
Lorsque ma mère mourait, je caressai ses cheveux toute la nuit sans pouvoir
prononcer un seul mot de réconfort. Et après je me rendis compte que ce n’était
pas moi qui m’occupais d’elle mais elle qui prenait soin de moi.
Les paumes des mains de ma mère sont pour moi de précieuses herbes folles.
Je désire danser la danse de l’herbe folle jusqu’aux derniers battements de mon coeur. »
anti
Fascinant, renversant, époustouflant !!!!
Du génie pur ! Et quel DON total de soi pour son art…
Je vais lire et relire cet article dès que possible et aussi voir toutes les vidéos indiquées (au boulot, c’est pas idéal…)
Pas pu m’empêcher. Je viens de tout relire et j’ai fait tourner la vidéo de « The dead sea » sans le son.
Profondément poignant, tout ce qu’il exprime… Et quelle beauté, quelle force intérieure…
Très heureuse d’avoir fait cette note, j’ai appris plein de choses et vous aussi ! alors tant mieux !
anti
Bravo, très bel article, je pense cependant que le butô ou butoh est antérieur à Hiroshima, bien que ce triste évènement ait amplifié ce mouvement.
Merci pour le choix des photos, tout ceci est sublime, tu assures Anti 😀
Je conseille aussi cette playlist que j’ai constitué:
http://www.dailymotion.com/playlist/xs3qa_RodolpheBessey_butobutoh-dance-des-tenebres
Mille Bisous
Merci pour tes commentaires et ton passage, Rodolphe !
Amitiés
Hé coucou toi ! Merci pour le compliment, venant de toi, c’est… waouh !
J’ai rajouté le lien vers ta playlist directement dans le corps de la note.
Très belle journée à toi, au plaisir !
anti
Cet artiste est un génie pur… Ce n’est pas qu’un danseur, mais plutôt un messi de la beauté et de la sagesse. Quel dommage qu’il n’y ait pas plus de gens comme ça sur terre.
http://emilieholly.wordpress.com
bonjour
les images video dont vous ne connaissez ni la date ni l’auteur sont celles d’Edin Velez tournées soit en 85 lors du premier festival de Butoh lors de la première de « La mer Morte » –
soit en 87, lorsque le couple Ethel et Edin velez sont revenus filmer un autre évènement retrospectif (des 3 plus importantes performances de M.O) à Yokohama. J’opterai pour cette dernière aux vues de la musique utilisée alors ds le spectacle.
bien à vous
nourit