Nous sommes dimanche 12 mai 2013. Il est tard. Je suis en train de rentrer à pied d’un restaurant où je me suis emportée avec l’un des convives après un week-end éprouvant physiquement entre boulot toute la semaine, manif anti-corrida à Alès et salon du livre les samedi et dimanche. Demain, je dois aller capturer des chats pour continuer la campagne de stérilisation que j’ai entamée au début du printemps dans la garrigue. Là-bas, quelque part, une dame squatte un vieux maset depuis une trentaine d’années. Elle y vit avec une ribambelle de chats. Je l’appelle pour confirmer notre rendez-vous et là, c’est la douche froide. Elle m’apprend que le maset a brûlé le mardi précédent. Les chats adultes ont pu fuir, mais tous les petits ont péri dans l’incendie, tous sauf un qu’elle souhaite me montrer car il est mal en point. En fait, quand Jo est rentrée ce soir-là et qu’elle a vu sa maison en feu, elle a voulu aller sauver ses compagnons d’infortune et les pompiers l’en ont fort heureusement empêchée. L’un d’entre eux scrutant les alentours a alors découvert un chaton prostré contre un mur, à l’extérieur de la maison en feu. Probablement qu’un adulte a réussi à le sortir à temps, car il est âgé d’à peine 3 ou 4 semaines.
Le lendemain à l’aube je suis au point de rendez-vous. J’arrive à attraper un mâle adulte qui est malade et Jo me présente une petite boule de poil bien mal en point en effet. J’embarque tout le monde chez le véto.
Le Julio sera soigné et stérilisé, mais la petiote (car c’est une femelle) est en bien piteux état. Elle pèse à peine 300 gr, elle a un bon coryza, quelques traces de brûlures et l’un de ses yeux nous inquiète. Elle a besoin de soins plusieurs fois par jour et la dame ne pourra pas s’en occuper. Je craque et demande à la véto de faire tout ce qu’elle peut, qu’elle me donne le traitement qu’il faut, que je m’en occuperai. C’est ainsi qu’Abysse a fait son entrée chez nous le 13 mai 2013 ; Abysse étant devenue ensuite Abigaëlle, Aby, Aby Nénette, Aby Nénette d’amour…
Très souvent j’ai repensé à cet homme du feu qui l’a sauvée. Très vite j’ai eu envie de lui donner des nouvelles de cette petite boule de vie que j’ai soignée à raison de gouttes dans les yeux 6 à 10 fois par jour en alternant parfois des produits différents pendant des mois pour tenter de sauver son œil abîmé. Et puis, j’ai eu l’idée de faire un calendrier spécial Aby et d’aller le déposer à la caserne des pompiers avec une lettre explicative.
Le calendrier, je l’ai reçu la semaine dernière. Le voici en exclusivité mondiale 🙂
Je me suis rendue à la caserne des pompiers de Nîmes pour les remercier de vive voix et leur remette cet humble présent. Coup de chance, quand je suis arrivée, le chef de brigade et d’autres personnes prenaient le frais à l’extérieur. Je suis donc allée à leur rencontre, leur disant que je venais leur remettre un petit cadeau pour les remercier d’avoir sauvé un petit chat. Et là, surprise, l’un d’eux me regarde tout ému et me demande : « C’est celui d’hier ? »
– Ah non, c’est un sauvetage qui date de mai dernier. L’un de vous a sauvé un petit chaton d’un incendie et en tant que bénévole aux Chats Libres de Nîmes Agglo, je l’ai récupéré. Maintenant il, enfin elle, va bien et je voulais vous remercier de l’avoir sauvée.
– C’est très gentil ! Savez-vous qui est intervenu ?
– Non. Mais j’ai la date et le lieu. Je vous ai tout écrit dans un courrier à l’intérieur.
– Ah ! Très bien ! Je vais chercher qui c’était le gars, il va être content !
– Merci, mais si vous ne pouvez pas le retrouver, ce n’est pas grave, vous pouvez l’afficher dans votre salle de repos. Mais vous me parliez d’un sauvetage de chaton ayant eu lieu hier ?
– Oui ! Un chaton était tombé entre trois immeubles qui formaient un puits de 10 m de haut. Rien à faire pour le sortir. On a essayé plein de choses. À la fin, on a descendu un sac, style sac de sport. On a jeté plein de nourriture ! Tout ce qu’on a trouvé ! De la viande ! Du thon ! Il s’est jeté dessus et est entré dans le sac. On l’a remonté aussi vite qu’on a pu ! Dès qu’il sortait la tête du sac, je donnais un coup sec et hop ! il retournait dedans !
