Un rapport de la Cour de Comptes révèle que les corridas de Bayonne ont totalisé une perte de plus d’un million d’euros entre 2006 et 2012. Un désastre financier que la Mairie a tenté en vain de nous cacher lors de notre entrevue à Bayonne avec Jean-René Etchegaray, maire de la ville, de son directeur de cabinet, de son adjoint à la Culture et de son adjoint aux Finances le 9 août. Ce dernier nous avait affirmé de façon véhémente que la seule année où les corridas avaient été déficitaires était 2011 avec un plongeon historique de 415 000 euros.
Comme nous lui objections que selon Jean Grenet lui-même, précédent maire et du même bord politique que l’actuel, les années précédentes avaient également montré des pertes significatives, il nous avait rétorqué que c’était faux et que les médias mentaient.
Et la Cour des Comptes, elle ment aussi ?
Notre déléguée Carole Saldain, Basque et fière de l’être, s’est procuré le dernier rapport de la Cour régionale des Comptes sur les finances de Bayonne, un document de 35 pages qui donne entre autres les chiffres officiels sur les temporadas de 2006 à 2012. Il faut croire que les rédacteurs du rapport sont aussi des menteurs, comme Jean Grenet et comme les médias, puisqu’ils confirment les pertes abyssales causées par les corridas de Bayonne sur cette période.
Le déficit cumulé 2006-2012 est de 1,1 millions d’euros
Un point important avant d’aller plus loin : à Bayonne, les corridas sont organisées par la municipalité en régie directe, c’est-à-dire sur le budget de la ville. Lorsqu’elles sont déficitaires, ce sont les habitants qui trinquent. Rappelons que Bayonne a un endettement de 142% par rapport à la moyenne des villes françaises de même taille.
Comme le montre le tableau dressé par la Cour des Comptes, les résultats nets des temporadas sont de -75 979 € (2006), -247 255 € (2007), -209 440 € (2008), -100 964 € (2009), -138 120 € (2010), -415 427 € (2011) et +100 683 € (2012). Le total cumulé est d’environ 1,1 millions d’euros de pertes sur la période 2006-2012.
Les raisons qui expliquent le résultat positif de 2012 sont principalement le fait que 9 corridas seulement ont été organisées cette année-là au lieu de 12 à 14 les années précédentes et que la ville a exigé des toreros qu’ils acceptent un salaire en baisse de 20% par rapport à leurs tarifs habituels (ce que plusieurs matadors célèbres ont refusé, préférant scier un peu plus le dernier bout de branche sur lequel ils se trouvent… ce dont nous les remercions).
Pour la temporada 2014, le conseil municipal a approuvé un budget prévisionnel de 218 000 euros pour l’achat des taureaux et de 560 000 euros pour les contrats avec les toreros (délibérations du 6 mars et du 5 juin 2014).
Les mensonges récurrents de la Mairie
Il est donc clairement établi que le maire et ses adjoints nous ont menti lorsqu’ils nous ont affirmé que seule l’année 2011 avait été déficitaire : elles l’ont toutes été de 2006 à 2011.
Ils nous ont également menti en nous disant que globalement, sur les années précédentes, les comptes s’équilibraient : le résultat net cumulé sur 2006-2012 est un déficit de 1,1 millions d’euros.
Et ils nous ont encore menti en nous laissant croire que, grâce à 2013, la situation financière serait neutre : certes, 2012 a dégagé un excédent qui a fait passer le trou de -1,2 millions d’euros à -1,1 millions, mais on voit mal comment 2013 aurait pu combler les 1,1 millions restants. Au mieux, les pertes cumulées ne sont plus « que » de 900 000 euros sur la période 2006-2013.
Et ce n’est pas 2014 qui va faire le miracle de générer un profit astronomique à même d’effacer l’ardoise. Quoi qu’en prétendent le maire et ses adjoints qui pensent que tous ceux qui disent du mal de la corrida à Bayonne sont des menteurs, on apprend en effet par l’organisateur des corridas bitteroises Robert Margé dans le Midi Libre que les corridas des 9-10 août à Bayonne n’ont attiré que 8000 spectateurs pour une contenance potentielle de 21 000 places sur deux jours, c’est-à-dire environ 40% de remplissage (les arènes ont 10 500 places).
