Je ne connais pas son nom, il ne souhaitait pas le donner. Il était l’un des milliers de manifestants présents à Alès ce weekend. Il vient régulièrement sur le blog et, parce qu’il aime ce que j’écris pour la cause des taureaux, il a voulu me faire un cadeau. Un cadeau magnifique et unique, qu’il a créé de ses mains : une tête de taureau en métal, dont les cornes sont des fers de cheval. Il dégage une émotion indicible, une tristesse infinie. C’est un taureau qui pleure.
Pour me le faire parvenir, l’inconnu a abordé Jean-Luc. Lui, vous l’avez tous vu, il conduisait le camion-sono vert qui roulait en tête de cortège avec Jean-Pierre sur le toit. L’inconnu a demandé à Jean-Luc s’il me connaissait et si j’étais là. Jean-Luc le lui a confirmé. Pouvait-il lui indiquer où j’étais et comment me reconnaître ? Jean-Luc a répondu que je préférais rester anonyme parmi les manifestants. Alors, l’inconnu a confié à Jean-Luc le taureau qui pleure pour qu’il puisse me le remettre.
Le visage en larmes a mené les deux manifs du dimanche, posée contre le pare-brise, en figure de proue. Jean-Luc me l’a montré peu après le départ de celle du matin mais à ce moment-là, avec la sono à fond et les sirènes des mégaphones, je n’ai pas compris quand il m’a parlé que cet objet m’était destiné. Je l’ai pris en photo à travers la vitre, une photo plutôt loupée à cause des reflets mais que je vais vous montrer quand même parce que c’est celle de la première fois où je l’ai vu.
Hier, nous étions quelques-uns à nous retrouver dans Nîmes, dont Jean-Luc qui m’a dit qu’il avait quelque chose pour moi. Nous nous sommes rendus là où il avait garé son désormais célèbre camion. Il nous a raconté sa brève rencontre avec l’inconnu et m’a donné le taureau qui pleure.
C’était – c’est toujours – très émouvant. Recevoir ce présent magnifique et si fort, juste après l’agonie atroce de dix-huit taureaux à Alès et juste avant que l’horreur ne recommence dans les jours qui viennent à Nîmes, était particulièrement symbolique et poignant.
J’ai posé le taureau qui pleure sur mon bureau en attendant que nous lui trouvions sa place définitive. Il me regarde de ses yeux bleus qui disent toute la souffrance du monde et ses larmes se mêlent à celles que nous versons sur le sort de tous les taureaux torturés pour la jouissance perverse de quelques centaines de dépravés. Ses yeux me demandent, comme ils demandent au monde, qu’on en finisse avec cette barbarie.
Frère taureau supplicié, je te salue. Nous sommes l’armée qui se mobilise pour toi.
Et à cet inconnu qui va sûrement passer lire ces mots ce matin, je dis un immense merci.
C’est une œuvre très belle et poignante et l’histoire est très émouvante aussi.
Bientôt les taureaux ne pleureront plus ; c’est notre vœu le plus cher.
Il semble que les cornes soient des fers à cheval ainsi les deux animaux martyrs seraient réunis.
Ce regard fait mal… l’œuvre est à elle seule un monument de douleur.
Ce sont en effet des fers à cheval et, oui, le symbole est très fort et profondément émouvant.
C’est un geste très touchant et les larmes de ce taureau expriment si bien l’incompréhension et le mépris de certains hommes à son égard.
Nous, au début, la corrida, nous n’étions ni pour ni contre. Au fur et à mesure de nos lectures sur le blog, nous avons compris et nous sommes fiers de votre action aux uns et aux autres. Merci!
Et Bravo l’artiste 🙂
Un trés beau cadeau que voilà , a force de regarder son regard triste , ça me fend le coeur , mais je sais qu’un jour proche la corrida n’existera plus, grace à vous et toutes vos actions , merci pour pour ces pauvres animaux.
Quelle émotion ! Il reflète bien nos tristesses, même si nous savons tous que la fin est proche, on ne peut s’empêcher de penser à nos frères qui vont encore subir la folie des aficionados (et des biens pensants dixit LIO sur le M.L. d’hier) :
– le journaliste » Aimez-vous les corridas ?
– LIO : « j’ai beaucoup de mal avec la souffrance des animaux, mais je préfère voir les taureaux mourir dans l’arène que dans les abattoirs ». Quelle contradiction dans la même phrase -pourtant si courte- !
Pour l’instant, après l’euphorie des deux jours, nos coeurs sont à l’image du temps. Ce temps pourtant que l’on aimerait bien qu’il se prolonge jusqu’à lundi soir ! Un sursis pour ces beaux animaux !
Bravo pour ton texte Anna, mélancolique, émouvant comme ces yeux qui pleurent !
Effectivement, au sujet de Lio, difficile de dire quelque chose de plus crétin que ça… Comme si elle ne pouvait pas « préférer » ne pas les voir mourir du tout !
Voilà un cadeau à l’image de notre combat, dans sa représentation comme vous le soulignez plus haut et dans le geste anonyme et gratuit. Merci de partager tout cela avec nous.
Pour la pluie, oui, je ne l’ai jamais autant appréciée que pendant les ferias, et plus encore, pendant les corridas !
Impossible de ne pas avoir les yeux plantés dans ces yeux implorants et de ne pas se projeter dans l’horreur de la corrida
Félicitations en tous les cas à l’artiste
L’oeuvre est unique, originale et il s’en dégage une atmosphère troublante
Espérons qu’un jour la corrida ne sera plus que quelques lignes dans l’histoire de notre planète, comme tous les génocides…
Chaleureusement à vous tous
Rose
Ce taureau pleure aussi pr ces frères à Nîmes; j’ ai le programme très très sang:
mer 18h novillada…
Jeudi 18 h corrida…
Vendredi 18h corrida…
samedi 11h30 corrida… + 18h corrida…
dimanche 11h30 corrida… + 18h corrida…
lundi 11h30 corrida équestre… + 18h corrida…
+ encierro, abrivado et toutes leurs conneries habituelles
bises de sdn terriblement attristée
Oui, nous pensons tous à eux en ce moment…
Habiter Nîmes est une épreuve de plus en plus difficilement supportable…
Quelle belle œuvre !
Elle reflète profondément la tristesse et la souffrance des taureaux et renvoi à la bêtise des hommes.
Continuez le combat
Aurélie et Julien d’Ardèche
Bonjour les amis des taureaux,
J’aurai voulu écrire un petit poème pour le taureau qui pleure mais je viens juste de trouver cette vidéo du taureau qui pleure dans l’arène.
http://www.youtube.com/watch?v=xKbqyCnisho