L’histoire de l’apparition de Charlie Hebdo en 1970 est très connue. Celle de l’origine du titre Charlie, beaucoup moins.
Il y avait au départ un hebdo satirique d’infos écrit par l’équipe de Hara Kiri, un mensuel « bête et méchant » comme le disait son slogan, et cet hebdo s’est appelé tout naturellement Hara Kiri Hebdo. Quand Charles de Gaulle est mort en 1970 la même semaine où un incendie ravageait une boîte de nuit, faisant des dizaines de victimes, Hara Kiri Hebdo a titré : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Et il a été interdit pour ça (on a du mal à imaginer la même chose de nos jours).
Peu de temps après sortait Charlie Hebdo, avec toujours la même équipe et la même liberté de ton. Les Editions du Square, créées par Georges Bernier alias le professeur Choron, co-fondateur de Hara Kiri avec François Cavanna, avaient lancé en 1969 un autre mensuel nommé Charlie, entièrement consacré aux bandes dessinées, parmi lesquelles celles de Charles Schultz, « Peanuts » et son célébrissime personnage, Charlie Brown. Un mensuel italien nommé Linus (un autre personnage de Peanuts) a servi de modèle à Henri Roussel, le fondateur de Charlie également membre de l’équipe Hara Kiri sous le pseudonyme de Delfeil de Ton.
Quand Charlie Hebdo a été lancé, son titre avait l’avantage d’appartenir déjà aux Editions du Square et il faisait de plus une allusion ironique à « Charlie » de Gaulle qui était à l’origine involontaire de lui avoir donné naissance. Un humour déjà très Charlie dès le premier numéro !
Cela rend d’autant plus émouvant le dessin utilisé par l’écrivain britannique Magnus Shaw sur Twitter à la suite de l’attentat du 7 janvier.
Merci pour toutes ces explications fort intéressantes.
Je me souviens très bien du scandale du « Bal tragique à Collombey, un mort » de Hara Kiri.
Ah Charlie Brown!
Que de bons moments …….
Merci pour cette explication. J’ignorais tout de l’origine du titre. Pour ce qui est du scandale Hara Kiri… il est arrivé trop tôt pour que je puisse m’en souvenir.
Je reviens sur la note et sur l’évocation du nom de François Cavanna. Que j’ai aimé cet homme-là. Tout de lui. Ses coups de gueule permanents, son œil rieur de gosse préparant un sale coup, les frisottis de sa moustache, sa tendresse et ce film merveilleux tiré de son non moins merveilleux bouquin: Les Ritals. La honte d’être un « macaroni » dans ce temps-là avec un père qui débouchait les fosses septiques. Et, pour ceux qui se souviennent du film, le père qui tombe dans la merde! Cet épisode de son père a dû le poursuivre toute sa vie le Cavanna.
Je l’ai entendu dans une interview sur la Radio Suisse Romande, un an avant de nous quitter, il était déjà malade. Il était en colère après la mort. La tête qu’il a dû faire quand il a vu débarquer ses potes quelque part là-haut, au paradis des défenseurs de la liberté de penser.
Hé! j’ai une belle collection de Charlie Mensuel, j’espère m’enrichir prochainement, pas la peine de me contacter je ne vends pas (pour le moment) j’attends que le titre monte en bourse.