Les largesses de la Mairie vont creuser encore plus le déficit
La Mairie s’est toujours montré généreuse pour tenter de remplir les gradins de ses arènes. En vain, puisque même comme cela, le taux de remplissage reste constant… et très bas. Le même rapport de la Cour des Comptes révèle des chiffres ahurissants.
Jusqu’à 7735 invitations en 2007 et « seulement » 2917 en 2011 ! Pour 2012, la Mairie n’a pas souhaité communiquer les chiffres à la Cour des Comptes. Ils sont si embarrassants que ça ?
Faisons quand même un petit calcul tout simple grâce à ce tableau : le nombre d’entrées payantes par corrida.
- 2006 : 4187 entrées par corrida en moyenne (39,9% de remplissage)
- 2007 : 3857 (36,7%)
- 2008 : 3614 (34,4%)
- 2009 : 3906 (37,2%)
- 2010 : 4117 (39,2%)
- 2011 : 4232 (40,3%)
- 2012 : 3720 (35,4%)
- 2013 : chiffres non connus
- 2014 : 4000 (40%) pour les corridas d’août
On le voit, ces tristement fameuses corridas de Bayonne n’intéressent plus qu’une poignée de gens, et depuis longtemps. Si ses gradins semblent parfois pleins pour tel ou tel torturador célèbre, il faut croire que le reste du temps, ils sont largement clairsemés puisque la moyenne de fréquentations n’évolue pas depuis des années, malgré le nombre impressionnant d’invitations distribuées à tour de bras pour cacher le désastre. Sans parler de la gratuité pour les enfants et adolescents de 0 à 15 ans.
Les fêtes de Bayonne : 1 million de personnes, dont 96% ne vont pas aux corridas
On l’a souvent souligné : il ne faut pas confondre férias et corridas, comme se plaisent à le faire les aficionados pour tenter de faire croire que le succès des premières repose sur celui des secondes et qu’il est donc primordial de ne pas supprimer les corridas, sinon les férias s’écrouleraient. Un mensonge grossier de plus, bien entendu.
Les férias de Bayonne sont entièrement financées par la ville. Ce sont les commerçants qui en touchent les bénéfices et c’est très bien – le but de subventions utilisées de façon saine, c’est de dynamiser l’économie locale.
En revanche, les corridas constituent non seulement une charge importante sur le budget de Bayonne mais elles n’ont aucune justification économique ou touristique puisqu’elles n’intéressent que 3 à 4% de la foule qui vient aux férias (en supposant que chaque spectateur n’assiste qu’à une seule corrida, ce qui est peu probable).
Bayonne est ainsi dans une situation identique à celle des autres grandes villes taurines comme Nîmes ou Vic-Fezensac : pour un million de fêtards, seuls quelques milliers sont là pour voir des taureaux agoniser, pendant que 96% des gens ne mettent jamais les pieds dans les arènes. Même gratuitement.
Il est plus que temps d’en finir avec ces spectacles sanglants et morbides importés d’Espagne. Leur survivance répugnante ne repose que sur des leurres, des tromperies, des mensonges.
Merci pour cette analyse honnête et édifiante que je me fais un plaisir de transférer à quelques médias et politiques .
De mieux en mieux les corridas… ces supplices « festifs » d’ herbivores innocents et non entrainés coutent décidemment très cher aux contribuables pourtant obligés de se serrer la ceinture, crise oblige.
Sans le savoir ni le vouloir, les contribuables enrichissent donc une infâme industrie de la souffrance et de la mort, pour le plaisir d’ une minorité de gens aussi malades dans leur tête que dans leur cœur.
Rognon sur le tas de tripes : la filière de la torture des taureaux est principalement espagnole et portugaise ( animaux et bourreaux). Tout cet argent prélevé aux citoyens français et destiné à de si sordides affaires, enrichit donc la péninsule ibérique .
Ils baissent de moitié leurs charges, n’arrivent cependant pas à faire de bénéfices, pire font des trous béants ?!!! et ce, sur des années ?
Dans d autres domaines y’aurait eu de la liquidation judiciaire dans l air…