Ainsi naquit le mot ordinateur

C’est un 16 avril, en 1955, que fut proposé pour la première fois le mot « ordinateur » pour désigner, hé bien, un ordinateur. A cette époque reculée où j’étais sur le point de fêter mon premier anniversaire (rien à voir, je sais), la filiale française d’une certaine compagnie IBM s’apprêtait à lancer une grande campagne de publicité (on disait « réclames ») pour parler de certains ses appareils nommés des computers destinés aux activités commerciales, en l’occurrence le modèle IBM 650 (dont le dernier a rendu l’âme en 2007, une longévité incroyable).

IBM 650

Or, la traduction littérale de « computer » était « calculateur » ou « calculatrice » et François Girard, le responsable du service publicité, pensait que cela risquait de créer une confusion avec les machines scientifiques dédiées à faire des calculs. Et là, les computers en question visaient à dominer le marché naissant du traitement de l’information au sens large.

Il décida donc de soumettre la question à Jacques Perret, son ancien professeur de lettres : imaginer un « nom français pour sa nouvelle machine électronique destinées au traitement de l’information ».

Par association d’idées avec l’ordonnateur – celui qui met les choses en ordre, que ce soit dans les comptes d’un établissement public ou dans l’église catholique – Jacques Perret proposa l’expression « ordinatrice électronique », furieusement moderne et volontairement au féminin pour bien distinguer l’ordinatrice (machine) de l’ordinateur (ecclésiaste).

IBM France ne rentra pas dans de telles subtilités. Il trancha pour « ordinateur » et tenta aussitôt de déposer ce terme en tant que marque. Cependant, l’adhésion du grand public à ce nom fut tellement rapide que finalement, IBM préféra le laisser dans le domaine public.

IBM PC

De façon assez amusante, il arriva quasiment la même histoire à IBM Corp (la maison-mère) lorsque les responsables marketing décidèrent en 1981 de nommer leur premier ordinateur de bureau le Personal Computer (ordinateur personnel, par opposition aux énormes systèmes informatiques qui occupaient des pièces voire des bâtiments entiers), avec leur célèbre modèle IBM PC. Très vite, le monde entier se mit à parler de « PC » pour n’importe quel appareil de ce genre, qu’il soit de marque IBM ou pas. Et le mot PC devint lui aussi une terminologie universelle (hors Apple) après avoir été fugitivement une marque.

Très belle journée à vous

2 Replies to “Ainsi naquit le mot ordinateur”

  1. Alberich

    Très vite, le monde entier se mit à parler de “PC” pour n’importe quel appareil de ce genre, qu’il soit de marque IBM ou pas. Et le mot PC devint lui aussi une terminologie universelle (hors Apple) après avoir été fugitivement une marque.

    Plus précisément, dans les années 80, on parlait de « compatible PC » pour tous les ordinateurs capables de faire fonctionner les mêmes logiciels que les IBM PC. C’était une idée géniale d’IBM de laisser leur standard ouvert : leurs PC étaient chers, trop chers pour le grand public, mais les compatibles étaient abordables, à la portée du budget d’un particulier de classe moyenne. A côté de cela, il y avait une foison d’autres marques non compatibles PC : Apple bien sûr (cher), mais aussi des Atari, Amiga, Thomson, Commodore, Sinclair, … (pas chers mais souvent trop légers au niveau bureautique, plutôt pour adolescents et adultes jeunes passionnés de programmation ou de jeux)

    Une dizaine d’années plus tard, l’expression « compatible PC » a disparu au profit de la version abrégée « PC », et presque toutes les autres marques d’ordinateurs personnels ont disparu du marché, sauf Apple. Du coup, il est resté deux possibilités : soit un PC (dont on peut choisir soi-même les composants et l’assembler), soit un Macintosh d’Apple.

  2. anti

    Très intéressante note ! Sympatique comme tout ! On en apprend des choses ici ! Dans les articles, comme dans les commentaires !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *