J’ai reçu ce texte d’une personne très chère à mon et dont vous entendez souvent parler ici : Lazuli. Une femme excpetionnelle qui nous lit tous les jours et souhaite partager avec nous ce récit dont elle m’avait fait part un soir.
Pour illustrer ses propos d’artiste, j’ai choisi une œuvre de la sculptrice Heather Jansch qui faisait un travail remarquable.
« Je rentrais chez moi par la route de la forêt, une route difficile où beaucoup de gens se tuent en moto, quand il gèle, quand ils rêvent et où il vaut mieux ralentir et garder sa place sur la chaussée.
J’adore conduire et suis souvent « inspirée » en voyage, même court. Je pensais à un jeu d’écriture sur un forum littéraire. J’avais envie de participer à ce qu’ils nomment un « défi-plume », chacun écrit un court texte, genre polar, contenant quelques mots plus ou moins incongrus…
Bref, je réfléchissais à une histoire dans laquelle il serait difficile de retrouver l’assassin..
Voilà, ça sera l’histoire d’un (…) de chasseur qui va se faire achever par toute une compagnie d’animaux, il finira à la fois poignardé, étripé, empoisonn… voui un peu cruel, mais bon, l’auteur c’est pas vous, hein.. alors….
Je lève les yeux :
Au loin, un cheval sur le haut de la côte à droite,
et puis un attroupement,
et puis, sortie sans détour de la page la plus sombre du plus effroyable conte de fées, la sorcière tirée à quatre épingles avec sa jolie robe bleue, en amazone sur un grand cheval noir, pointe furieusement du doigt droit devant !…
Le temps d’un frisson glacé le long de mon échine et je sens ma gorge se nouer.
Un battement de cil et à trois mètres devant moi,
le grand cerf coupe la route.
Il court lourdement j’entends son souffle et le poids de ce galop qui s’éternise, je sens à la fois sa fatigue et l’incroyable intelligence qui préside à chacun de ses pas, au choix de son espace entre cet arbre et cet autre, au choix de cette mousse, de chaque pierre évitée de chaque feuille soufflée de chaque branche sacrifiée à sa fuite, à sa course, à sa voie.
Il est plus haut que la sorcière droite sur son cheval, plus gros que le plus gros taureau de concours…
je suis pétrifiée. Une seconde plus tard c’était l’accident, là c’est la synchronicité entre le réel devant et le réel « dedans ».
Alors je m’entends :
« O Mitakuyé Oyasin ! »
et je vous jure que même si vous ne savez prier parfois çà le fait en vous tout seul.
Vous voyez la vie qui gagne, la force qui s’insuffle dans chacune des cellules asphyxiées par l’effort, une lumière qui le cercle et le rend invisible, une brume le porte, n’importe quoi mais TOUT, pour se, le sauver. Cet Être sauvage de la Vraie forêt.
Et puis je passe devant les fourgons, les joueurs de cors, des chiens…
Je fais une crise de nerfs. Je suis hors de moi. Je leur crie au visage la honte que je crois voir dans leur barbarie déguisée en civilités, et puis je ne sais plus quoi encore…
Surprise. La leur, la mienne.
Ma « sortie » peu digne mais authentique, ne suscite aucun rejet, aucune insulte, je ressens même, encore aujourd’hui je n’en reviens pas, une compréhension muette, un soutien silencieux…
Alors je rentre chez moi, et me vide en pleurs.
Le soir, une amie m’appelle « ma biche » je sais c’est trop, mais c’est vrai.
Quelques temps plus tard, un ami me raconte qu’il a enfin trouvé du travail, par hasard, dans un haras. Lors de son entretien d’embauche, sa future employeure lui explique que lors d’une de ses dernières sorties (elle organise les chasses à courre cadeaux diplomatiques du massif de Fontainebleau), ils n’ont jamais vu un cerf si haut, plus haut qu’elle sur son cheval (dixit !) plus large qu’une bête de concours (ici j’en rajoute)… et qui les a fait courir pendant plus de six heures, a perdu tous les chiens et qu’ils n’ont pu achever puisqu’il s’est retiré dans le parc du Château, et que là, inatteignable… ils ont dû rentrer, et qu’il est donc encore vivant.
O Mitakuyé Oyasin ! *** O Mitakuyé Oyasin !