Émotion partagée autour d’une vie sauvée… Parenthèse de bonheur au cœur d’une journée pluvieuse. Rencontre éphémère et moment pourtant inoubliable…
Messieurs les pompiers de Nîmes, un immense merci à vous, pour tout !
Anti & Aby
Photos couverture, février, mars, juin, juillet et novembre Anna Galore, les autres sont de moi.
Voici un petit mot de Tatiana : « J’en ai eu les larmes aux yeux à la lecture.
On me dit souvent « tu peux pas sauver tout le monde ».
C’est certain et j’en ai conscience mais « si chaque personne en sauve une autre (ou animal) alors on peut faire beaucoup ».
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Eh oui ! A chacun de nous de faire sa part, comme le colibri 🙂
http://www.colibris-lemouvement.org/colibris/colibris-et-la-legende
Dotés d’un corps de pompiers à l’empathie exemplaire, les Nîmois peuvent dormir sur leurs 2 oreilles.
Bravo messieurs.
A Rennes aussi, les pompiers sont des gens bien.
Un soir de novembre 2008, à Rennes nous avons reçu un coup de fil désespéré pour le sauvetage d’un minou prénommé « Sushi ». Il avait eu la mauvaise idée de monter dans un arbre mais avait peur d’en redescendre. Cela faisait trois jours qu’il y « vivait » sous la pluie. Sa famille avait contacté les pompiers qui n’avaient voulu se déplacer. Aussitôt, nous nous étions rendus sur place, c’était à deux pas de chez nous, en plein centre du vieux Rennes dans une cour que nous connaissions puisque, déjà en 2005, nous avions sauvé deux jeunes chattes très familières des griffes de la fourrière avant qu’elle ne passe. Effectivement, le seul grand arbre de cette cour, un bouleau très haut, n’était pas facile d’accès. Ses premières branches étaient très élevées, Yves et le papa du chat essayèrent d’y grimper après fait le mur d’une construction adjacente et s’être retrouvés sur son toit plat, mais même de cet endroit, il leur fut impossible de grimper sur cet arbre. Durant ce temps, Sushi de ses miaous désespérés nous implorait de l’aider. Sa famille était parvenue à le nourrir à l’aide d’un panier mû par une corde lancée dans les branches. Ce soir là, nous avons essayé de le guider afin qu’il parvienne à en descendre seul. Il prenait bien les premières branches mais à un endroit il devait sauter sur une beaucoup plus basse. Dès qu’il arrivait à ce stade, malgré nos encouragements, il prenait peur puis regrimpait. Nous avons essayé plus d’une trentaine de fois en le guidant d’un faisceau laser mais nous avons dû nous rendre à l’évidence : Sushi n’allait pas redescendre seul. Bien dépités, nous quittions sa famille en lui promettant de contacter les pompiers dès le lendemain matin, une association aura peut-être plus de poids. Effectivement, les pompiers ont accepté notre demande et sont venus dans la matinée libérer le prisonnier à l’aide d’une très grande échelle, l’accès à la cour était impossible avec leur camion. Ils avaient aussi pris soin d’avoir avec eux un lasso au cas où le minou aurait eu peur d’eux mais, heureusement, ils n’en ont pas eu besoin. Sushi, trop heureux, s’est laissé prendre facilement et a retrouvé, bonne aise, le plancher des vaches.
Bien entendu, dès le jour même, nous leur avons fait un gentil courrier de remerciement.
Merci pour cette histoire Fanny !
Et un immense merci à Anti pour tout ce qu’elle a fait pour notre Abigaëlle durant des mois sans relâche. La petite princesse a désormais deux beaux yeux et elle est l’une des plus câlines de toute la bande.
L’idée du calendrier est adorable, la réalisation émouvante. Bravo !
Triste histoire mais je suis contente que pour ta petite Aby et toi tout se termine bien 🙂
J’écris un blog à propos de ma vie d’étrangère en Espagne, ca serait génial si tu pouvais passer y jeter un coup d’oeil et me donner ton avis. Merci d’avance et bonne continuation! 🙂
http://journeyofalonelybird.blogspot.com
Bonjour Sophie ! Eh bien ! Pfiou ! Quel boulot de dingue que ce blog en 3 langues ! Bravo ! J’irai y faire un tour de temps en temps.