« à tous les êtres auxquels je suis relié » en langue Sioux Oglala.
anti
Saisissant. Cette histoire ne me surprend pas de Lazuli, qui est un être tout à fait remarquable, à l’empathie particulièrement développée. La voir regarder un coucher de soleil en se fondant littéralement avec la terre et le ciel est une expérience unique.
Un très grand bonheur de la connaître.
La sculpture est superbe.
Anna, O Mitakuyé Oyasin
Plus que surprenante l’histoire de Lazuli.
Fais lui toutes mes amitiés Anti.
je les reçois direct tes amitiés, Zaza..elles me font chaud au coeur.
Merci pour ces photos superbes, Anna ou Anti? je vais découvrir Heather Jansh râce à vous. La deuxième m’a carrément prise à la gorge, et je vois des mains tendues vers le ciel dans les bois du cerf préhistorique de la troisième.. Quel cadeau vous me faites, et quel accueil! toute ma tendresse à vous.
Pour les photos, ce sont les trois que j’ai choisies hier soir qui me semblaient être en harmonie totale et avec ton texte et avec toi et avec tous les êtres auxquels nous sommes reliés.
L’artiste sculpteur, façonnant la force animale et végétale. La dignité de l’animal, toute la force évoquée dans une tendresse infinie dans la nature au coeur de l’hiver pourtant moment de renaissance qui préside au printemps contenu en puissance dans les entrailles de la Terre et enfin, l’oeuvre du peintre, reprise de Lascaux 20000 ans plus tard (le lien en cliquant sur « photo »). La chaîne infinie de la vie qui a su traverser tous les âges. How long is now ?
Je t’aime fort toa 😉
anti
histoire fabuleuse qui permet une nouvelle fois de vérifier la force de l’intention lorsqu’elle est juste. Nous avons la capacité d’influencer la totalité des évènements par l’intention. Il suffit de le vouloir vraiment.
Les pensées sont des actions non encore matérialisées.
voieseprenantpournoé
J ai entendu cette « fabuleuse rencontre »… avec les gestes, les yeux écarquillés de Lazuli, la vigueur du récit, on y était et c était tout « simplement » dit de façon merveilleuse, comme ce fut vécu… ^^
» Nous avons la capacité d’influencer la totalité des évènements par l’intention. Il suffit de le vouloir vraiment. »
Voie
Trop fort toi ! 😉 on a terminé la nuit en parlant de cela ! regarder différemment et tout prendra une autre couleur, une autre direction 😉 et là… on pourra parler d Amour ^^
Quelle belle soirée ça a été ! Jusqu’au levé du jour…
anti, merveilleux souvenir partagé.
Rien d’aussi fort et pourtant, c’est à vous que j’ai pensé (vous au sens pluriel de vous qui écrivez ici)
A l’instant, dans le jardin, un chevreuil ! Déjà, voir un animal sauvage, je trouve cela magique. Comme s’il m’est donné de voir quelque chose de secret ! Mais là, dans mon jardin, en train de s’ébrouer sous la pluie… Je l’ai regardé… Puis je suis sortie avec ma grande pour m’assurer qu’il pouvait repartir… Et il est reparti par les prés dans les taillis !
Mon coeur tape dans ma poitrine, heureuse de ce moment un peu magique ! Et j’ai pensé à cette prière lue ici ce matin…
Catherine… C’est magnifique ! J’imagine ta surprise et ton émotion ! Quel beau moment ! O Mitakuyé Oyasin 😉
anti
Oui, de l’émotion à l’état pur !
O Mitakuyé Oyasin
et la vie de ce chevreuil s’est enrichie de votre regard!
O mitakuyé Oyasin!
Pensées vers toi, Lazuli (et des douces)
Idaime! ..
et je tente de répondre au fil « ouverture facile » depuis un moment déjà.. je demande donc l’aide de l’araignée, spécialiste des réseaux en tous genres.. et des fils.. solides!
Retrouvé ce texte fourni par Jean-Gabriel :
O mitakuye oyasin. Par cette expression, les indiens lakota annoncent leur entrée dans les huttes servant aux cérémonies Inipi. Dans son très beau livre ( The lakota sweat lodge cards), Archie Fire Lame Deer, écrit ces quelques lignes pour nous enseigner l’état d’esprit auquel cette phrase initie :
« Portes à tes lèvres le chant qui est au-dedans de toi, portes à tes mains ce qui du-dedans te touche, portes à tes pieds ce qui en toi se meut, portes en toi la vision venant du dedans… ».
Plus loin, il ajoute :
« mitakuye oyasin est une prière qui reconnaît l’unicité de tout ce qui existe et notre parenté avec tout ce qui vit sur deux pattes, quatre pattes, les poissons, les oiseaux, les insectes, le peuple des pierres, les arbres et les plantes. »
Durant une Quête de Vision, nous sommes invités à prendre en considération nos émotions, nos idées, nos pensées et nos besoins et d’inviter tout ce qui existe dans le grand cercle de la Vie. En montrant du respect pour toutes les formes d’existence, nous honorons en même temps notre individualité et notre unité.
Qui observe la croissance et le cycle de vie de chaque aspect de la Création, voit grandir sa capacité à donner et recevoir et à soutenir autrui. Contempler la vie et la mort de tout ce qui existe renforce la capacité à nourrir et à être nourri par les Cercles auxquels on appartient.
Archie termine ainsi :
« Je cherche et rencontre mes liens de fraternité avec la vie. Je les honore en vivant avec légèreté sur la Terre. »
anti
Magnifique…
C’est beau…
Il (elle) est revenu, avec son petit !
Trop bien Catherine !!!
« C’est fou comme ses mots semblent tellement évidents une fois lus. »
Ben oui, mais c’est fou aussi comme on peut ne pas s’en souvenir !!! Argghhh !!! A punaiser partout que j’me dis !
anti
wouah !!!!!! scotchée par ton récit Lazuli ! Quelle rencontre, magnifique ! et tout cet amour. Ce désir de vouloir changer les choses, sauver le meilleur… Et au final une belle fin. Des bisous Lazuli.
Merci pour les bisous, çà fait chaud au coeur.
Peut-être que les plus belles fins sont celles qu’on pressent être avant tout des semences d’à venir?
Une histoire qui vous prend en plein coeur !
Alors, j’adhère tout de suite : O Mitakuyé Oyasin!
Un texte fort !
Merci lazuli ; c’est un mot que j’aime beaucoup. (Mon poisson bleu s’appelle lazuli !)
Lazuli, en fait, c’était mon alias quand j’ai tenté de me prendre pour un homme ahahahah! fatal errorr ;-))
Ah ! ahahah!!!!
C’est vrai que « la » dans le nom l’emportait !!!! et t’inclinait irrémédiablement vers le féminin ! ;-))
Je viens de relire ce magnifique texte de Lazuli suite à la triste actualité de ce week-end où un cerf a encore été abattu dans le jardin de particuliers où il s’était réfugié… Dire que ce texte date d’il y a presque 10 ans… et que l’horrible chasse à courre se pratique encore sur notre territoire… A quand la fin de cette immonde pratique ?
Une manifestation est organisée le 28 octobre prochain en Picardie :
https://www.facebook.com/events/150354618886576/?acontext=%7B%22ref%22%3A%2222%22%2C%22feed_story_type%22%3A%2222%22%2C%22action_history%22%3A%22null%22%7D&pnref=story
« Tous les ans à cette époque, les veneurs (chasseurs à courre) organisent une messe pour faire bénir leur meute et célébrer leur loisir.
C’est l’occasion pour tous les opposants à cette pratique féodale et barbare de se rassembler, toujours plus nombreux : Amis des animaux, riverains excédés par les invasions en pleine ville, automobilistes craignant pour leur sécurité, progressistes de tous horizons… Retrouvons-nous pour défendre la Nature et la civilisation contre les pratiquants d’une tradition rétrograde.
Cette année, c’est notre jeune collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) qui organise l’évenement ! Nous sommes heureux et fiers de reprendre le flambeau du CICAV et de la CVN. Nous éviterons les insultes gratuites. Des animations ainsi qu’une collation sont prévues. Des masques d’animaux seront produits pour l’occasion et distribués.
RENDEZ-VOUS TOUS LE SAMEDI 28 OCTOBRE à 9 h.
Un tel degré de cruauté et de barbarie semble inimaginable, et un tel mépris des lois les plus élémentaires aussi. Et cela fait des décennies qu’une très large majorité de la population ne veut plus de ces horreurs honteuses, sans parler de tous ceux qui ne savent même pas que cela existe toujours, comme le rappelle ce triste événement…